"Le Cas Richard Jewell" : Clint Eastwood rend hommage au héros d'Atlanta en 1996 (vidéo)

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France-Soir
Publié le 19 février 2020 - 12:00
Mis à jour le 13 février 2020 - 01:27
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Film Le Cas Richard Jewell
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©Claire Folger/Warner Bros.
Richard Jewell (Paul Walter Hauser, à droite) est soutenu par son avocat (Sam Rockwell) et par sa mère (Kathy Bates).
©Claire Folger/Warner Bros.

SORTIE CINÉ – Pendant trois jours il fut un héros, avant d'être accusé et finalement innocenté. Dans son nouveau film Le Cas Richard Jewell (qui sort ce mercredi 19 février), Clint Eastwood rend hommage à celui qui sauva la vie de dizaines de personnes en découvrant la bombe des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996.

Le réalisateur américain, 89 ans et presque autant de films (dont 38 derrière la caméra), s'attache, ces dernières années, à saluer le courage de héros américains en racontant leur histoire vraie.

Dans American Sniper (2014), il dressait le portrait du tireur d'élite de la marine américaine Chris Kyle et montrait ses missions en Irak au début des années 2000. Dans Sully (2016), il racontait comment le pilote d'un Airbus avait sauvé la vie de ses passagers en effectuant un amerrissage d'urgence sur le fleuve Hudson à New York en 2009. Et dans Le 15h17 pour Paris (2018), il rendait hommage aux trois Américains qui avaient maîtrisé un terroriste à bord du train Thalys Amsterdam-Paris en 2015.

Lire les critiques:

> American Sniper: Clint Eastwood le franc-tireur revient (vidéo)

> Sully: Tom Hanks, un pilote dans l'avion (vidéo)

> Le 15h17 pour Paris: l'hommage de Clint Eastwood aux vrais héros du Thalys (vidéo)

Dans Le Cas Richard Jewell, il raconte l'histoire de cet homme de 33 ans qui, pendant un concert de musique dans le parc du Centenaire d'Atlanta dans la soirée du 26 juillet 1996, en pleins Jeux olympiques, a découvert sous un banc un sac à dos dans lequel se trouvait une bombe. Il a donné l'alerte et a permis l'évacuation du public, ce qui n'a causé que 2 morts et une centaine de blessés quand la bombe a explosé.

Agent de sécurité au parc du Centenaire, Richard Jewell avait auparavant été préposé aux fournitures dans une agence d'aide aux petites entreprises, puis exerça divers emplois de vigile, de gardien et d'adjoint du shérif, et avait l'âme d'un défenseur de la loi et de l'ordre. Dévoué, candide, il vivait chez sa mère et avait le profil du brave type. Il est devenu du jour au lendemain un héros national, passant à la télé, applaudi de ses voisins, sollicité pour écrire un livre.

Seulement trois jours de gloire

Mais cette gloire n'a duré que trois jours. Le FBI a commencé à avoir des soupçons sur lui, et l'un de ses agents a fait fuiter l'information auprès d'une journaliste ambitieuse du quotidien local The Atlanta Journal-Constitution, Kathy Scruggs. "Jewell a le profil du poseur de bombe: un blanc frustré qui rêve d'être flic et de devenir un héros", a expliqué celle-ci à son rédacteur en chef.

Un enfer de 88 jours

Dès lors, la machine était lancée. Les enquêteurs et la presse ont bouleversé la vie de Richard Jewell, défendu par un avocat modeste (Sam Rockwell) qu'il avait connu lors de son emploi comme préposé aux fournitures, et qui l'a incité à se battre, à résister, à ne pas flancher devant les méthodes et les interrogatoires du FBI pour le faire avouer un crime qu'il n'avait pas commis. Pour Richard Jewell, cet enfer a duré 88 jours avant que le FBI ne renonce à l'inculper ou à l'arrêter…

Ce n'est qu'en 2003 que le vrai poseur de bombe, Eric Rudolph, un terroriste d'extrême-droite chrétienne anti-avortement, homophobe et suprémaciste blanc, a été arrêté après d'autres attentats. Il a été condamné en 2005 à la prison à perpétuité après avoir plaidé coupable pour éviter la peine de mort.

"On entend souvent parler de gens puissants qui se font accuser de choses et d’autres, mais ils ont de l’argent, ils font appel à un bon avocat et échappent aux poursuites", explique Clint Eastwood. "L’histoire de Richard Jewell m’a intéressé parce que c’était quelqu’un de normal, un monsieur tout-le-monde. Il n’a jamais été poursuivi, mais il a été largement persécuté. Les gens se sont empressés de l’accuser; il n’a pas pu échapper à ces accusations et pendant longtemps il est resté trop naïf et idéaliste pour se rendre compte qu’il devait sauver sa peau".

Hommage posthume

L'hommage que lui rend le cinéaste est posthume puisque Richard Jewell est mort en 2007 à l'âge de 44 ans d'une défaillance cardiaque à la suite de complications de son diabète. Mais le public américain se souvient surtout de ces 88 jours où il a fait figure de suspect numéro un.

"C’est pour cela que je voulais faire ce film, pour réhabiliter l’honneur de Richard", ajoute Clint Eastwood. "C’est un homme comme les autres, qui aspirait à devenir policier avant tout pour contribuer au progrès de l’humanité. Le jour où il a commis un acte héroïque, il l’a payé au prix fort et a été jeté en pâture aux lions".

De discrets moments d'émotion

La réalisation est efficace, propre, sans esbroufe, avec un ton de sincérité et de discrets moments d'émotion (notamment dans les scènes avec la mère du héros). Le scénario prend bien sûr entièrement le parti de Richard Jewell et critique ses accusateurs, que son avocat qualifiait de "deux des forces les plus puissantes dans le monde: le gouvernement des États-Unis et les médias".

Le film est sorti à la mi-décembre aux États-Unis mais n'a pas eu le succès public des autres films de Clint Eastwood, et a provoqué la polémique dans certains journaux et sur les réseaux sociaux. On reproche notamment au réalisateur, dont on connaît les sympathies pour le Parti républicain, d'avoir été sans nuances sur l'enquête du FBI et d'avoir été très critique à l'égard de l'ensemble de la presse, à la manière aujourd'hui d'un Donald Trump.

Polémique à propos de la journaliste Kathy Scruggs

Surtout, le personnage de la journaliste Kathy Scruggs est décrit de manière peu flatteuse: elle est arriviste et sans scrupules, avoue elle-même "écrire comme un pied", et couche avec l'agent du FBI pour obtenir l'information au départ de l'affaire –une accusation qui a outré les responsables du quotidien mais contre laquelle la journaliste n'a pu se défendre puisqu'elle est décédée en 2001.

Dans le rôle de Richard Jewell, l'acteur Paul Walter Hauser, peu connu mais qui a joué notamment dans Philadelphia, Moi Tonya ou Blackkklansman, est très convaincant. Mais la vedette revient presque à son avocat, savoureux et héros du film lui aussi. Il est interprété par Sam Rockwell, très apprécié à Hollywood, qui obtint en 2018 l'Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation de policier raciste dans 3 Billboards: Les Panneaux de la vengeance, avant d'interpréter George W. Bush dans Vice, le biopic sur Dick Cheney.

Lire les critiques:

> 3 Billboards: le #BalanceTonFlic de Frances McDormand (vidéo)

> Vice: le brillant et roublard biopic sur Dick Cheney (vidéo)

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