"Les Traducteurs" : un thriller dans le monde de l'édition (vidéo)

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France-Soir
Publié le 28 janvier 2020 - 14:20
Mis à jour le 22 janvier 2020 - 22:30
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Lambert Wilson Film Les Traducteurs
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©Magali Bragard/Mars Films
Lambert Wilson est furax: un pirate informatique le fait chanter.
©Magali Bragard/Mars Films

SORTIE CINÉ – L'espionnage industriel ne concerne pas que l'aviation, l'automobile ou la téléphonie, il peut toucher aussi le monde de l'édition. Le film du réalisateur français Régis Roinsard Les Traducteurs, qui sort ce mercredi 29 janvier, est un thriller sur fond de publication d'un best-seller international.

L'éditeur français Eric Angstrom (Lambert Wilson) s'apprête à sortir le troisième tome de la trilogie Dedalus, dont les deux premiers ont été des best-sellers mondiaux. L'auteur est français mais anonyme, du genre Émile Ajar ou Elena Ferrante, et le secret est bien gardé (ce qui n'est pas sans rappeler le récent film Le Mystère Henri Pick, avec Fabrice Luchini).

Lire la critique:

> Le Mystère Henri Pick: l'enquête littéraire de Fabrice Luchini (vidéo)

Pour assurer à la fois le succès de ce troisième tome et en éviter le piratage, l'éditeur décide de le sortir simultanément partout dans le monde. Il engage neuf traducteurs, chargés de traduire le livre dans leurs neuf langues et qui acceptent de passer deux mois isolés du reste du monde, dans un bunker en sous-sol d'un luxueux manoir en pleine campagne.

Les quatre femmes et cinq hommes (une Russe, une Brésilienne, une Allemande, une Danoise, un Anglais, un Chinois, un Grec, un Italien, un Espagnol), cornaqués par la secrétaire de l'éditeur (Sara Giraudeau) et surveillés par deux vigiles russes, se mettent au travail. Sans accès à la lumière du jour et bien sûr sans téléphone portable ni Internet, ils profitent de tout le confort moderne dans leur prison dorée: piscine, repas gastronomiques, salle de gym, bibliothèque, salle de cinéma, bowling, sapin de Noël.

D'où vient la fuite?

Mais lorsque l'éditeur reçoit sur son portable le message d'un pirate informatique lui annonçant que les 10 premières pages du roman viennent d'être publiées sur Internet et menaçant de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, tout le monde –l'éditeur comme les traducteurs– se pose la question: d’où vient la fuite?...

C'est le deuxième long-métrage du réalisateur Régis Roinsard après Populaire en 2012, histoire, dans les années 50, d'une secrétaire (Deborah François) que son patron (Romain Duris) poussait à devenir championne de vitesse de dactylographie.

L'idée de ce nouveau film lui est venue en lisant des articles à propos de la parution, en 2013, du livre Inferno de Dan Brown (l'auteur de Da Vinci Code en 2003): "Douze traducteurs internationaux avaient été enfermés dans un bunker en Italie pour traduire son dernier roman. Ce qui m'a interpellé et fasciné, c'est qu'un produit culturel nécessite qu'on le protège comme s'il s'agissait de pierres précieuses", raconte-t-il.

Merchandisation de la littérature

Il s'est beaucoup documenté sur le milieu des traducteurs, pour ce film qui fait réfléchir sur la merchandisation de la littérature, où un livre est vendu comme un tube de dentifrice. On pense bien sûr aux best-sellers en plusieurs tomes de ces dernières années comme Da Vinci Code et ses suites, les Harry Potter, les Millénium ou les 50 Nuances de Grey.

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Mais le film ne fait qu'évoquer ce phénomène en toile de fond. C'est surtout un thriller à suspense, au scénario ingénieux et riche de rebondissements –les producteurs ont explicitement demandé aux journalistes de ne pas révéler la fin de l'histoire.

On commence à en savoir un peu plus au bout d'une heure, la voix off du début se fait moins présente au fur et à mesure que l'histoire avance, mais le spectateur n'est effectivement pas au bout de ses surprises: énigme, arnaque, vengeance, avec une grande partie du film qui se déroule dans ce huis clos souterrain mais aussi des scènes d'action à l'extérieur, en fin de film.

Lambert Wilson, éditeur cupide et inquiétant

Si les différents acteurs chargés de donner différentes personnalités aux neuf traducteurs sont plus ou moins crédibles, Lambert Wilson est assez convaincant en éditeur cupide et inquiétant.

Hélas ce film original à l'habile scénario est gâché par l'invraisemblance, voire le ridicule du huis clos et de la plupart des scènes à l'intérieur du bunker. On se croirait dans la parodie d'un mauvais James Bond, avec chacun des traducteurs ayant un petit drapeau de son pays sur sa table de travail, avec des vigiles russes (ukrainiens?) armés dont on se demande ce qu'ils font là, avec des menaces et des crises de colère de l'éditeur, avec une fouille des chambres et une fouille des traducteurs alignés en sous-vêtements dans le bureau de l'éditeur, des violences physiques, des coups de feu, des tentatives de suicide, des altercations entre les traducteurs et nombre d'autres scènes toutes aussi peu crédibles les unes que les autres. Dommage, on ne demandait qu'à y croire…

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