"L'origine de la violence" : au nom du père (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 22 mai 2016 - 21:12
Mis à jour le 25 mai 2016 - 11:29
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Richard Berry Film L'Origine de la Violence
Crédits
©L'Origine Productions/Paradis Films
Richard Berry et Stanley Weber, père et fils que sépare un lourd secret.
©L'Origine Productions/Paradis Films
Un secret de famille qui remonte au temps des camps de concentration de la dernière guerre: mélange de suspense et d'émotion, le nouvel film d'Elie Chouraqui, "L'origine de la violence", qui sort ce mercredi, est tiré d'une histoire vraie.

Après sept ans d'absence, Elie Chouraqui fait son retour au cinéma avec L'origine de la violence (ce mercredi 25 sur les écrans), un film où se mêlent secrets de famille et évocation de la Shoah, dans une poignante histoire d'amour paternel.

Professeur de français et écrivain, Nathan Fabre (Stanley Weber) prépare une thèse sur les résistants allemands au nazisme. Un jour, ses recherches l'amènent à visiter le camp de Buchenwald et son musée, où une photo attire son attention: on y voit un médecin nazi du camp et, en arrière-plan à une dizaine de mètres, derrière les barbelés, un déporté dont la ressemblance avec son propre père (Richard Berry) le stupéfait.

De retour à Paris, Nathan déjeune avec son père dans leur restaurant habituel, comme tous les mercredis, et lui parle de cette photo. "C'est fou les ressemblances, hein?", lui répond son père, pas plus intéressé que cela, et qui passe à autre chose.

L'indifférence, voire l'agacement de son père n'empêchent pas Nathan de vouloir en savoir plus. Au téléphone, sur Internet, puis sur place, il va mener son enquête sur ce mystérieux détenu du camp de concentration. Et découvrir des secrets de famille jusqu'ici bien enfouis. Et comprendre aussi "l'origine de la violence", cette rage et ce besoin physique de se battre qui sont en lui depuis l'enfance…

Le film est tiré d'un roman à succès de Fabrice Humbert paru en 2009 (Ed. du Passage), lui-même largement autobiographique et donc tiré de faits réels. Une histoire familiale à rebondissements sur fond d'évocation de la Shoah. "Ce n'est pas un film sur la Shoah, c'est un film sur un secret de famille", explique Elie Chouraqui, à l'usage de ceux qui craindraient un film de plus sur les camps de concentration et l'Allemagne nazie.

Le cœur de l'histoire est effectivement situé à cette époque sombre, et le réalisateur a tourné certaines scènes à Buchenwald même. Mais il met l'accent sur les personnages de cette famille, aujourd'hui et 70 ans en arrière, avec des thèmes universels qui ne sont pas forcément liés à la Shoah: l'amour qui peut exister entre un père et un fils, le besoin de connaître ses racines, la foi en l'amour, en la réconciliation et en l'avenir. "L'origine de la violence traite tous les thèmes que j'ai abordés jusqu'ici: la famille à travers Qu'est-ce qui fait courir David? et Les marmottes, la guerre et la souffrance à travers Harrison's Flowers et Ô Jérusalem; c'est vraiment la somme de tous les films que j'ai tournés qui m'a permis d'arriver jusqu'à celui-ci", explique Elie Chouraqui, 65 ans, fils d'immigrés juifs algériens, dont c'est le 11e film depuis 1978 (son dernier, Celle que j'aime, remonte à 2009), et qui a, lui aussi, eu à souffrir d'un secret de famille jusqu'à l'âge de 17 ans.

L'origine de la violence participe, comme beaucoup d'autres films, au devoir de mémoire, qui reste d'actualité. "C'était l'une des atrocités de l'époque: cette facilité à devenir des monstres qui nous était donnée par les fascistes", raconte en fin de film un personnage-clé, à propos d'une dénonciation. Mais le film, outre un passionnant suspense et une émouvante illustration de l'amour filial et paternel, se veut optimiste, ouvert sur l'avenir, à l'image de l'histoire d'amour que vit Nathan, ou même de la solidarité et des moments de rire des déportés dans les camps: "L'homme a cette faculté, dans les moments les plus ahurissants de son histoire et dans la souffrance la plus terrible, de vivre, de faire l'amour, de rire", expliquait récemment Elie Chouraqui sur France-3. "Il ne faudra jamais oublier. Mais il faut vivre", dit un autre personnage du film.

Richard Berry et Michel Bouquet, superbes d'humanité, de discrétion et de retenue, jouent le père et le grand-père de Nathan, interprété par Stanley Weber, le fils de Jacques Weber. Et puisqu'il s'agit d'une histoire de pères et de fils, Eli Chouraqui a eu la bonne idée de donner à son fils César, pour ses débuts d'acteur, le rôle du déporté qu'on voit sur la photo, et dont on connaîtra bientôt l'identité. Stanley Weber et César Chouraki, deux fils dignes de leurs pères. Et, oui, ils leur ressemblent.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film -ou choisir de ne pas la voir, car elle dévoile l'un des mystères du film et gâche un peu le suspense):

 

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