"Nuits magiques" : le cinéma italien se regarde le nombril (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 12 août 2019 - 10:24
Mis à jour le 13 août 2019 - 21:11
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Film Nuits Magiques
Crédits
©Bac Films
Rivaux mais amis, les trois apprentis scénaristes Antonino, Eugenia et Luciano (de gauche à droite: Mauro Lamantia, Irene Vetere et Giovanni Toscano) découvrent les milieux du cinéma italien en 1990
©Bac Films

CRITIQUE – Dans le film "Nuits magiques", qui sort ce mercredi, trois jeunes apprentis scénaristes découvrent les milieux du cinéma italien du début des années 90, et sont confrontés à la mort –accidentelle ou criminelle?– d'un producteur de renom.  

SORTIE CINÉ – Un hommage au cinéma italien de la fin du siècle dernier sous forme d'enquête sur la mort d'un producteur: le scénario du film Nuits magiques, qui sort ce mercredi 14 août, se veut un mélange de nostalgie et de suspense.

On en à Rome, pendant l'été 1990. Un producteur de cinéma renommé est retrouvé mort dans sa voiture, tombée dans le Tibre. Dans sa poche, les enquêteurs trouvent un Polaroïd sur lequel on le voit avec deux jeunes hommes et deux jeunes femmes. L'une des jeunes femmes, vite retrouvée, est une starlette, petite amie du défunt, qui explique aux policiers que la photo a été prise quelques heures avant le drame.

Les trois autres personnes présentes sur la photo sont également arrêtées et conduites au commissariat pour interrogatoire. Il s'agit de trois jeunes aspirants scénaristes, qui s'étaient connus un mois auparavant à l'occasion de la finale d'un concours d'écriture pour le cinéma. Il y a Antonino, un intellectuel sicilien pauvre et cultivé, rigoureux, plutôt solitaire; Luciano, un Toscan un peu bohème mais talentueux, orphelin, un peu obsédé sexuel, vulgaire et extraverti; et Eugenia, timide et complexée, bourrée de médicaments, négligée par sa famille bourgeoise romaine.

Les trois jeunes gens vont raconter aux policiers ce qu'il s'est passé depuis un mois: comment ils se sont rencontrés, comment ils ont découvert les milieux du cinéma, comment ils ont fait la connaissance du producteur…

C'est le 14e film, depuis 1994, du réalisateur italien Paolo Virzi qui, malgré ses 7 David di Donatello (les équivalents italiens des César), est peu connu en France. Son précédent film en 2017, L'Échappée belle, avec Helen Mirren et Donald Sutherland, était émouvant mais sombre et triste: la dernière virée en camping-car, aux États-Unis, d'un couple de septuagénaires atteints l'un de la maladie d'Alzheimer et l'autre d'un cancer.

Lire la critique – L'Échappée belle: dernière fugue pour Donald Sutherland et Helen Mirren

Il est né en 1964 et était donc un gamin lors de l'âge d'or du cinéma italien des années 60-70. Mais il voulait rendre hommage, comme "un acte d’amour et de gratitude", au cinéma italien des années 90, celui dans lequel il a fait ses débuts. "Ses protagonistes étaient puissants –une sorte d’ancien régime inexpugnable– dans les années de ma formation et dans l’été raconté dans le film", dit-il, voyant dans son film "un dernier salut, une façon de solder pour toujours une dette aussi précieuse qu’encombrante".

Mais cet hommage est acide, désabusé, les trois apprentis scénaristes idéalistes découvrant un monde corrompu, machiste, où règnent l'entre-soi et les combines, au fil de leurs virées nocturnes dans Rome et de leurs rencontres lors des  fêtes dans les villas avec piscine, les usines à nègres pour les scénarios, les plateaux de tournage, les restaurants où dînent les huiles du septième art italien (scénaristes, réalisateurs, agents, producteurs, avocats, critiques), les bureaux de producteurs, les domiciles d'artistes, les studios, les dîners, les boîtes de nuit.

C'est le cinéma italien qui se regarde le nombril dans le miroir de son passé. Dans un film un peu longuet (plus de deux heures), un peu bavard, un peu indigeste, pas toujours très bien joué par les trois jeunes acteurs principaux, mais qui installe une ambiance, une atmosphère, un air d'époque enfuie qui ne laissera pas insensibles les cinéphiles un peu âgés.

Et puisqu'il est question de gloires passées du cinéma italien, on revoit avec plaisir l'acteur Giancarlo Giannini, dans le rôle du producteur ruiné et manipulateur, avec une bimbo blonde à forte poitrine sur les genoux (à voir ici), et la légendaire et sexy Ornella Muti, dans son propre rôle, qui accepte de réaliser le fantasme du jeune Luciano quand celui-ci lui demande, comme une faveur, de relever sa jupe pour voir si elle porte ou non une culotte (la photo est à voir ici).

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