"Tout simplement noir" : Black Lives Matter franco-loufoque (vidéo)

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FranceSoir
Publié le 07 juillet 2020 - 16:52
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Film Tout Simplement Noir
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©Gaumont
Jean-Pascal Zadi (à droite) est conseillé par l'humoriste Fary, qui joue son propre rôle dans le film.
©Gaumont

SORTIE CINÉ – L'acteur et réalisateur Jean-Pascal Zadi apporte sa pierre au débat actuel sur le racisme dans la société française en interprétant et réalisant son premier long-métrage Tout simplement noir, qui sort dans les salles ce mercredi 8 juillet. Mais il le fait en maniant l'humour et le second degré dans un faux documentaire loufoque où de nombreuses personnalités apparaissent dans leur propre rôle.

Jean-Pascal Zadi interprète un personnage qui lui ressemble dans la vie: JP, 38 ans, ancien rappeur, acteur raté, humoriste connu sur les réseaux sociaux, marié et père d'un jeune enfant. Militant, il déplore la place des Noirs dans les films français et les rôles stéréotypés qu'on leur attribue souvent: dealers, violeurs, islamistes...

Manifestation le 27 avril

Il décide donc d'appeler tous ses frères de couleur à manifester contre le racisme place de la République à Paris le 27 avril, en commémoration de la fin officielle de l'esclavage en France le 27 avril 1848. Il dépose sa demande de manifestation et se rend devant l'Hôtel de ville en exigeant d'être reçu par la maire de Paris. Il se fait embarquer par des policiers, scène filmée par des passants.

La vidéo passe peu après dans l'émission de Cyril Hanouna, dont l'un des invités est l'humoriste Fary. Celui-ci décide alors d'aider JP et l'emmène avec lui dans une tournée de rencontres avec des personnalités de la communauté noire, qui vont constituer une série de déceptions…

Jean-Pascal Zadi, né à Bondy de parents ivoiriens et qui a grandi à Caen, a d'abord été rappeur avant de faire l'acteur, d'apparaître dans des émissions de télé et de tourner quelques courts-métrages et documentaires. Tout simplement noir est son premier long-métrage de cinéma, coréalisé avec son ami (blanc) John Wax, qui débute lui aussi dans la réalisation après avoir exercé divers métiers dans les milieux du cinéma.

Le titre du film, qui fait référence à un groupe de hip-hop parisien des années 90,  "est aussi une manière de rappeler que dans le langage courant, les gens n’osent plus employer le mot «noir». Ils trouvent plus chic de dire «black»", explique Jean-Pascal Zadi. "Pour nous, il n’y aucune honte à dire «noir» : c’est juste une couleur. (…) Aujourd’hui, dire «black» c’est soi-disant se montrer plus cool. Comme lorsque vous dites «beur» au lieu de «arabe»".

Vrai-faux documentaire sarcastique et désopilant

Sur le ton sarcastique et désopilant, le film prend la forme d'un vrai-faux documentaire, dans lequel JP est présenté comme un loser qui se heurte à la mauvaise foi et au manque de courage de nombreuses personnalités: outre Fary et Hanouna, on voit défiler JoeyStarr, Ramzy Bedia et sa sœur Melha Bedia, Jonathan Cohen, Éric Judor, Lucien Jean-Baptiste, Vikash Dhorasoo, Claudia Tagbo, Lilian Thuram, Mathieu Kassovitz, Soprano, Fabrice Eboué, Ahmed Sylla, Augustin Trapenard…

Tous ces invités "n’ont pas seulement joué des scènes politiquement incorrectes, ils ont aussi joué avec leur image le jugement qu’on peut avoir sur eux. C’est une preuve de grande intelligence et je rends hommage à leur capacité d’autodérision", explique Jean-Pascal Zadi.

Scène hilarante avec Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste

Il y a une scène hilarante de dispute à la sortie d'un restaurant entre Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste, Mathieu Kassovitz qui joue un réalisateur à la recherche d'un "Africain d'Afrique" et mesure la largeur des narines de JP, une altercation générale avec Ramzy Bédia et Jonathan Cohen à propos de la participation des juifs et des arabes, un rendez-vous secret et piégé chez Dieudonné, etc.

Même s'il n'échappe pas à la structure du film à sketches, Tout simplement noir a un fil conducteur, fait d'humour et de second degré (avec un générique de fin très rigolo), mais avec quelques séquences au premier degré (une scène de violences policières) et un message global de lutte contre le racisme. "C’est l’universel qui m’intéresse. La couleur de peau n’est pas le sujet principal: le personnage aurait pu être chinois, juif ou rouquin, sa trajectoire aurait été la même", dit Jean-Pascal Zadi.

Critique par l'absurde du communautarisme

Il se défend aussi d'avoir fait un film communautariste: "le film est une critique par l'absurde du communautarisme, on essaie de montrer que parler de communautarisme n’a pas de sens. (…) Est-ce que l’on parle de communautarisme lorsqu’il n’y a que des Blancs dans un film français? La question est aussi absurde concernant un film où la grande majorité des acteurs sont noirs".

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