"Une part d'ombre" : l'empire du doute (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 20 mai 2019 - 11:47
Mis à jour le 22 mai 2019 - 12:28
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Fabrizio Rongione dans le film Une Part d'Ombre
Crédits
©Destiny Films
L'acteur italo-belge Fabrizio Rongione, habitué des films des frères Dardenne, tient ici le rôle principal.
©Destiny Films

CRITIQUE – Un homme ordinaire accusé de meurtre voit son cas aggravé par des mystères sur sa vie privée qui n'ont pourtant rien à voir: c'est la trame du film policier "Une part d'ombre", du réalisateur belge Samuel Tilman, sur les écrans ce mercredi.

SORTIE CINÉ – Chacun a son jardin secret (plus ou moins caché), ses mystères et ses mensonges (plus ou moins gros), sa part d'ombre (plus ou moins sombre). C'est le cas du personnage principal du film Une part d'ombre, thriller psychologique qui sort ce mercredi 22 mai.

David (Fabrizio Rongione) est un homme ordinaire, apparemment sans histoires, qui a tout pour être heureux: une femme (Natacha Régnier) qu'il aime et qui l'aime, deux jeunes enfants adorables, une bande de copains fidèles, un métier d'éducateur scolaire qui le passionne. Mais cette existence paisible va être secouée par un week-end passé dans un chalet de montagne dans les Vosges avec famille et amis.

Alors qu'il faisait un dernier footing dans les bois, une bijoutière a été assassinée dans sa voiture, non loin de là. Un SDF a été aperçu près d'un arrêt de bus. Mais David a aussi croisé la route de la bijoutière, qui lui a demandé sa route en baissant la vitre de sa voiture.

La police commence à enquêter en profondeur sur David, bientôt considéré comme suspect. L'enquête va révéler qu'il cache quelques mensonges dans sa vie privée. Est-ce la même chose pour le meurtre? Est-il coupable ou innocent? Peu à peu le soupçon gagne ses collègues, ses amis, son avocat, sa femme…

"Ce que je voulais faire avant tout, c’est un suspense psychologique autour de la  question du soupçon et du doute: comment réagirait un groupe d’amis à la mise en examen pour meurtre de l’un des leurs? Avec cette question simple, c’est toute la question de l’image qu’on a de l’autre et de l’ostracisme qui a nourri mon écriture", explique Samuel Tilman, 44 ans, le réalisateur belge du film, dont c'est le premier long métrage après plusieurs documentaires et courts métrages depuis 2004.

Le suspense est ainsi installé par une atmosphère de plus en plus pesante entre les personnages, et subsiste au fil des révélations sur la partie de sa vie privée que David a cachée à sa femme et à ses amis. "Ce n’est ni un polar qui raconte comment un «coupable» manipule son entourage, ni un drame qui montre comment un «innocent» est jugé à tort", poursuit le réalisateur. "Ce sont généralement ces deux voies-là qu’emprunte le cinéma. J’ai voulu proposer une voie alternative: pendant tout le film, chaque geste de David, le protagoniste principal, peut être interprété à «charge» ou à «décharge»".

Dans ce rôle de personnage sympathique dont on s'aperçoit qu'il n'est pas aussi irréprochable qu'on le croyait, l'acteur belge d'origine italienne Fabrizio Rongione est remarquable et porte le film sur ses épaules. Avec son petit air de Daniel Auteuil (et le même ton de voix), c'est l'un des acteurs fétiches des frères Dardenne, avec qui il a tourné 5 films dont Deux jours, une nuit (2014) et La Fille inconnue (2016).

Lire la critique – La Fille inconnue: la culpabilité et le remords selon les frères Dardenne

Couple, famille, amis, engagement professionnel: tout est remis en question pour David quand on découvre sa part d'ombre. Le spectateur est placé dans la même position que les personnages du film: jusqu'à la fin, on ne sait pas s'il dit ou non la vérité sur le meurtre.

Car qui a menti une fois peut mentir plusieurs fois, et au-delà du suspense policier bien mené et de l'évolution de l'enquête, cela interroge le spectateur sur sa propre vie. "La part d’ombre de David pourrait être celle de chacun. N’avons-nous pas tous en nous des zones plus sombres? Cette idée que chacun de nous possède plusieurs facettes est au coeur de mon film", conclut le réalisateur.

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