L'écrivain Hongrois Imre Kertész, prix Nobel de littérature, est mort

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 31 mars 2016 - 13:55
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Imre Kertész
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A la manière d'un Kafka ou d'un Camus, Imre Kertész prenait toujours de la distance.
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L'écrivain hongrois Imre Kertész, survivant d'Auschwitz, est mort ce jeudi à Budapest à l'âge de 86 ans. En 2002, il avait remporté le prix Nobel de littérature "pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire".

L'écrivain hongrois Imre Kertész, lauréat du prix Nobel de littérature en 2002, est mort ce jeudi à l'âge de 86 ans à Budapest des suites d'une longue maladie.

Né le 9 novembre 1929 à Budapest dans une famille juive modeste, Imre Kertész est déporté à Auschwitz en 1944 à l'âge de 15 ans avant d'être transféré à Buchenwald. Libéré en 1945, il revient à Budapest seul, toute sa famille ayant été exterminée. Il commence alors à travailler en tant que journaliste jusqu'à ce que son journal ne devienne l'organe officiel du Parti communiste en 1951. Après un court passage dans une usine puis au ministère de presse du ministère de l'Industrie, il décide de se consacrer à l'écriture et à la traduction.

A l'âge de 25 ans, il a une révélation en découvrant L'Etranger d'Albert Camus: il sera écrivain. A partir de la fin des années 50 et tout au long des années 60, il écrit des comédies musicales pour gagner sa vie. En parallèle, il traduit de nombreux auteurs de langue allemande. Au cours des années 60, il commence à écrire Etre sans destin, premier tome d'une trilogie racontant des mois de déportation et l'entreprise de déshumanisation menée par le régime nazi. Mais à la manière d'un Camus ou d'un Kafka, jamais il ne tombe dans le pathos: il préfère l'absurde et "la distance", comme il se plait tant à le dire.

Toutefois, en dépit de l'originalité de son oeuvre, Imre Kertész peine à percer, tenu à l'écart par le régime communiste. Il faudra attendre la Chute du mur du Berlin et la réédition d'Etre sans destin à la fin des années 80 pour conquérir un public plus large. En 1995, il signe Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas. Il évoque ici le refus de donner la vie dans un monde d'une telle violence. Trois ans plus tard, dans Un autre, chronique d'une métamorphose, il écrit le journal intime d'un homme refusant de vivre sa liberté là où il a été captif.

En 2002, c'est la consécration ultime: il obtient le prix Nobel de littérature "pour une œuvre qui dresse l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire".  Il devient alors le premier auteur de langue magyare à recevoir cette distinction. "L’oeuvre de Kertész",  fait valoir le jury du Nobel, "examine si la possibilité de vie et de pensée individuelle existe encore à une époque où les hommes se sont subordonnés presque totalement au pouvoir politique".

L'année suivante, il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin et reçoit en 2004 la croix de grand officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne. Il y a un an, il signe son dernier ouvrage, prophétiquement intitulé L'Ultime Auberge dans lequel il évoque les drames de la vieillesse, le cancer de son épouse et sa maladie de Parkison, qui aura fini par le rattraper. 

 

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