Un livre tente de lever le voile sur l'Opus Dei

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 octobre 2016 - 16:51
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Des membres de l'Opus dei lors d'une célébration religieuse.
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©Jacinta Iluch Valero/Flickr
L'Opus Dei compte environ un millier de membres en France.
©Jacinta Iluch Valero/Flickr
Un ouvrage sur l'Opus Dei propose de décrypter la réalité de cette organisation qui paraît bien mystérieuse auprès des non-initiés.

Opération vérité ou séduction? Le responsable de l'Opus Dei en France livre ses "confidences" sur cette oeuvre catholique à l'aura nimbée de mystère, dont les fidèles louent la qualité du "coaching" spirituel quand d'anciens membres l'accusent de dérives.

C'est la première fois que Mgr Antoine de Rochebrune, vicaire pour la France de "l'Oeuvre de Dieu" depuis 1999, s'exprime dans un ouvrage (Opus Dei, confidences inédites, avec Philippe Legrand), à paraître jeudi au Cherche-Midi.

"J'ai pu constater que ce qui était véhiculé autour de l'Opus Dei pouvait être de l'ordre du mythe", explique à l'AFP le vicaire, ancien ingénieur de 52 ans.

Fondée en 1928 en Espagne par Josémaria Escriva de Balaguer, implantée dès 1947 en France, l'Oeuvre serait-elle une "Eglise dans l'Eglise?" Non, elle "travaille main dans la main avec les diocèses", fait valoir le père de Rochebrune. Un mouvement "conservateur"? "Je suis obligé de l'accepter..." Va pour conservateur, mais pas intégriste.

Quant aux moyens de l'Oeuvre, ils sont fantasmés selon le vicaire, qui évoque 600.000 euros de budget en France:"Nous gérons des aumôneries", mais "ni fortunes ni biens immobiliers". Ce qui n'empêche pas de dispenser un apostolat dans quelques dizaines de centres, résidences étudiantes, clubs de jeunes, écoles...

Le modeste millier de membres en France -dont 28 prêtres- , auxquels s'ajoutent près de 800 "coopérateurs" associés sans en être, ne dessine pas une sociologie très diversifiée. L'implantation est faible dans les quartiers populaires, au "grand regret" du vicaire.

L'Oeuvre est mieux représentée dans la bourgeoisie de l'Ouest parisien. Comme à Versailles, où des "surnuméraires" masculins -mariés, pères- se retrouvent pour un "cercle" chaque semaine. Ils sont chef d'entreprise, conseiller financier, officier de marine... Tous en quête de "sanctification par le travail" et dans leur quotidien.

Lecture et commentaire de l'Evangile, "causeries" du formateur, un "numéraire" (célibataire)... Sauf pour les prières, les surnuméraires gardent le silence, tapotant discrètement sur leur smartphone.

"On prend des notes sinon on n'en garde qu'une idée vague, or le but c'est d'y réfléchir", explique à l'AFP Amaury, jeune informaticien décontracté.

Le "plan de vie" est exigeant, avec prière, messe et examen de conscience quotidiens, confession et cercle hebdomadaires, rencontre avec un accompagnateur spirituel tous les quinze jours, récollection (retraite courte) mensuelle... "Au début on se dit +c'est du délire, j'y arriverai jamais+, après on le voit comme un objectif. On s'épanouit en cheminant", assure Amaury. La séparation femmes/hommes ne lui déplait pas: "Ça simplifie les relations humaines".

"Ce qui ressemble le plus, c'est le coaching", résume Jean, élégant quadragénaire. "Un sportif qui veut progresser, mais n'a pas de coach, risque de se traîner. J'avais besoin d'un cadre." Et la pénitence? "Le principe, c'est d'imiter le Christ. Mais la douleur n'est pas comprise. Une mortification, cela peut être d'aller manger à la cantine avec un collègue pénible."

Frédéric a "sifflé", c'est-à-dire écrit sa lettre d'engagement, dès 1982. "Je suis rentré en ayant peur de ce que j'avais entendu avant. Alors que j'ai vécu ici la charité, un esprit de famille magnifique."

Numéraire de 1991 à 2005, aujourd'hui président de l'Avref, association d'aide aux victimes de mouvements religieux, Aymeri Suarez-Pazos n'est pas de cet avis. "A mon époque, il fallait tout donner à l'Oeuvre, on ne laissait rien sur son compte", affirme-t-il.

Il voit le livre du vicaire comme un contrefeu à celui, à charge, de Maria del Carmen Tapia, Au cœur de l'Opus Dei, paru récemment en français. D'autres ouvrages d'ex-membres avaient douché les espoirs de respectabilité de la prélature: Dans l'enfer de l'Opus Dei, La Face cachée de l'Opus Dei...

Mais globalement l'image tend à "se normaliser", relève Jérôme Anciberro, rédacteur en chef de l'hebdomadaire chrétien La Vie. "La légende noire de l'Opus Dei me semble largement surfaite. C'est une organisation un peu particulière au sein de l'Eglise mais elle est officielle, on connaît sa spiritualité, elle n'est pas fermée."

"Des catholiques, ni plus ni moins", comme dit le père de Rochebrune de ses fidèles?

 

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