Le 8 novembre 1956 : crise du Canal de Suez, révolte en Hongrie et réélection d'Eisenhower à la Une

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 09 novembre 2014 - 12:00
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La "Une" de FranceSoir du 8 novembre 1956.
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La Une de "France-Soir" du 8 novembre 1956.
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Le bras de fer entre Nasser et les Occidentaux à propos du Canal de Suez, la fin de l'insurrection de Budapest contre le pouvoir communiste et la réélection de Dwight Eisenhower comme président des Etats-Unis: "France-Soir" tourne ses regards vers le monde dans sa Une du 8 novembre 1956.

France-Soir était connu pour sa couverture des faits divers, de la politique française (la guerre d'Algérie et les années De Gaulle notamment), de l'actualité des célébrités. Mais le journal de Pierre Lazareff offrait à ses lecteurs toutes les informations nécessaires à la compréhension du monde, avec des articles de politique étrangère nombreux et de qualité.

Dans sa 7e édition datée du jeudi 8 novembre 1956, le journal consacre ses trois titres de Une à trois informations étrangères: la crise du Canal de Suez, la réélection du président américain Dwight Eisenhower, et la fin du soulèvement en Hongrie.

Le titre principal concerne le Proche-Orient: "Egypte: fin des combats, mais black-out sur la ligne du +cessez-le-feu+". On est en pleine crise du Canal de Suez.

Fin juillet, le président égyptien Nasser avait décidé, pour financer la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, de nationaliser la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, société privée à capitaux français et britannique. En riposte, et contre l'avis des Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et Israël ont alors décidé de mener une attaque militaire contre l'Egypte.

Fin octobre et début novembre, les troupes israéliennes envahissent la péninsule du Sinaï et, le 5 novembre, les parachutistes français et britanniques sautent sur Port-Saïd et se dirigent vers le sud. Elles occupent Ismaïlia et, le 7 novembre au matin, décident de cesser le feu.

"Français, Britanniques et Israéliens entendent rester sur leurs positions, les premiers jusqu'à ce qu'une force des Nations Unies ait pris leur place, les seconds jusqu'à l'établissement d'un traité de paix", écrit France-Soir.

La suite sera cependant favorable à Nasser: défait militairement, il remportera une victoire diplomatique en obtenant l'appui de l'ONU (qui condamne l'action franco-britannique et enverra des casques bleus pour la première fois), des Etats-Unis (eux aussi opposés à leurs alliés) et de l'URSS (qui menace Londres et Paris de représailles). Français et Anglais quitteront les lieux le 22 décembre, laissant derrière eux un Nasser devenu le héros du monde arabe.

Le deuxième titre de Une de France-Soir en ce 8 novembre 1956 concerne la Hongrie: "Budapest: des insurgés retranchés dans des usines continuent le combat contre les troupes soviétiques".

Depuis le 23 octobre, la population de la capitale s'est soulevée contre le gouvernement communiste, et la grève générale s'est étendue à tout le pays. Des milices et conseils d'ouvriers se sont formés, le gouvernement a perdu le contrôle, des prisonniers politiques ont été libérés et des militants communistes pro-soviétiques ont été arrêtés ou exécutés.

Le 4 novembre, l'URSS a décidé de siffler la fin de la récréation et a envoyé en force ses blindés. La "révolution hongroise" touche à sa fin, ce que raconte France-Soir: "Sur un fond de feu et de sang, Budapest n'est plus qu'une ville qu'habite le cauchemar, que menacent la famine et les épidémies".

Le quotidien de Pierre Lazareff ajoute que "sous le feu des canons et de l'artillerie soviétique, des groupes d'insurgés mènent un combat qu'ils savent sans espoir".

Le 10 novembre, l'URSS aura rétabli l'ordre en Hongrie. Cette révolte de Budapest aura fait quelque 2.500 morts parmi les insurgés et forcé 200.000 Hongrois à l'exil.

Le troisième titre de politique étrangère de France-Soir, ce jour-là, annonce le résultat de l'élection présidentielle américaine: "Eisenhower est réélu président des USA", titre le journal sur toute la largeur du haut de sa première page.

Au-dessus d'une photo montrant le président américain tout sourire et le bras gauche levé, France-Soir donne les résultats encore provisoires du scrutin: "Ike: 56% des voix à 7 heures du matin, contre 51% à la même heure en 1952".

Dwight Eisenhower, surnommé "Ike", chef des forces alliées en Europe durant la Seconde guerre mondiale, candidat du Parti républicain, avait été élu une première fois en 1952, devenant le 34e président des Etats-Unis, succédant au démocrate Harry Truman.

En ce 6 novembre 1956, "Ike" est largement réélu (son score final sera de 57% des voix) face à son adversaire démocrate Adlai Stevenson, qu'il avait déjà battu quatre ans plus tôt.

On est en pleine guerre froide et, écrit France-Soir, l'élection a été "dominée par cette pensée fréquemment exprimée la nuit dernière aux USA: +On ne change pas de cheval au milieu de la rivière+. Les électeurs américains ont clairement eu présentes à l'esprit les conditions internationales actuelles".

Voir ci-dessous la vidéo des archives de l'INA sur la nationalisation du Canal de Suez:

Voir ci-dessous la vidéo des archives de l'INA sur le soulèvement de Budapest:

 

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