Mai 1978, Jacques Mesrine s'évade de la Santé (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 07 avril 2016 - 03:31
Mis à jour le 08 mai 2016 - 12:36
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Une 10.05.1978 Evasion Mesrine FranceSoir
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La Une de "France-Soi" du 10 mai 1978.
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"Quelle bavure!", titre "France-Soir" à la Une de son édition du mercredi 10 mai 1978. Deux jours plus tôt, Jacques Mesrine s'est évadé avec deux complices du quartier de haute sécurité de la prison de la Santé.

Il n'en était pourtant pas à son coup d'essai. Jacques Mesrine, entré dans la délinquance à 23 ans au début des années 60, s'était déjà évadé à trois reprises: en août 1969 et en août 1972 de deux prisons du Québec, et en mai 1973 du tribunal de Compiègne (Oise) alors qu'il purgeait une peine de 20 ans de prison.

A chaque fois, il avait été rattrapé par la police. La dernière fois par le commissaire Robert Broussard, en septembre 1973 à Paris, après quatre mois de cavale. Mais l'ennemi public numéro un avait à nouveau juré de se faire la belle.

Il a attendu patiemment pendant quatre ans et demi, dont la dernière année au quartier de haute sécurité de la prison de la Santé à Paris, après sa condamnation, en mai 1977, à 20 ans de prison pour attaques à main armée, recel et port d'armes.

Et puis, ce lundi 8 mai 1978, Mesrine et deux complices passent à l'action. En sept dessins sur sa première page, France-Soir raconte cette évasion spectaculaire. "1-Mesrine sort des armes d'une cache": au parloir, le malfrat monte sur une table, devant son avocate, et sort des armes et une bombe lacrymogène de leur cachette.

"2-Bombe lacrymogène": Mesrine se précipite dans le couloir, maîtrise un gardien, et donne la bombe lacrymogène à son complice François Besse, en route vers le parloir et qui prend lui aussi le dessus sur son gardien.

"3-Libération de Rives": les deux détenus, tenant les deux gardiens en otages, se rendent à la cellule d'un troisième homme, Carman Rives, et le libèrent.

"4-Déguisés en gardiens": les gardiens sont contraints de donner leur veste d'uniforme aux malfaiteurs et sont ligotés dans la cellule de Rives.

"5-Ils font le mur": déguisés en gardiens, les trois gangsters empruntent une échelle aux ouvriers qui travaillent dans la cour de la prison, franchissent le mur et, en déroulant un long filin, se retrouvent à l'extérieur, dans la rue de la Santé...

"6-Mesrine et Besse libres": alors que l'alerte est donnée, Mesrine et Besse arrivent les premiers sur le trottoir et s'enfuient, après avoir échangé des coups de feu avec deux gardiens de la paix, en faction devant la prison.

"7-La mort du 3e homme": Carman Rives n'a pas la même chance. En troisième position, il   échange lui aussi des coups de feu avec les gardiens, mais est abattu et laissé mort sur le trottoir. Mesrine et Besse s'enfuient à bord d'une Renault-20 dont ils viennent de s'emparer.

Le tout n'aura duré que quelques minutes. Mesrine "est un truand capable de tout, qui se vante de trente-neuf crimes et, dès que sa fuite a été connue, des mesures ont été prises pour protéger ceux dont il a souvent juré de se venger, et d'abord quelques magistrats", écrit France-Soir.

Six mois plus tard en effet, Mesrine tentera d'enlever le juge Petit, président de la cour d'assises qui l'avait condamné, prendra sa famille en otage avant d'être mis en fuite par la police. Il enlèvera aussi et torturera au fond d'une grotte le journaliste de Minute Jacques Tillier, et narguera la police en donnant des interviews à Paris-Match et à Libération.

Sa cavale s'achèvera le 2 novembre 1979 à 15h15 porte de Clignancourt à Paris. Au volant de sa voiture au côté de sa compagne Sylvia Jeanjacquot, Jacques Mesrine, 42 ans, meurt sous les balles des hommes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) du commissaire Broussard qui, dissimulés dans un camion bâché, tirent sur lui à 21 reprises.

François Besse, lui, sera repris en Belgique, avant de s'évader puis d'être à nouveau rattrapé plusieurs fois en France, en Espagne et au Maroc. Il est sorti de prison en février 2006, à 61 ans.

(Voir ci-dessous l'annonce de l'évasion de Jacques Mesrine au Journal de 20h d'Antenne2 du 8 mai 1978 par Patrick Poivre d'Arvor):

 

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