Mars 1951 : Einstein tire la langue pour son 72e anniversaire

Auteur(s)
JmC
Publié le 12 mars 2015 - 19:26
Mis à jour le 13 mars 2015 - 10:49
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Une FranceSoir 18.03.1951 Einstein Langue
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La Une du 18 mars 1951.
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C’est la photo d’Albert Einstein la plus célèbre jamais prise. Le Prix Nobel de physique y tire la langue à un photographe qui lui demande un petit sourire pour son 72e anniversaire. Comme des milliers de journaux dans le monde, "France-Soir" publie le cliché en Une, en ce mois de mars 1951.

"Grève: transports améliorés", titre France-Soir sur toute la largeur de sa Une dans son édition datée du dimanche 18 mars 1951, alors que vient de commencer un mouvement social dans le métro et les bus parisiens.

En ces années d’après-guerre, les difficultés économiques et les revendications sociales dominent le quotidien des Français. Cette grève dans les transports durera jusqu’au 24 avril, et déjà en ce début de mouvement France-Soir note qu’"une certaine agitation se manifeste dans divers autres services publics, où des débrayages de courte durée pourraient avoir lieu lundi".

Mais les deux photos, en Une du quotidien de Pierre Lazareff ce jour-là, concernent des sujets plus légers. Sur la gauche, on voit une jeune actrice brune montrant un portrait de Luis Mariano. "La +Martine Carol+ espagnole a été présentée hier au tout-Paris", dit le titre qui surmonte la photo.

La jeune femme en question est Carmen Sevilla, –"19 ans, 1m58 et 55 centimètres de tour de taille", précise France-Soir–, partenaire de Luis Mariano dans le film Andalousie qu’elle est venue présenter à Paris. Elle connaîtra son heure de gloire deux ans plus tard dans l’adaptation cinématographique de La Belle de Cadix, toujours aux côtés de Luis Mariano.

Mais l’autre photo, en Une, retient davantage l’attention. On y voit Albert Einstein tirer la langue au photographe.

Ce cliché, qui passera à la postérité au moins autant que sa formule "E=MC2", a été pris quatre jours auparavant, le 14 mars 1951, jour où le célèbre physicien fêtait ses 72 ans.

Ce jour-là, Einstein est assis à l’arrière d’une voiture, près de l’Université de Princeton (nord-est des Etats-Unis), quand Arthur Sasse, photographe de l’agence de presse américaine UPI, lui demande de sourire face à l’objectif. Le Prix Nobel ayant déjà souri à plusieurs reprises à plusieurs photographes tout au long de la journée, il décide, de manière facétieuse, yeux grand ouverts et sourire sous sa moustache blanche, de tirer une langue très pointue.

Plus tard, avant sa mort en 1955, Einstein, qui milita dans les dernières années de sa vie pour la paix, contre le maccarthysme et contre les discriminations raciales, évoquera cette fameuse photo: "Cette pose révèle bien mon comportement. J’ai toujours eu de la difficulté à accepter l’autorité et, ici, tirer la langue à un photographe qui s’attend sûrement à une pose plus solennelle, cela signifie que l’on refuse de se prêter au jeu de la représentation, que l’on se refuse à livrer une image de soi conforme aux règles du genre".

Einstein demanda au photographe neuf tirages du cliché, pour son usage personnel. L’un d’eux, offert à un ami journaliste de télévision en 1953, sera vendu aux enchères aux Etats-Unis en 2009 pour un peu plus de 74.000 dollars (53.000 euros). La photo porte cette dédicace en allemand: "Ce geste que vous aimerez, parce qu’il est destiné à toute l’humanité. Un civil peut se permettre de faire ce qu’aucun diplomate n’oserait. Votre auditeur loyal et reconnaissant, A. Einstein ’53".

(Pour en savoir plus: le site des archives Einstein, en anglais, à consulter en cliquant ici).

 

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