Attractivité de la France : faut-il vraiment se féliciter de la hausse des projets d'investissements étrangers ?
Les investissements étrangers réalisés en France induisent près de 2 millions d'emplois. Autant dire que l'attractivité du pays n'est pas une notion marginale. Celle-ci dépend de la qualité de nos infrastructures, de la disponibilité d'une main d'œuvre qualifiée, de la proximité des marchés de distribution des produits ainsi assemblés, des conditions générales de la fiscalité.
Selon une récente communication de Business France, on dénombrerait 1.298 projets d'investissement ce qui est un succès indéniable et représente un essor de +16% par rapport à 2016. Certains y verront un "effet Macron" et plus posément il est effectivement réaliste de penser que la réforme de l'ISF ou de la taxation de l'épargne ("flat tax") ont eu un effet d'entrainement. Mais il faut demeurer fort prudent lorsqu'on analyse ce sujet.
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Tout d'abord, certains projets d'investissements étrangers ne sont que des rachats, des absorptions de firmes françaises existantes. Quand General Electric engloutit, au détriment de notre indépendance en matière de filière nucléaire et hydraulique, la branche énergie d'Alstom, il est patent que ce n'est pas un succès tricolore. Loin s'en faut. Il faut donc distinguer les investissements où le propriétaire étranger se substitue à un détenteur national par opposition aux investissements de capacités qui sont porteurs d'emplois et de pérennité. C'est typiquement le cas de l'extension des capacités de production de Toyota près de Valenciennes qui est décidément un succès. Au sein des quelques 1.300 projets d'investissement, tous n'iront pas au bout du processus: le chiffre annoncé relève d'un certain optimisme d'Etat que la réalité ne manque pas de démentir, parfois voire fréquemment. Pour l'heure, il est estimé que ces investissements ont permis de sauvegarder un peu plus de 7.000 emplois ce qui n'est pas négligeable.
Le point crucial vient surtout de l'efficacité opérationnelle du C.I.R (Crédit impôt recherche) qui permet de défiscaliser une part des frais de recherche et développement des entités concernées. C'est un outil incontestablement apprécié notamment des grands groupes nord-américains, canadiens ou nippons. Toutefois, cet atout doit être mis en parallèle avec un sujet de préoccupation. La France est de plus en plus un pays d'assemblage par opposition avec un pays de pleine production. Notre chaîne de valeur est donc encore très perfectible selon les secteurs. On ne peut pas comparer la cosmétique, la pharmacie et autres biotech avec la sous-traitance automobile ou même l'éolien qui connait bien des aléas.
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Enfin, il est finalement assez amusant de voir certains analystes estimer que notre pays tire un profit certain des conséquences du Brexit. A ceux qui aiment cette pseudo-illusion, il est requis et impératif de rappeler que la France n'est que deuxième des flux d'investissements nord-américains déployés en Europe avec 16% contre 13% pour l'Allemagne mais encore 25% pour le Royaume-Uni.
Dernier point de ce panorama, il faut noter le nombre croissant de projets d'investissements fonciers. C'est vrai de l'immobilier parisien. C'est aussi vrai pour ce qui concerne les achats de terres agricoles par des structures chinoises (1.650 hectares dans l'Indre, 1.300 ha dans l'Allier). Ainsi, une refonte des capacités d'intervention des SAFER et de leur droit de préemption est en cours d'élaboration législative.
Ces derniers exemples montrent que la France est…..une terre d'accueil davantage que le terreau d'une révolution digitale via des capitaux étrangers. Ne surestimons pas les véritables retombées tangibles de la French Tech.
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