Entre grève et canicule, Buzyn veut éviter un été brûlant aux urgences

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Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 18 juin 2019 - 19:28
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Agnès Buzyn donne une conférence de presse pour annoncer le déblocage de 70 millions d'euros de mesures immédiates, le 14 juin 2019 Paris
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© Martin BUREAU / AFP/Archives
Agnès Buzyn donne une conférence de presse pour annoncer le déblocage de 70 millions d'euros de mesures immédiates, le 14 juin 2019 Paris
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Après trois mois de grève, la température ne retombe pas dans les services d'urgence, malgré les moyens débloqués par Agnès Buzyn, qui a assuré mardi mettre "tout en oeuvre pour qu'il n'y ait pas de trous" dans les plannings en cas de canicule cet été.

La traditionnelle réunion de "préparation de la période estivale" au ministère de la Santé l'a encore confirmé cette année : à l'hôpital, l'été sera chaud, quelle que soit la météo.

Face aux représentants des hôpitaux, des libéraux, des maisons de retraite, des associations, des collectivités locales et des administrations, Mme Buzyn a demandé que chacun "démontre comment il va participer à cet énorme effort de prévention, de façon à éviter des passages aux urgences (qui) sont déjà sous tension".

C'est peu dire : depuis trois mois, un mouvement de grève parti de Paris se répand comme un incendie, qui touche désormais un quart des services du secteur public, soit près de 120, selon le collectif Inter-Urgences.

Si l'étincelle est venue d'une série d'agressions dans un établissement de la capitale, le feu couvait depuis longtemps, faute de bras et de lits en nombre suffisant pour absorber une activité qui a doublé en vingt ans (21 millions de passages en 2016).

La ministre a tenté de jouer les pompiers la semaine dernière en débloquant 70 millions d'euros, dont 55 pour généraliser à tous les personnels non médicaux des urgences une "prime de risque" de 100 euros net "dès le mois de juillet".

Les 15 millions restants doivent financer des recrutements dans les établissements "qui en font la demande", afin de "maintenir des lignes de Smur" (services mobiles d'urgence et de réanimation) et "des lits d'aval" dans d'autres services hospitaliers pour "éviter que des personnes restent sur des brancards", a-t-elle indiqué mardi.

- Des lits, des libéraux -

"Je mets tout en oeuvre pour qu'il n'y ait pas de trous dans les lignes de garde des différents services d'urgences", a-t-elle affirmé, considérant que ces mesures "sont loin d'être négligeables".

Le collectif Inter-Urgences les a toutefois jugées "insatisfaisantes" et a voté lundi soir la poursuite de la grève, avec de nouvelles actions jeudi "devant toutes les agences régionales de santé", puis une "manifestation nationale" le 2 juillet.

Portée par une base incandescente, cette association réclame "10.000 emplois supplémentaires, 300 euros d'augmentation de salaire" et "zéro hospitalisation brancard".

Des revendications reprises par les syndicats CGT, SUD et FO, d'abord pris de court par cet embrasement spontané, qu'ils ont ensuite essayé de propager à l'ensemble des personnels hospitaliers, sans grand succès jusqu'à présent.

Ces organisations ont aussi exigé "un moratoire sur la fermeture des lits", mais Mme Buzyn a fait valoir que "les congés d'été ont déjà commencé dans les hôpitaux".

"Vu leur état de fatigue, il faut laisser les soignants partir en vacances et accepter qu'un certain nombre de lits ferment" de juin à septembre, a-t-elle ajouté.

L'hôpital restant à sec, une partie de la solution devrait venir des médecins libéraux, a estimé Patrick Pelloux, le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf).

Dans l'immédiat, "il faut qu'on ait une lisibilité sur quel cabinet ferme, qui s'en va, qui a un remplaçant ou pas", a-t-il expliqué.

Mais "si on veut vraiment réformer avec le monde libéral, il faut réécrire le code de déontologie", car "il n'y a pas d'obligation sur la permanence des soins", a-t-il estimé.

Et même si "beaucoup de médecins libéraux participent" à ces gardes en soirée et le weekend, "on est arrivé à un stade où il faut que chacun prenne sa part du travail", a-t-il insisté. Au risque de jeter de l'huile sur le feu.

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