La Serbie commémore le 20e anniversaire des frappes de l'Otan

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Par AFP - Belgrade
Publié le 24 mars 2019 - 10:48
Mis à jour le 25 mars 2019 - 00:26
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Une banderole déployée le 22 mars 2019 à Belgrade commémore le 20e anniversaire des frappes aériennes de l'Otan qui ont contraint la Serbie à retirer ses troupes du Kosovo
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© Andrej ISAKOVIC / AFP
Une banderole déployée le 22 mars 2019 à Belgrade commémore le 20e anniversaire des frappes aériennes de l'Otan qui ont contraint la Serbie à retirer ses troupes du Kosovo
© Andrej ISAKOVIC / AFP

La Serbie a commémoré dimanche le 20e anniversaire des frappes aériennes de l'Otan qui avaient contraint en 1999 Belgrade à retirer ses troupes du Kosovo, mettant fin à un conflit qui a fait plus de 13.000 morts.

Après cette opération de douze mois, l'ancienne province serbe, majoritairement peuplée d'Albanais, avait été mise sous l'administration de l'ONU, puis a proclamé en 2008 son indépendance que la Serbie refuse de reconnaître.

Après des commémorations organisées à travers le pays, marquant le début d'une "agression de l'Otan", la principale cérémonie s'est déroulée dans la soirée à Nis (sud), en présence, selon le président serbe Aleksandar Vucic, de plus de 20.000 personnes.

Le programme a commencé par une sirène d'alerte de défense anti-aérienne à 19H45 (18H45 GMT), l'heure des premières frappes du 24 mars 1999, et par la diffusion sur un écran géant des scènes de bombardements de l'époque.

- "les jours les plus tragiques" -

"Ce sont les jours les plus tragiques de notre histoire", a lancé à la foule, éclairée par la lueur des bougies, le patriarche de l'Eglise orthodoxe serbe Irinej. "Ce qui est encore plus tragique", a-t-il ajouté, "est qu'il s'agissait de nos anciens alliés, de nos anciens amis".

Il y a vingt ans, l'Otan lançait une campagne de bombardements aériens contre la Yougoslavie, composée alors encore de la Serbie et du Monténégro, pour mettre fin à la répression des Kosovars albanais. Le 10 juin 1999, le dirigeant serbe Slobodan Milosevic avait ordonné à ses forces de se retirer du Kosovo.

L'Otan a visé des dizaines de cibles militaires, puis des infrastructures (ponts, intersections ferroviaires, réseau électrique). Mais ses bombes et missiles ont parfois manqué leur cible, en faisant des victimes civiles, dont le bilan n'a jamais été officiellement établi. Les chiffres vont de 500 morts, selon l'ONG Human Rights Watch, à 2.500 selon des responsables serbes.

"Nous étions seuls, face à la plus grande puissance militaire au monde", a dit à la cérémonie Aleksandar Vucic, ancien ultranationaliste devenu centriste, qui veut arrimer son pays à l'Union européenne.

"Leur objectif était évident: nous vaincre et nous humilier, puis remettre une partie de notre territoire à quelqu'un d'autre", a ajouté le chef de l'Etat serbe.

-"ce sera toujours un crime"-

En évoquant "la mort de 2.500 civils, dont 79 enfants, et un pays dévasté", il a déclaré que pour la Serbie "ce sera toujours (considéré comme) un crime".

Plus tôt dans la journée, les ambassadeurs de huit pays occidentaux (canadien, français, italien, allemand, néerlandais, norvégien, britannique et américain), s'étaient recueillis devant un monument aux victimes civiles des bombardements à Belgrade.

"Nous nous souvenons du 24 mars comme d'un jour où la diplomatie a échoué, et nous regrettons sincèrement la perte des vies de civils au cours des événements de 1999", ont-il écrit dans un message commun.

Le Premier ministre kosovar, Ramush Haradinaj, a de son côté déclaré samedi que les frappes de l'Otan étaient une "intervention" contre "l'action génocidaire de Milosevic contre le peuple du Kosovo".

"Le peuple du Kosovo réaffirmera toujours sa profonde gratitude" pour cette opération qui a "sauvé des milliers de vies et qui nous a donné la possibilité de vivre en paix et en liberté", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

La guerre du Kosovo (1998-99) avait fait plus de 13.000 morts, en grande majorité albanais.

A la commémoration de Nis, Aleksandar Vucic a été acclamé lorsqu'il a déclaré que "le peuple serbe a dignement pris la décision qu'il ne veut pas que la Serbie adhère à l'Otan". La "neutralité militaire" est "un choix naturel", a-t-il ajouté.

Selon un récent sondage, réalisé par l'Institut des affaires européennes, une ONG locale, 79% des Serbes sont contre l'adhésion de leur pays à l'Otan, contre seulement 10% qui y seraient favorables.

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