Vie à 100 à l'heure : comment ralentir le pas ?

Auteur:
 
Rodolphe Oppenheimer, édité par la rédaction
Publié le 06 avril 2018 - 14:39
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Une femme en train de courir.
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©Daniel Leal-Olivas/AFP
Pour Rodolphe Oppenheimer, l’essentiel est d’avoir du plaisir à faire les choses.
©Daniel Leal-Olivas/AFP
Ils sont nombreux à vivre leur quotidien "à fond" enchaînant les activités sans jamais s'arrêter. Mais ne vaut-il pas mieux vivre plus lentement pour mieux vivre? Pour "France-Soir", le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer livre ses conseils pour ralentir le pas afin d'éviter de s'épuiser physiquement et mentalement.

Les sociétés actuelles occidentales vous demandent de plus en plus souvent de presser le pas. En effet, vous êtes tranquillement assis à la terrasse d’un café à siroter un jus, à prendre une pause quand soudain le garçon de café vient vous agiter l’addition sous le nez du bout de ses doigts, le terminal de carte bleue braqué sur vous.

Vous voulez vous sortir de cette course effrénée que ce monde vous impose depuis déjà quelques décennies? Il va falloir alors vous défaire de vos habitudes consistant à courir à gauche, à droite. Ce rythme est devenu votre quotidien et constitue à présent votre mode de vie. Il conditionne vos pensées comme vos réflexes, à l’image de la chanson de Michel Sardou femmes des années 80. Elles étaient PDG, général d’infanterie, flics, pompiers de service, cinéastes, écrivains, chirurgiens esthétique, etc. et il en va de même pour les hommes.

Ecoutez-vous, entendez-vous!

Si vous n’arrivez plus à accéder aux pensées anxiogènes qui se répandent en vous mais que votre conscience arrive à vous transmettre des signaux par petites touches tout au long de la journée, il s’agit là d’indices importants. Vous ressentez une perception de mal-être à faire certaines activités que vous réalisez pour faire bien ou pour bien faire. Peut-être pour vous est-ce devenu une coutume ou une obligation. Peut-être ne l’assumez-vous plus? Ou ressentez-vous un sentiment de flou lorsqu'enfin vous acceptez de vous offrir des moments de plaisir d’une grande simplicité comme regarder un film, consulter un ouvrage, concocter un petit dîner en amoureux....

Lire aussi - Changer de vie: les questions à se poser avant de tout quitter

L’essentiel est d’avoir du plaisir à faire les choses. Si tout ce qui brille n’est pas or, les petits ruisseaux font de grandes rivières, les rivières de petites choses qui feront votre bonheur au quotidien. La sensation est pourtant si agréable que vous souhaiterez répéter ce qui vous fait plaisir de plus en plus souvent. Considérez-vous que cela nuit à vos autres activités? Non! Alors persévérez.

Vos coups de fil pro, vos courriels ne s’échapperont pas de votre bureau. Croquez dans ce temps qui est à vous. C’est une denrée rare, inestimable qui ne se présente que si peu de fois dans la vie. Imaginez-le comme une belle pomme brunie au soleil et croquez y à pleines dents. Ne remettez pas le bonheur au lendemain ou à l’heure de la retraite. A consommer immédiatement sans modération.

Avez-vous essayé la Mindfulness?

La Mindfulness, dite méditation de pleine conscience, est de plus en plus utilisée par tous les professionnels de la santé. Que vous consultiez l’ouvrage de Laurence Bibas, Manuel de Mindfulness (Ed. Eyrolles), ou de Stéphany Orain Pelissolo, Eteindre votre douleur, éteindre votre souffrance (Ed. Odile Jacob), vous y trouverez grand nombre d’exercices absolument remarquables mais surtout extrêmement efficaces. Oubliez la période où cela était traité comme de vieux grimoires pour quelques hystériques. En une dizaine d’années, cette technique a conquis le monde.

Le mode de vie s’étant largement accéléré, grand nombre de patients souhaitent retrouver leur moi intérieur et dominer leurs angoisses et leurs attaques de panique. Pour se faire, il faut prendre le temps. L’époque du tout médicament semble révolue au bénéfice de traitements sans effet secondaire. La Mindfulness sert à percevoir son flux d’idées et à comprendre ses pensées. Elle induit un éloignement vis-à-vis de ses angoisses et augmente les aptitudes à se concentrer, à se centraliser sur l’instant présent et à ne pas laisser son esprit vagabonder. Ceci revêt une grande utilité dans un XXIe siècle hyperconnecté à tout sauf à soi.

Lire précemment - Epuisement professionnel: êtes-vous en burn-out?

Vous procrastinez l’idée de décélérer et de vous mettre à ralentir votre vie professionnelle au bénéfice de votre bien-être en vous disant: "j’ai encore ça à faire, je le ferai à la rentrée". Prenez du temps pour vous ne serait-ce que quelques instants le matin et le soir. Cela sera déjà un excellent début. Prenez quelques minutes pour respirer convenablement et veillez à ne pas trop grignoter entre les repas et à augmenter votre consommation d’eau.

Même si vous le pensez, vous n’aurez jamais le contrôle de tout ou sur tout alors acceptez-le! Forcer n’est que vous détruire un peu plus vite. Vous usez esprit et corps et pour quel résultat? Aucun. Vous égarez vos idéaux de réussite, vous vous reprochez de ne pas réaliser les objectifs de votre boss dans l’instant. Vous vous enlisez dans une voie sans issue vulnérable peut-être pour un burn-out. La vraie force de l’individu consiste à connaître ses limites physiques et psychiques. Il ne s’agit pas de ne plus rien faire ou de devenir un tire-au-flanc mais uniquement de replacer l’importance des choses là où elles doivent se trouver selon vous. Ce n’est pas pour faire plaisir à untel ou untel, pas pour défier un collègue de bureau, l’important, c’est vous!

A voir aussi - Vacances: comment se libérer l’esprit pour profiter au mieux de ses congés?

Plus vous chercherez à maintenir le contrôle, plus vous augmenterez votre niveau de stress, plus vous pourrez être tenté de prendre des excitants comme des cigarettes, du café ou du coca-cola. N’oubliez pas que le stress se répand aussi et toujours chez vos proches. Il vient polluer comme le fait la fumée. Il s’imprègne chez les époux ou épouses, mais il vient surtout intoxiquer les enfants encore très fragiles par définition.

Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste libéral (http://www.psy-92.fr/). Ses deux derniers ouvrages, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) et Se libérer des troubles anxieux par la réalité virtuelle (Ed. Eyrolles) sont disponibles en librairie 

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