L'agriculture biologique veut sortir de son image "pour les bobos"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 avril 2016 - 12:50
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Un panier de légumes.
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©Liz Gregg/Sipa
De la bio pas que pour les +bobos+": les acteurs du secteur encouragent un accès élargi à l'agriculture biologique.
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"De la bio pas que pour les +bobos+": les acteurs du secteur encouragent un accès élargi à l'agriculture biologique, à condition que ses principes clés ne soient pas dévoyés par la grande distribution, et ont élaboré une nouvelle charte.

Face au changement d'échelle de l'agriculture biologique et à un intérêt croissant de la grande distribution, la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB) a révisé sa charte dont l'objectif est d'éviter une "bio au rabais".

"On va vers une bio à deux vitesses", explique Brooks Wallin, du syndicat professionnel Natexbio. "D'un côté, la bio avec des matières premières françaises et le souci des emballages biodégradables. De l'autre, la bio commerciale où le prix domine et la provenance des matières compte moins. Cette bio-là avance à vitesse grand V au niveau mondial."

D'où la nécessité "fondamentale" d'une charte, selon Brooks Wallin, pour différencier la filière biologique avec son "écosystème, entre magasins bio, transformateurs et agriculteurs", et la "bio commerciale".

Bien-être animal, complémentarité entre villes et campagnes, prix équitables, conditions de travail dignes, autant de valeurs fondamentales de l'agriculture biologique traditionnelle portées par la charte actualisée de la FNAB adoptée cette semaine.

Des valeurs que la FNAB espère retrouver dans les fermes des 2.250 agriculteurs ayant converti leur exploitation en bio en 2015. "La charte existait déjà en interne mais compte-tenu de la crise agricole majeure et de l'arrivée des conversions, c'est le moment de la remettre au goût du jour", précise Irène Carrasco, trésorière de la FNAB.

Même si les surfaces cultivées en bio représentent encore moins de 5% de la surface agricole utile (SAU), le marché du bio atteint désormais 5,5 milliards d'euros, avec des ventes en augmentation de plus de 10% en 2015 par rapport à 2014, selon l'Agence bio. Étant donné l'ampleur du phénomène, la charte est envisagée comme un "contrat social agricole" et destinée à être lue par la grande distribution, les pouvoirs publics et les citoyens.

La charte est "ouverte à toutes les organisations citoyennes, économiques et sociales" et vise à assurer un "développement cohérent, durable et solidaire de l'agriculture biologique", selon le préambule présenté mardi en présence de 130 agriculteurs bio, des associatifs et des représentants des pouvoirs publics. L'idée de replacer l'humain au centre du système alimentaire est l'élément de la charte qui a séduit Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

"La grande distribution vante l'accroissement de ses gammes bio, mais en lisant cette charte, j'espère qu'elle comprendra que l'agriculture biologique ce n'est pas qu'un cahier des charges, ce sont aussi des valeurs et un système différent qui replacent l'humain au centre de tout", déclare-t-il.

Jean-Marie Lacaz, fermier du Lot et membre de la FNAB, aimerait, lui, pouvoir accompagner ses bêtes jusqu'à l'abattoir. La question du bien-être animal figure dans les premières pages de la charte et concerne particulièrement le monde paysan depuis la diffusion de vidéos-choc par l'association de défense des animaux L214 montrant des maltraitances dans des abattoirs certifiés bio.

En réponse à ces préoccupations, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé mardi son intention de "créer un délit de maltraitance" aux animaux pour les exploitants d'abattoirs, assorti de "sanctions pénales" dans la loi Sapin.

La mise en place d'un référent bien-être animal dans tous les abattoirs, même de petite taille, a aussi été évoquée par M. Le Foll. Des mesures qui sont susceptibles de plaire aux acteurs du secteur bio qui soulignent l'importance de "travailler avec la vie et non contre elle". "L'agriculture biologique n'est pas seulement un mode de production et ne répond pas seulement à un marché", rappelle Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB.

 

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