Pétanque : ça roule pour Obut

Auteur(s)
MM
Publié le 27 mai 2015 - 16:38
Mis à jour le 01 juin 2015 - 02:39
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Pierre Souvignet, le PDG de l'entreprise Obut.
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©Mickaël Alesi
Pierre Souvignet, le PDG de l'entreprise Obut.
©Mickaël Alesi
Des boules, de l'innovation, du Made in France. C'est avec ces trois ingrédients que l’entreprise Obut, fabricant de boules de pétanques, a réussi à se hisser au rang de leader mondial dans son secteur. Un exploit pour une PME familiale.

"Alors, tu la tires ou tu la pointes?".

La question, rendue célèbre par Marcel Pagnol, rythme les parties de pétanque. Bien souvent synonyme de vacances, les boules ne sont pourtant pas l'apanage des juilletistes ou des aoûtiens. Avec plusieurs centaines de milliers de licenciés en France, le sport se classe ainsi dans le top 10 des plus pratiqués dans l'Hexagone.

Mètre pour mesurer, chiffonnette et triplette Obut, voilà l'équipement indispensable de tout bouliste, professionnel ou amateur. Un secteur dominé par la marque, qui est leader mondial et, surtout, identifiée par les consommateurs comme LA référence.

Chacun sa boule

Obut (qui vient du nom officiel du cochonnet, ou bouchon: le "but") a bien compris le potentiel de ce sport. Fondée dans les années 1950, la société a rapidement fait de la petite sphère métallique un objet technologique à part entière. Elle a ainsi développé toute une gamme de produits capables de répondre aux attentes des joueurs occasionnels comme des professionnels.

Le poids et la taille des boules Obut sont personnalisables, tout comme leur résistance, leur rebond et même leurs gravures. "Un tireur professionnel choisit plutôt une boule plus grosse et plus légère, un pointeur une boule plus petite, pour offrir moins de surface aux tireurs, et plus lourde", explique à FranceSoir Pierre Souvignet, PDG d'Obut. "Mais au-delà des styles de jeu, les variantes correspondent aussi aux morphologies des joueurs, qui n'ont pas tous la même force ou des mains de la même taille".

Vendus principalement en grandes surfaces spécialisées (Décathlon, Intersport...) et via sa boutique en ligne, les produits de la marque oscillent ainsi d’une vingtaine d'euros pour une mallette loisir jusqu'à 300 euros pour une triplette haut de gamme, plutôt réservée aux professionnels.

Une variété et une innovation qui ont un coût. "Nous consacrons entre 1,5 et 2 millions d'euros par an pour les investissements, soit plus de 10% de nos 17 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel", assure Pierre Souvignet. Un chiffre qui comprend la modernisation des machines, la formation des salariés, la publicité...

Et ça marche. Avec plus de 2 millions de boules "fabriquées et vendues" chaque année, Obut emploi une centaine de personnes et dégage une rentabilité de plus de 7%. Les exportations, principalement à destination de l'Europe mais aussi de l'Asie (la Thaïlande par exemple a fait de la pétanque le sport officiel de son armée!), de ce produit typiquement français atteignent "15 à 20%" du chiffre d'affaires de la société.

Tout ceci fait de la PME une entreprise au rayonnement international. Un exploit d'autant plus remarquable que ses boules sont 100% made in France. Car Obut, installée depuis sa création dans la petite commune de Saint-Bonnet-le-Château, à une soixantaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, fait partie des rares entreprises à ne pas avoir cédé aux sirènes asiatiques de la production à bas coûts.

Philosophie

"Toutes nos boules sont fabriquées ici, à Saint-Bonnet, notre seule usine, et même notre approvisionnement en acier est à 90% hexagonal, les 10% restants venant de Suisse", assure Pierre Souvignet. Quant aux pochettes, qui ne sont actuellement pas toutes faites sur le territoire, l'entreprise est en train d'en relocaliser la production.

Pour le PDG, garder son appareil productif en France "est avant tout une question de philosophie". Et surtout, représentant la troisième génération de sa famille à la tête de la société, le dirigeant estime que l'essentiel n'est pas de dégager de la rentabilité de court terme mais de "transmettre dans de bonnes conditions ce patrimoine qui (lui) a été transmis".

Un état d'esprit qu'il reconnaît comme un brin iconoclaste et qui lui rappelle une anecdote. "Dans les années 1990, j'ai rencontré un homme politique qui m'avait regardé comme une bête rare et demandé: +Et pourquoi tu n'as pas encore délocalisé, toi?+", s'amuse Pierre Souvignet.

Ayant hissé sa société au rang de leader mondial, le PDG continue à déborder de projets. Lui et son fils, Romain, qui a lui aussi rejoint Obut, ont eu l'idée de développer des "carrés pétanque". Il s'agit d'espaces couverts dédiés à la pratique de ce sport (sur le modèle des centres urbains de football à cinq, qui fleurissent depuis quelques années) proposant des terrains de boules, un restaurant et un espace détente. Le tout pour une clientèle de particuliers, mais aussi adapté aux séminaires d'entreprise.

Le premier centre ouvert à Saint-Bonnet-le-Château marche bien, et Obut compte en ouvrir d'autres à Nice et Marseille. Voire à Lille, une ville où "les gens devraient être séduits par la possibilité de jouer en intérieur, à l'abri", estime Pierre Souvignet, qui semble nourrir de grands projets pour sa société.

 

 

 

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