Vin : avec un 2015 "exceptionnel", Bordeaux renoue avec des prix de prestige

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 23 juin 2016 - 16:33
Mis à jour le 24 juin 2016 - 12:10
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Le rayon vin d'un supermarché en période de foire.
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Qualifié "d'exceptionnel", le millésime 2015 a entraîné une hausse des prix de 60% pour les plus prestigieux châteaux bordelais.
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Qualifié "d'exceptionnel", le millésime 2015 a entraîné une hausse des prix de 60% pour les plus prestigieux châteaux bordelais, renouant ainsi avec les sommets des précédents grands millésimes, les 2009 et 2010.

Cette forte hausse ne concerne que les étiquettes les plus renommées, la hausse moyenne des grands Bordeaux se situant entre 5 et 35%. Après quatre millésimes de 2011 à 2014 pudiquement qualifiés de "bons" et ayant conduit pour la plupart à des tarifs correspondant à leur qualité intrinsèque, le 2015, béni par la nature et encensé par la critique, a permis aux grandes étiquettes de Bordeaux de renouer avec des tarifs à hauteur de leur prestige.

Ainsi, les premiers grands crus classés 1855 ont en moyenne augmenté leur tarif de 56% par rapport au 2014, autour de 600 euros la bouteille prix particulier. Mais cela ne signifie pas pour autant que l'ensemble du vignoble bordelais baigne dans la démesure.

"Ce sont des marques de luxe, demandées par le monde entier et les plus grandes fortunes", explique un courtier de la place bordelaise, spécialisé en grands crus, pestant contre "le +Bordeaux bashing+" voulant "faire croire que les vins de Bordeaux sont tous trop chers".

"Si les grandes étiquettes augmentent le plus aujourd'hui c'est que ce sont elles qui ont le plus baissé leur prix" après les envolées des 2009 et 2010, estime Thomas Hébrard, président et fondateur de U'wine, société de négoce à destination des particuliers désireux d'effectuer un placement financier sur le vin. Ainsi, de 600 euros en 2009 ces Bordeaux de prestige étaient descendus à 300 euros pour le 2013, millésime le moins cher du marché.

Pour le courtier, interrogé par l'AFP, "il ne faut pas en conclure que tous les Bordeaux sont démesurément chers, la hausse du cœur des Bordeaux vendus en primeur s'établit entre 5 et 35%", tempère-t-il estimant que le 2015 "méritait un réajustement par rapport au 2014".

Ainsi, les seconds grands crus classés du Médoc n'augmentent en moyenne que de 30%, tandis que les prix des troisièmes, quatrièmes et cinquièmes grands crus classés gonflent de 20%.

Le même schéma de figure se retrouve pour l'appellation Saint-Emilion. Les grands crus classés A ont bondi de 40%, les grands crus classés B de 36% et les grands crus classés de 21%. Idem pour les grands crus classés de Graves (+36% pour les rouges, +8% pour les blancs).

Seule appellation qui, dans son ensemble, profite de l'effet millésime et des notes enthousiastes des dégustateurs, Pomerol, qui a gonflé de 40 à 50% ses prix.

Le millésime 2015 signe donc un retour aux affaires pour la place bordelaise. Car en plus de l'effet millésime exceptionnel, Thomas Hébrard estime que les bons chiffres à l'export des vins et spiritueux amenant à "vider les stocks de vins livrables" et "la conjoncture favorable avec un euro bas" ont amené le négoce "à acheter du 2015".

Une autre particularité de cette campagne des primeurs 2015 à Bordeaux est qu'elle s'est déroulée sans le dégustateur américain vedette Robert Parker, qui a passé la main. A l'époque de son règne de près de 20 ans sur Bordeaux, l'ampleur de la note donnée par Parker coïncidait avec l'envolée du prix de la bouteille. "L'effet note s'est atténué sans Parker", s'est satisfait un négociant bordelais, acheteur de grands crus. "Aujourd'hui il y a eu un effet notes sur seulement cinq grands châteaux bordelais où la dizaine de critiques influents sont tombés d'accord sur leur grande qualité. Pour les autres il n'y a pas eu pareille unanimité et cela se ressent sur les prix", dit-il, se satisfaisant que "le marché soit revenu sur les fondamentaux".

Si les châteaux entendent faire fructifier cet historique millésime 2015 et sa longue garde annoncée, les négociants espèrent aussi en profiter car, soufflent-t-il, "c'est le négoce qui vient de vivre quatre années difficiles, pas les châteaux".

 

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