Annulé ou maintenu ? La vie niçoise souffre des impératifs de sécurité

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 septembre 2016 - 17:42
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Une caméra de vidéosurveillance à Nice.
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©Valery Hache/AFP
La vie associative niçoise souffre des impératifs de sécurité renforcés depuis l'attentat du 14 juillet, une situation que déplore l'opposition socialiste de la ville, qui dénonce un "climat anxiogène".
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Kermesses sans parents d'élèves, vide-greniers annulés, compétitions sportives déprogrammées: la vie associative niçoise souffre des impératifs de sécurité renforcés depuis l'attentat du 14 juillet, une situation que déplore l'opposition socialiste de la ville, qui dénonce un "climat anxiogène".

Dans une ville où le sujet est très sensible depuis la polémique sur le dispositif de protection de la foule le soir de l'attentat qui a fait 86 morts sur la Promenade des Anglais, des raisons de sécurité ont encore conduit mardi à annuler du Triathlon prévu les 1er et 2 octobre.

Quelque 2.000 sportifs devaient être encadrés par des bénévoles postés le long des parcours, mais ça n'a pas suffi: il aurait fallu 300 policiers pour une sécurité optimale. "Jusqu'aux dernières heures, l'ensemble des parties ont recherché des solutions", souligne Philippe Lescure, président de la Fédération française de triathlon.

Et depuis le 14 juillet, les exemples de manifestations, tantôt annulées, tantôt maintenues, mais uniquement grâce à des mesures de sécurité renforcées, ou encore en sursis --comme le marathon Nice-Cannes prévu le 13 novembre-- sont légion.

Ce mois-ci, l'Opéra de Nice a annulé une manifestation de plein air sur la Promenade mais en a maintenu une autre: un concert des cuivres du Philharmonique jeudi soir, grâce à un dispositif spécifique, avec un billet gratuit à retirer et des contrôles.

"Ce n'est pas nous qui décidons d'annuler ou pas. Les décisions sont prises en lien avec les recommandations de la préfecture et avec l'organisateur. Nous respectons scrupuleusement ce que l’État impose", se défend Anthony Borré, directeur de cabinet du maire LR de Nice. "Nice est une terre d'événements. Leur nombre est passé de 500 à 1.500 par an en huit ans, et nous ne voulons pas ralentir le rythme mais envisager différemment la conception, notamment privilégier des lieux sécurisés", explique-t-il.

En juin déjà, la mairie avait fait polémique en interdisant dans les écoles tout adulte extérieur, ce qui revenait, pour ses détracteurs, à annuler les kermesses de fin d'année. Désormais, ce sont des vide-greniers qui passent à la trappe, annulés à la dernière minute par un courrier municipal déplorant les contraintes d'effectif pesant sur les policiers municipaux. Mais un autre vide-grenier, à Nice-Ouest, a pu sauver sa tête car le déballage aura lieu sur un terrain privé.

Depuis la rentrée, les associations doivent aussi payer un agent de sécurité devant la Maison des Associations, un surcoût annuel de 2.000 euros, selon Les Amis de la Liberté, qui a perdu un recours en référé pour demander à la ville de prendre en charge la facture.

Côté sportif, le Championnat d'Europe de cyclisme sur route a été délocalisé dans le Morbihan mais l'Ultra-Trail de Côte d'Azur, parti de Nice, s'est déroulé sans encombre début septembre et le Moto-Tour 2016 devrait arriver comme prévu à Nice les 8 et 9 octobre.

Pour les organisateurs de ce rallye moto sur bitume, c'est un ticket sécurité à "100.000 euros en comptant le gardiennage, dont les trois quarts pour sécuriser les lignes de départ et d'arrivée", précise l'organisateur Sam Thomas: "c'était prévu sur la Promenade. Suite aux directives municipales et préfectorales, on a privatisé un endroit place Massena, avec des portiques, un QG sécurité, des palpations".

"Depuis le 14 juillet, c'est une démarche empirique. Il y a des annulations et on ne sait pas pourquoi. Si ça continue comme ça pendant six mois, on va foutre en l'air le secteur de l'hôtellerie", râle Patrick Allemand, chef de file municipal socialiste. "Il n'y a pas de logique et ça développe un climat anxiogène total. Quand il y a une annulation, les gens pensent qu'ils ont eu des renseignements et qu'il y avait un risque d'attentat", poursuit M. Allemand.

"Il est loin le temps où M. Estrosi disait +Fuck Daech+", raille-t-il, une référence au tweet bravache lancé par celui qui était à l'époque encore maire de Nice 15 jours après les attentats de novembre à Paris et Saint-Denis. "Il faut que la ville se redresse, qu'elle redémarre. C'est nécessaire pour sa cohésion sociale et ses emplois. On ne peut pas la maintenir sous un couvercle pendant des mois. Qu'est-ce qu'on va faire avec le Carnaval?", lance-t-il. Le ministère de l'Intérieur est saisi, répond la mairie.

 

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