Les enfants athées seraient plus généreux que les religieux

La religion ne serait pas toujours signe de générosité à en croire une étude américaine publiée jeudi 5 dans la revue Current Biology. Alors que l'opinion publique a généralement tendance à penser que les enfants athées seraient moins altruistes que ceux élevés dans une famille de croyants, les résultats de cette enquête suggèrent le contraire. Pour parvenir à cette conclusion, l'étude, menée dans six pays  (Canada, Chine, Jordanie, Turquie, Etats-Unis et Afrique du Sud), a nécessité la participation de 1.170 enfants âgés de cinq à douze ans.

Dans un premier temps, l'expérience consistait à déterminer le niveau d'empathie des enfants. Pour ce, un examinateur les faisait réagir à de courtes vidéos montrant des enfants en train de se pousser ou se faisant trébucher, volontairement ou non. Les petits devaient alors expliquer s'ils étaient choqués, s'il fallait les punir et si oui, à quel degré de sévérité? Ensuite, ils ont été répartis en trois groupes: non religieux et athées, chrétiens, et musulmans. Les enfants religieux estimaient ces actes plus répréhensibles et proposaient des punitions plus sévères que les athées. Dans le détail, les petits musulmans étaient les plus intransigeants.

La seconde partie de l'expérience avait pour but de déterminer l’altruisme et la générosité selon la religion, au moyen d’une expérience inventée par des économistes et intitulée "le jeu du dictateur". Le principe est simple: sur une table sont disposés 30 autocollants. L'examinateur explique alors à l'enfant qu'il peut en prendre 10 au maximum mais qu'il n'en restera pas assez pour les autres enfants s'il le fait. Puis, le petit est laissé seul dans la pièce pour se servir.

Résultats: les enfants sans religion laissent en moyenne 4,1 autocollants pour les autres sur les 10, tandis que les chrétiens n’en cèdent que 3,3 et les petits musulmans 3,2. Pour Jean Decety, neurobiologiste et professeur à l'université de Washington, auteur de l'étude, ces découvertes "contredisent l’hypothèse populaire et de sens commun selon laquelle les enfants de foyers religieux seraient plus altruistes et bons envers les autres", a-t-il expliqué  avant d'ajouter: "plus généralement, (ces résultats) amènent à interroger la nécessité de la religion pour le développement moral, et supportent l’idée que la sécularisation du discours moral ne réduit pas la bonté humaine – en réalité, c’est même l’inverse qui se produit".