Pourquoi est-il si difficile de distinguer clairement nos orteils ?

C'est un fait: les yeux fermés, notre cerveau a du mal à à identifier les deuxième, troisième et quatrième orteils de nos pieds lorsqu'on les touche. Des chercheurs britanniques viennent de découvrir l'origine de cet étrange phénomène.

Le mystère est levé. Dans une étude, publiée lundi 28 dans la revue Perception, des scientifiques de l'université d'Oxford (Grande-Bretagne) ont réussi a expliquer pourquoi lorsque l'on touche certains de nos orteils les yeux fermés, notre cerveau a du mal à les identifier. Concrètement, cet étrange phénomène est une forme inconnue d'agnosie, soit une incapacité du cerveau à reconnaître ses propres stimulis. Normalement observable chez les personnes atteintes de maladies neurologiques et psychiatriques, ce petit dysfonctionnement a ici été constaté chez des personnes en parfaite santé.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont invité 19 personnes en bonne santé, âgés de 22 à 34 ans, à se prêter à une expérience des plus étonnantes. Les participants ont dû ainsi fermer les yeux pendant qu'on leur touchait un de leurs orteils de manière aléatoire puis, dans la foulée, identifier lequel venait d'être stimulé. Et les résultats sont surprenants: le taux de reconnaissance a atteint 94% pour le gros et le petit orteil, 57% pour le 2e, 60% pour le 3e et 79% pour le 4e.

D'après les chercheurs, cette anomalie serait dûe à une perte de sensibilité, liée à un usage réduit. Globalement moins stimulés que les doigts des mains, les orteils sont ainsi moins sensibles au toucher. "Nous suggérons que le cerveau, au lieu de sentir chaque orteil séparément, voit cinq blocs différents, mais les limites de ces blocs ne correspondent pas aux espaces compris entre les orteils", a expliqué Nela Cicmil, la principale auteure de l'étude. Concrètement, le gros orteil prendrait la place de deux blocs, décalant dans la foulée tous les autres orteils.

Pour retrouver une meilleure sensibilité au niveau des pieds, les scientifiques estiment qu'il faut les faire travailler d'avantage. "Des études précédentes ont montré que l'usage des pieds pour des tâches sensorimotrices fines améliorait l'identification par le toucher. Cela montre que le système nerveux peut modifier son organisation en fonction des apprentissages et de l'expérience", ont ainsi expliqué les auteurs de l'étude qui espèrent, grâce à leur travaux, apporter "une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux qui entraînent des erreurs simples de représentation du corps".