Racisme et djihadisme : des correcteurs du bac invités à signaler les dérapages

Certains correcteurs du bac d'histoire ont reçu pour instruction de relever d'éventuels propos racistes ou djihadistes sur un sujet traitant du Proche-Orient. Une consigne non-officiel qui a surpris certains enseignants, qui n'ont de toute manière rien relevé de plus que quelques copies "partisanes".

Des correcteurs du sujet d'histoire au baccalauréat, portant sur le conflit au Proche-Orient, se sont vu demander de relever le numéro d'anonymat de copies contenant des propos antisémites, racistes ou "djihadistes", indique le principal syndicat enseignants, qui évoque toutefois des cas très rares.

"Nous avons eu deux témoignages de professeurs, dans les académies de Créteil et de Rennes, qui ont signalé ce type de consignes", énoncées à l'oral lors de la réunion d'harmonisation de correction du bac, a déclaré mercredi à l'AFP Amélie Hart-Hutasse, co-responsable histoire et géo au sein du SNES, confirmant des informations parues sur le site du Monde.fr.

"Un des deux collègues s'est demandé en quoi cette consigne allait l'aider dans la correction, tandis que l'autre se posait plus de questions". "Avec un élève en classe, on peut engager le dialogue et voir si c'est de la provocation ou si le jeune est en danger. Nous sommes alors dans notre rôle de pédagogue au quotidien. Face à une copie, c'est très différent", estime Mme Hart-Hutasse.

Les réunions d'harmonisation rassemblent les groupes de correcteurs pour faire le point en début de correction. Les candidats à la série scientifique (S) pouvaient choisir de traiter "Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde guerre mondiale" et ceux des filières littéraire (L) et économique et social (ES) "L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie".

Ces sujets faisaient craindre des dérapages mais les correcteurs interrogés par l'AFP n'ont signalé, au pire, que quelques copies partisanes et aucune contenant des dérapages de type racistes ou antisémites.

Le ministère de l'Education indique pour sa part n'avoir donné aucune consigne demandant le signalement de propos "djihadistes". La seule chose dite au correcteur est qu'en cas de difficulté (propos racistes, antisémites etc.), il doit en référer au coordinateur qui pourra, s'il hésite sur la conduite à tenir, se tourner vers ses supérieurs hiérarchiques, précise-t-on.

Franck Schwab, professeur à Nancy et président de l'association des professeurs d'histoire et géo en Lorraine, dit avoir repéré quatre ou cinq copies "partisanes", pro-Israël ou pro-Palestine, sur les 63 qu'il a corrigées.

"J'ai été agréablement surpris. Je craignais des défouloirs et ça n'a pas été le cas. Il y a énormément de choses à dire sur le Proche-Orient depuis 1945, il faut rester cohérent dans la composition, avec des connaissances. J'ai trouvé que dans l'ensemble ils s'en étaient bien sortis car ils ont donné la preuve de ce qu'on attend en histoire: la confrontation des points de vue et l'honnêteté", déclare le professeur.