Un site pour repérer les risques de suicides chez l'enfant
Conçues avec l'aide d'une douzaine d'experts, dont les psychiatres Boris Cyrulnik, Philippe Jeammet, Xavier Pommereau, ces fiches pédagogiques doivent "fournir à l'entourage les informations pour mieux repérer les signaux d'alerte, comprendre l'état de l'enfant et adopter le comportement adéquat", explique l'association dans un communiqué.
"Cette démarche (...) répond au déficit d'information exprimé par les parents, tant en amont de la prise en charge, que pendant le suivi médical ou psychologique de leur enfant", ajoute-t-elle. Ces fiches sont accessibles sur le nouveau site de l'association.
Dans les 243 cas de suicides que l'association a étudiés depuis 1997, 65% des parents n'ont pu identifier les signes avant-coureurs avant le passage à l'acte, explique l'association soulignant la difficulté de "faire la distinction entre le comportement adolescent et celui d'un mal-être latent et profond".
Fugue, scarification, décrochage scolaire, violence, trouble alimentaire grave, dépendances, irritabilité, nervosité, anxiété, repli sur soi, troubles du sommeil, état dépressif, tentative de suicide sont autant de signaux.
Mais "c'est leur cumul, ou leur survenue comme une rupture par rapport au comportement habituel, qui doit alerter l'entourage sur un mal-être profond et donc un risque suicidaire", observe-t-elle.
L'association détaille aussi avec précision la manière d'adopter un comportement adéquat possible alors que par méconnaissance, l'entourage est susceptible d'aggraver "involontairement" l'état de l'enfant. Ces fiches fournissent en outre des renseignements pour orienter vers le soin et la thérapie.
L'association insiste enfin "sur l'impérieuse nécessité d'associer l'entourage à la démarche thérapeutique des jeunes". "Les parents tiennent une place déterminante dans l'amélioration de l'état de l'enfant. Pourtant, confrontés aux situations de mal-être, ils sont trop souvent tenus à l'écart du diagnostic et ne reçoivent, dans la majorité des cas, aucun conseil de la part du praticien", déplore-t-elle.
"Les mentalités restent encore à évoluer pour cesser d'associer les parents à la cause des troubles de leur enfant", commente de son côté Xavier Pommereau, Psychiatre, Chef du Pôle aquitain de l'adolescent au CHU de Bordeaux. "Aujourd'hui, l'immense majorité des enfants sont désirés et choyés. Les troubles sont souvent liés à une situation douloureuse, dans laquelle les parents sont aussi victimes que leurs enfants", a-t-il ajouté.
Il observe que l'on ne peut pas soutenir un adolescent, sans s'occuper de la souffrance parentale. "Par expérience, l'adhésion des jeunes gens aux soins s'en trouve améliorée, même quand ils sont en conflit avec leurs parents", dit-il. En 2012, 33 décès par suicide chez les 1-14 ans et 464 chez les 15-24 ans ont été répertoriés en France, selon des données de l'Observatoire national du cancer.
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