Parole d'engagés : Patricia, infirmière, 52 jours sans voir ses enfants

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FranceSoir
Publié le 10 mai 2020 - 13:14
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Parole d'engagés : Patricia
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leo2014 de Pixabay, francesoir
Parole d'engagés : Patricia, infirmière, 52 jours sans voir ses enfants
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Patricia est infirmière libérale à Cahors, elle n’a pas vu ses enfants depuis le début du confinement.  Elle est restée mobilisée, devant faire face à des problèmes tout d’abord d’incompréhension des patients puis, après, de matériel.

 

FranceSoir : Comment êtes-vous monté dans le TGV COvid 19 ?

Patricia : En marche, en se raccrochant à tout ce que l’on avait à se mettre sous la main, car nous n’avions que peu d’information et pas beaucoup de moyens. Ce fut donc très compliqué et violent pour les patients et pour nous.
On a dû faire avec les moyens du bord : appel aux pharmaciens et à tous les organismes qui peuvent délivrer des masques et gels quand ils en ont.  Et sans parler des surblouses qui étaient impossibles à trouver.  On avait droit à six masques par jour, ce n’est rien quand on doit voir 40 patients.
Les patients étaient très angoissés par la situation : Il y avait beaucoup de pression relatée par la presse. Nous voir arriver en blouse et masquées, était très anxiogène pour les patients car eux n’en avaient pas. Cela a entraîné des réactions violentes verbalement des patients « pourquoi nous et pas vous ».  Certains ne voulaient plus que l’on rentre chez eux, on a dû faire 

les soins et les injections sur le pas de la porte.

La charge de travail a été bien plus élevée qu’à la normale. En fait, tout prend plus de temps : l’hygiène et la prévention, changer de blouse entre chaque patient, tout cela est très chronophage. Maintenant ça va mieux, mais il a fallu du temps.

 

FS : A quoi ressemble votre quotidien ?

Patricia : Je commence plus tôt, de 6h30 à 13h30 et on reprend à 14H30 et finit vers 20h. On voit en moyenne 40 patients par jours.  Je n’avais pas de remplaçant au cabinet donc nous avons travaillé 7 sur 7 avec un jour de repos par ci par là.
En confinement, j’ai été éloignée de tout le monde. Pour certaines de mes collègues avec des enfants en bas âge, elles ont eu besoin de faire un sas de décontamination avant de rentrer chez elle.
Mes enfants sont confinés ailleurs et j’ai passé 52 jours sans les voir. Je n’avais pas le choix.  On est dans une période d’urgence et je me suis occupée des cas qui en avaient besoin. 

Les patients d’abord parce que l’on sait que la famille va bien.

 

FS : Qu'avez-vous appris de tout ça ?

Patricia : La solidarité a ressurgi. On a vu certaines personnes devenir plus égoïstes et d’autres personnes ont montré beaucoup d’humanité.
On est allé au-delà de ce que l’on pensait pouvoir faire et j’ai pu voir beaucoup d’ambivalence, avec d’un côté de la compassion et de l’autre de l’égoïsme et de l’indifférence.  La peur et l’angoisse déclenchent probablement cet égoïsme.

 

FS : Comment envisagez-vous le déconfinement ? et la période pré-estivale ?

Patricia : Pas facile, car les choses sont très précipitées.  Les gens pensent que la crise va se terminer du jour au lendemain. Il faut sortir du confinement avec prudence et intelligemment sinon on tombera dans une période plus contraignante. Cela passe avant tout par une prise de responsabilité individuelle. Hier, je suis sortie une heure prendre l’air, il faisait très beau. Il y avait beaucoup de gens sans masque, dehors, avec de l’insouciance.  Cela m’a alerté.

Je n’ai pas le temps de penser aux vacances alors que j’ai entendu quand même pas mal de gens se projeter dans les vacances. Je devais déménager et je n’ai même pas pu le faire donc je ne suis pas chez moi.

Après j'aurais besoin d'un peu de temps pour moi.

 

 

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