Un beau matin, un petit bouton

Auteur(s)
Treez Gerdall pour FranceSoir
Publié le 21 août 2020 - 18:12
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Un bouton
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FranceSoir
Un beau matin, un petit bouton
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FABLE : un beau matin, un jeune homme se réveilla avec un nouveau bouton.           

Il était pourtant en parfaite santé, dynamique, on le disait brillant, il portait beau. Par conviction, il était progressiste et sous-entendait presque naïvement que cela suffisait comme fondement à un avenir radieux. Il était aussi raisonnable et pour faire la part des choses, il prônait la philosophie du juste milieu. La situation du bouton en position extrême de sa fesse droite était un mauvais signe. Ce bouton n’était pas bien gros mais l’irritait. Notre homme, fier de son image et, en même temps, conscient de sa précarité, était quelque peu hypocondriaque, ce bouton l’inquiétait. Il prit rendez-vous chez un spécialiste.

Le spécialiste l’examina, consulta quelques notes. Comme tout bon French Doctor, il considérait l’anglais comme l’idiome revêche de la perfide Albion mais force oblige, il relut consciencieusement et en diagonale un article paru dans le Lancet puis un autre dans Science et finit par conclure in petto, que tout cela le laissait perplexe. Il ne pouvait vraiment se prononcer. Bien sûr, un tel bouton paraissait peut-être bénin… Mais de nos jours... Un de ses collègues chinois lui avait récemment décrit une maladie commençant comme ça, avec un simple furoncle… et… Bref… « Je ne veux prendre aucun risque ni pour vous, ni pour vos proches, c’est peut-être viral » dit le médecin,

« En attendant la mise au point d’un traitement chimique, je vous demande de porter un bâillon hermétique sur la bouche, un bandeau sur les yeux, de revêtir une camisole de force et de vous enfermer à double tour dans votre chambre pendant 2 mois sans oublier de faire une danse du ventre au moins 2 fois par jour. »

« Mais enfin » osa l’homme, « votre traitement n’a rien à voir avec mon bouton. »

« Ah bon ? C’est vous l’expert ? » rétorqua le médecin hors de lui face à une telle impertinence « je vous dis que cela est, peut-être, catastrophique… Enfin, éventuellement...
Pourquoi voulez-vous absolument faire prendre des risques insensés à votre entourage ? Mes collègues ont déjà pratiqué un traitement équivalent, il a parfaitement fonctionné sur des cas moins graves que le vôtre. Et d’ailleurs, tous les grands spécialistes, en l’absence d’autres solutions recommandent cette démarche ; ils ne peuvent se tromper. »

« Mais comment vais-je faire pour vivre ? Je dois travailler, j’ai une famille à nourrir. »

« Vous pensez que ça ira mieux pour votre famille lorsque vous serez mort ? Le principe de précaution, vous connaissez ? Mais enfin, sur quelle planète vivez-vous ? Allez, pas de temps à perdre il est déjà presque trop tard. Vous avez des amis ? De la famille ? Faites un emprunt, vous les rembourserez lorsque vous irez mieux. »

 

L’homme prit peur. En effet, à des milliers de kilomètres des gens mourraient… peut-être… en masse… Disait- on… Qui sait ?... Il s’exécuta. Au bout de quelques jours à peine, le bouton devint moins douloureux et entama une nette décrue. Il appela le médecin.

« Alors ! Vous voyez bien que mon traitement fait des miracles, surtout la danse du ventre, vous ne vouliez pas me croire ! » lui dit le médecin enthousiasmé par le bienfondé de sa thérapeutique. Il resta néanmoins inflexible :

« La rechute est inéluctable. Il faut suivre le traitement jusqu’au bout !... D’ailleurs, lorsque vous grattez très fort, ça fait un peu mal, n’est-ce pas ? »

 

Ses économies ayant fondu, notre homme dut vendre son appartement. L’appartement fut bradé dans l’urgence. Le bouton quant à lui, disparut en dix jours mais l’homme succomba à ses dettes.

 

Le médecin, sous les acclamations enfiévrées de ses pairs, fût reçu à l’Académie, obtint une chaire au Collège de France et la médaille d’or de l’Inserm pour l’efficacité révolutionnaire de son traitement non chimique et donc respectueux de la planète.

Mettant à profit sa notoriété et son expertise, il collabora avec un laboratoire pharmaceutique bénéficiant de fonds publics spécialement débloqués pour la recherche. Ils développèrent une poudre pour le traitement de fond de ces probables dangereux furoncles. Les « Access Marketeurs » travaillèrent dur. Nonobstant quelques effets secondaires négligeables mais néanmoins hallucinogènes, ils obtinrent que le « Perlinpinpintor » apparemment difficile à fabriquer et donc très cher, soit intégralement remboursé. Ceci contribua, si légèrement, à agrandir le trou de la sécurité sociale. En vertu d’une protection collective non encore parfaitement démontrée, il est depuis administré de manière préventive et obligatoire, dès le plus jeune âge, sous la forme de pilules certes assez dures à avaler.

 

La santé mérite bien quelques sacrifices…

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