Après des récoltes désastreuses, l'exécutif annonce des mesures pour soutenir les céréaliers

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 octobre 2016 - 17:44
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Le gouvernement a dévoilé ce mardi matin un nouveau plan d'aide à l'agriculture et notamment les céréaliers.
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Le gouvernement a dévoilé ce mardi matin un nouveau plan d'aide à l'agriculture, pour soutenir en particulier les céréaliers dont les récoltes ont été décimées par les intempéries du printemps, et les éleveurs toujours englués dans la crise.

Principale mesure annoncée par Manuel Valls: l'Etat va garantir la moitié des prêts des agriculteurs en difficulté, afin de leur permettre d'emprunter auprès de leurs banques aux mêmes taux que s'ils étaient en bonne santé financière.

Face à une récolte céréalière en chute de près de 30% après les intempéries catastrophiques du printemps, qui s'ajoute à une crise persistante de l'élevage et du secteur laitier, l'exécutif avait promis un plan de soutien dès juillet. Notamment en matière de refinancement bancaire, alors que de nombreux agriculteurs sont étranglés par les dettes.

Le gouvernement va également augmenter l'enveloppe attribuée aux aides à la reconversion professionnelle des agriculteurs et mettre en place avec la Sécurité sociale agricole (MSA) des possibilités de remplacement gratuit pour les exploitants victimes d'épuisement professionnel ("burn out"), mais aussi davantage de retraites anticipées, a précisé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.

"Il fallait ces mesures fortes pour répondre à la situation d'urgence créée par la conjugaison d'accidents climatiques et de crise de marché. Pour éviter des dépôts de bilan massifs et permettre aux exploitants agricoles de passer ce cap difficile", a jugé Manuel Valls.

Entre 50.000 et 80.000 exploitants devraient bénéficier de la garantie publique, selon le gouvernement. Concrètement, l'Etat va abonder un fonds de garantie, via la banque publique Bpifrance, à hauteur de 50 à 100 millions d'euros. Ces fonds doivent à leur tour permettre aux banques privées (Crédit agricole, Crédit mutuel et Banque populaire, les trois poids lourds du secteur agricole) de prêter 1,5 milliard d'euros.

Objectif : "que les taux d'intérêt soient les plus bas, quelle que soit la situation de l'agriculteur", selon M. Le Foll. En cas de non-remboursement, l'autre moitié des pertes restera à la charge des banques privées, afin d'éviter des effets d'aubaine.

Le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, a estimé "important" que le gouvernement prenne acte de la situation de crise, tout en demandant une clause de revoyure du dispositif dès la fin novembre. Il a estimé que les mesures sociales n'étaient pas "suffisantes".

Jérémy Decerle, président de Jeunes Agriculteurs, a indiqué qu'il serait "très vigilant sur la destinée des exploitations" dont les propriétaires choisiraient de sortir de l'agriculture. "C'est bien d'accompagner les gens vers la sortie, ce serait encore mieux s'il y avait en parallèle un accompagnement vers l'entrée" dans le métier, a-t-il déclaré.

Sur le terrain, dans l'Essonne, un agriculteur céréalier joint par l'AFP, s'est contenté de soupirer, en requérant l'anonymat: "Le problème avec ce plan, c'est qu'il faut encore s'endetter. Quand on a la corde autour du cou, et qu'on est sur le tabouret, il n'y a plus qu'à pousser le tabouret." "Il me faudrait deux ans de chiffre d'"affaires pour rembourser la totalité de ce que je dois aux banques" ajoute cet agriculteur, qui a vu son rendement de blé chuter de 50% cette année, et celui du colza de 30%.

Arnaud Rousseau, céréalier en Seine-et-Marne (FDSEA), dont la production a chuté de 60%, a un sentiment "plutôt mitigé": "Le cautionnement public, c'est bien, mais je ne suis pas persuadé que ça va concerner beaucoup d'entreprises."

Philippe Pinta, président de l'AGPB (producteurs de blé), relève du "positif", mais appelle de ses voeux une "aide exceptionnelle" de l'Europe: "Il faut que le gouvernement fasse en sorte qu'on puisse décrocher quelque chose de conséquent de Bruxelles". "Une nouvelle fois, le Premier ministre ne pose pas la question des origines de cette crise, et reste donc trop éloigné de véritables solutions", a réagi la Confédération paysanne, qui se félicite toutefois des "mesures sociales" prises.

Les récoltes céréalières de 2016 ont été désastreuses en France, avec le rendement le plus bas depuis une trentaine d'années. La France va d'ailleurs perdre son rang de premier exportateur européen de blé. Le gouvernement a déjà adopté un plan de soutien à l'élevage en juillet 2015, pour un montant de 700 millions d'euros.

 

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