Après la victoire de François Fillon, le FN s'interroge sur sa dangerosité pour Marine Le Pen
Premier angle d'attaque pour David Rachline, directeur de campagne présidentielle de Marine Le Pen interrogé par l'AFP: le "projet économique délirant" de M. Fillon, ses 500.000 fonctionnaires de moins ou la hausse de la TVA qu'il souhaite, "comme Alain Juppé". "Le plus ultra de tous. Le débat sera clair et net!" a abondé Florian Philippot, vice-président du parti d'extrême droite. "Thatcher et Reagan" réunis, selon le conseiller régional FN Bertrand Dutheil de la Rochère, ex-chevènementiste.
Pour Nicolas Bay, secrétaire général du FN, François Fillon a par ailleurs été à Matignon entre 2007 et 2012 le "chef d'orchestre" de la politique sarkozyste, coresponsable du "million d'étrangers entrés en 5 ans" et de l'"explosion de la dette et du chômage".
Hors micro, un "mariniste" juge dans une formule ambivalente le choix Fillon "pas forcément mauvais" pour le FN, car le "report des voix de gauche ne sera pas bon" sur celui qui en 2013 avait dit vouloir voter pour le "moins sectaire" entre un frontiste et un socialiste.
Pour lui, l'ancien Premier ministre est plus à portée qu'Alain Juppé, mais moins que Nicolas Sarkozy, qualifié par Marine Le Pen de "meilleur adversaire". "C'est un effet d'optique, ce Fillon: un programme très antisocial, un électorat très âgé, donc cela ne nous touche pas" abonde un autre proche de Mme Le Pen. Dans les sondages de second tour publiés en 2016, Fillon a pourtant été constamment donné gagnant face à Marine Le Pen, avec une marge de 20 à 28 points.
Un frontiste est d'ailleurs plus pessimiste: une victoire à la primaire de celui qui a écrit Vaincre le totalitarisme islamique (Ed. Albin Michel) ne serait pas "une bonne nouvelle" pour le FN. "Une grande partie des conservateurs et des catholiques traditionnels auront moins l'impression de se boucher le nez pour voter. Ca coupe des possibilités, donc moins d'espace pour le FN".
M. Fillon, soutenu par Sens commun, émanation de la Manif pour tous au sein de LR, a "siphonné" les voix de la "droite hors les murs", celles tentées par Philippe de Villiers, Éric Zemmour ou Robert Ménard. "Un risque aussi pour Marine Le Pen en 2017", note Karim Ouchikh, patron du petit parti Siel, qui a récemment rompu son alliance avec le FN au sein du Rassemblement bleu marine, tout en maintenant son soutien à Marine Le Pen pour la présidentielle.
Le FN a d'autres raisons de s'inquiéter: François Fillon se rapproche du FN sur le souhait d'une diplomatie rééquilibrée en faveur de la Russie et de l'Iran, au détriment des Etats-Unis et des sunnites; s'il est net vainqueur du second tour, il deviendrait leader naturel de la droite, ce qui selon le FN manquait aux "Républicains".
Toutefois, pour un ancien assistant parlementaire de l'eurodéputée Sophie Montel, "le vrai danger que fait peser Fillon est pour Debout la France" et son candidat Nicolas Dupont-Aignan, car il va manger sur son "électorat bourgeois conservateur droitisé".
Sur Twitter, les frontistes s'écharpaient par ailleurs sur le sens à accorder au score de 1,5% du très conservateur Jean-Frédéric Poisson, qui dans ce scrutin avait la "préférence" du vice-président FN Louis Aliot ou de la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, rappelée samedi dans un tweet.
Florian Philippot et son directeur de cabinet Joffrey Bollée ont vu dans le score de M. Poisson "une réalité qui va en frapper plus d'un" et un "échec patent". Mme Montel, proche de M. Philippot, a raillé "le poisson (qui) s'est noyé".
Conseiller de Marine Le Pen, Éric Domard y a aussi vu un "échec cinglant du courant conservateur, confessionnel, obnubilé par les sujets sociétaux". "Erreur d'analyse", lui a rétorqué Axel Loustau, proche de Marine Le Pen qui pourrait avoir une main sur les finances de la campagne présidentielle: "Hormis l'anecdotique M. Poisson, Fillon est le plus conservateur...".
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.