Après la violente charge d'Aubry, le PS fracturé et Hollande discret

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 février 2016 - 15:39
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Martine Aubry.
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©François Lo Presti/AFP
"J'ai des discussions avec le président de la République, il me semble que nous partageons l'essentiel", ce qui ne serais pas le cas avec Manuel Valls, a déclaré Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry.
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Le Parti socialiste apparaît divisé, et même fracturé, au lendemain de la tribune au vitriol signée par Martine Aubry et des personnalités de gauche parue mercredi. Quelles conséquences pour la majorité? Qu'envisage de faire la maire de Lille? Hollande a-t-il encore une majorité? Eléments de réponses.

A quatorze mois de la présidentielle, le PS apparaît au bord de l'explosion, après la charge sans précédent de Martine Aubry et de 17 autres personnalités de gauche via une tribune publiée dans Le Monde, mercredi 24.

> Quelles conséquences pour la majorité?

Après la sortie de la maire de Lille, le PS apparait fracturé en deux. Au sein du Bureau national du parti, les "aubrystes" (18% des voix), qui avaient signé la motion gouvernementale au dernier congrès de 2015, sont majoritaires si on les additionne à la motion B conduite par le frondeur Christian Paul (30%) et à la motion D de Karine Berger (9%), calcule de le député Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry. A l'Assemblée, ces trois courants comptent une centaine de parlementaires, et le nombre des contestataires a pu monter jusqu'à "150-170" sur l'amendement Ayrault-Muet pour une réforme fiscale ou la déchéance de nationalité, rappelle le député.

Auprès de l'AFP, le député PS Christophe Caresche pointe une "rupture profonde" qui ne "peut se traduire que par un soutien à un candidat qui ne sera ni François Hollande ni Manuel Valls". "On n'a jamais vu ça depuis Giscard/Chirac!", souligne-t-il, en référence à la guerre sans merci que s'étaient menée en 1981 le président Valéry Giscard d'Estaing et son ancien Premier ministre.

Frédéric Dabi de l'Ifop évoque une crise "inédite" et une majorité socialiste "très divisée, voire en miettes". "On n'avait pas vu sous les quinquennats précédents une protestation aussi forte d'un camp du parti majoritaire". Au PS, on tente toutefois de relativiser l'ampleur de la division, en rappelant que le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a lui-même exprimé dès la semaine dernière des réserves sur le projet de loi travail: "Martine Aubry arrive après comme d'habitude".

> Quels débouchés politiques?

Que souhaite vraiment Martine Aubry, ancienne première secrétaire du PS et candidate défaite à la primaire PS de 2011 face à François Hollande? La présidentielle de 2017, "ce n'est pas du tout mon projet", a assuré la maire de Lille sur RTL. Son objectif n'est pas non plus de "(se) placer dans l'optique des primaires", a-t-elle dit à La Voix du Nord. "Mon projet c'est d'aider la gauche à réussir", a encore affirmé Mme Aubry. Son lieutenant Jean-Marc Germain explique que l'objectif est de sortir dans les deux mois qui viennent des "impasses" dans lesquelles est enferré le PS (sur la déchéance de nationalité, la question de l'accueil des migrants, le pacte de responsabilité, la loi travail) pour "avoir une chance de gagner la présidentielle".

Le président pourrait-il voir se dresser sur sa route un candidat de "l'autre gauche" en 2017? "Quand on aura réglé le présent, on verra qui on choisit pour demain", dit Martine Aubry. Interrogée sur l'idée d'une primaire des gauches, lancée par deux des co-signataires de la tribune, Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot, Martine Aubry a estimé que François Hollande n'avait "pas besoin" de se plier à l'exercice, mais qu'il devrait avoir lieu s'il n'était pas candidat à sa réélection.

> Que peut faire François Hollande?

Le président de la République, en déplacement Amérique du Sud, n'a pas réagi pour l'instant à la tribune de Martine Aubry. Avec le remaniement et le maintien de Manuel Valls à Matignon, les aubrystes ne peuvent que constater, comme le député François Lamy, que François Hollande a "choisi et conforté" la ligne politique du Premier ministre, malgré leurs avertissements.

Les signataires de la tribune ont toutefois pris soin dans leurs attaques de cibler principalement Manuel Valls, comme pour laisser une chance au chef de l'Etat de changer son fusil d'épaule, et de repartir à la conquête de la gauche qui l'a élu. "J'ai des discussions avec le président de la République, il me semble que nous partageons l'essentiel", a déclaré M. Germain à l'AFP.

Le Premier ministre balaye l'argument. "Je ne suis pas un pousse-au-crime (...). Le président a décidé de ces arbitrages", a-t-il affirmé au Monde, en critiquant une "tribune de proclamation" où "il n'y a pas un début de proposition".

 

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