Attaque de l'Arc de Triomphe : qui est "Sanglier", ex-JNR proche d'Ayoub et incarcéré

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Pierre Plottu
Publié le 18 janvier 2019 - 14:29
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Violences à l'Arc de Triomphe, gilets jaunes Acte 3 le 1er décembre
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©Lucas BARIOULET/AFP
Des militants d'extrême droite radicale ont participé aux violences contre les forces de l'ordre autour de l'Arc de Triomphe, le 1er décembre dernier.
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Gros bras et crâne rasé, "Sanglier" vient d'être incarcéré dans le cadre de l'enquête ouverte suite au saccage de l'Arc de Triomphe le 1er décembre dernier lors de "l'acte 3" des Gilets jaunes. Ancien légionnaire, ce "cogneur" est tout sauf un inconnu au sein de la mouvance de l'ultra-droite radicale.

A son domicile ont été retrouvés des drapeaux nazis à croix gammée, une photo d'Hitler mais aussi " de nombreuses armes", révèle Le Parisien. Sébastien F., alias "Sanglier" figure parmi les 14 mis en examen dans le cadre de l'enquête suite à l'attaque de l'Arc de Triomphe, le 1er décembre dernier, alors que les affrontements entre Gilets jaunes et forces de l'ordre battaient leur plein. Initialement placé sous contrôle judiciaire, ce militant de la droite la plus radicale et adepte du coup de poing a été placé en détention provisoire dans le cadre de cette enquête jeudi 17 au soir.

L'"Acte 3" de la mobilisation des Gilets jaunes le 1er décembre a marqué jusqu'ici l'acmé des violences. La place de l'Etoile a été le théâtre de véritables scènes d'émeute, où se sont succédé pendant des heures charges et contre-charges dans une atmosphère saturée de gaz lacrymogène. Les forces de l'ordre ont dû à plusieurs reprises battre en retraite face à la virulence des manifestants assistant notamment, impuissantes, au vandalisme de l'Arc de Triomphe.

Lire- Acte III des "gilets jaunes": trois mois de prison et du sursis pour des jeunes d'extrême droite

Le Parisien révèle pourtant que l'enquête ouverte suite à ces dégradations et à l'intrusion dans le monument suit son cours. Ce sont à ce stade 14 personnes qui sont mises en examen dans ce dossier même si, souligne le quotidien, "les principaux auteurs ne semblent pas encore avoir été identifiés".

Les profils sont ainsi plutôt ceux de manifestants "lambda" interpellés pour avoir été là, mais sans apparaître réellement comme de vrais "casseurs". Parmi les 14 suspects, trois sont toutefois plus clairement impliqués selon Le Parisien: deux lycéens et un militant bien connu de l'extrême droite radicale.

Ce dernier, surnommé "Sanglier", âgé de 40 ans et ancien légionnaire au 2e Régiment étranger de parachutistes, est donc un nostalgique du IIIe Reich collectionnant les symboles nazis et les armes. Célibataire vivant chez ses parents et sans emploi, c'est un costaud au crâne rasé, dont le look bombers-rangers ne passe pas inaperçu. Un de ces militants radicaux qui ne fait pas que tendre le bras.

Militant actif de l'ultra-droite radicale -il est décrit localement comme un "faf (ou "facho") historique"-  "Sanglier" est un habitué des mobilisations organisées par la mouvance à Paris comme à Besançon, sa région natale. Il est ainsi passé par les groupuscules nationalistes-révolutionnaires d'inspiration fasciste "Troisième voie" et les "Jeunesses nationalistes révolutionnaires" (JNR), deux groupes de skinheads violents dissous en juillet 2013 suite à l'implication de plusieurs de leurs membres dans la mort du jeune antifasciste Clément Méric.

Des militants d'extrême gauche qui ont croisé sa route nous décrivent un adepte de la bagarre, un cogneur. Des vidéos d'agressions auxquelles il est mêlé circulent par ailleurs. "N'importe quoi! Je ne l'ai jamais vu lever la main sur qui que ce soit, même pas lever la voix", réfute Serge Ayoub, fondateur et leader des JNR, joint par France-Soir.

C'est au sein de ce groupuscule réputé violent que Sébastien F. est devenu proche de Serge Ayoub. Preuve de cette proximité: "Batskin", le surnom de cet historique des skinheads d'extrême droite, a appelé "Sanglier" pour prendre la température après ce fameux 1er décembre. "J'ai contacté Sébastien à propos de ce graffiti", nous confirme l'intéressé.

Puis celui qui nie toutefois être proche du mis en cause d'ajouter: "C'était par SMS ou par MP (message sur les réseaux sociaux, NDLR). Il m’a déclaré qu’il n’avait fait aucun graffiti et que de plus, en tant qu’ancien légionnaire, il avait évidemment protégé la flamme du soldat inconnu. Je l’ai cru et je le crois encore". Selon nos informations, cette défense colle avec la version qu'a donnée "Sanglier" aux enquêteurs.

Un "arsenal" découvert au domicile de "Sanglier"

Serge Ayoub a beau se défendre de toute proximité avec Sébastien F. ("je connais beaucoup de gens vous savez..."), les deux hommes se côtoient pourtant de longue date. D'abord, dès le début des années 2010, aux JNR donc. Puis au nouveau groupe qui a succédé après les dissolutions de 2013: les "Praetorians", un club de motards sis à Soissons et se voulant "apolitique" mais peuplé d'ex-skins nationalistes-révolutionnaires. "Sanglier" a même participé à la création de la section locale, le "Chapitre Est", du groupe à Besançon sans grand succès, tout en continuant à grenouiller dans les différents groupuscules radicaux locaux.

Les "Praetorians" se sont depuis affiliés à un club de motards allemand musclé, sorte de Hells Angels d'Outre-Rhin et un temps interdit, le Gremium. Sur la page Facebook du "Gremium MC France", Sébastien F. pose sur des photos assez récentes avec le blouson du club et aux côtés de "Batskin", toujours leader, ou des frères Bettoni (crânes rasés ultras auxquels Libération a consacré un portrait en 2014).

Lors de la perquisition au domicile de Sébastien F., outre l'attirail nazi, c'est tout un "arsenal" qui a été découvert, nous explique le journaliste Thimothée Boutry du Parisien. Et de lister notamment quatre fusils, dont deux à pompe, deux fusils de la Première Guerre mondiale, des armes blanches (poignards, poings américains...) et de "nombreuses munitions".

"On est dans le Doubs, on chasse", balaye Serge Ayoub. "Ce sont des armes de chasse, de famille. Même si Sébastien n'a pas le permis de chasse, ses parents l'ont", affirme-t-il, soulignant que "si ça avait réellement été un «arsenal», il n'aurait pas été relâché (Sébastien F. était sous contrôle judiciaire avant son placement en détention provisoire de ce jeudi, mais l'enquête sur les armes a été disjointe et confiée au parquet de Besançon, NDLR)".

"Sanglier" n'est pas le seul militant de l'extrême droite radicale de premier plan à s'être fait remarquer le 1er décembre. Des bagarres entre "fafs" et "antifas" ont même émaillé la mobilisation parisienne, comme la rencontre entre Yvan Benedetti et des militants de gauche radicale. La droite ultra qui défilait ce jour-là derrière une banderole "Le peuple aux abois/Tuons le bourgeois" en référence à Evola, s'est même offert le luxe d'une photo de famille sur la place de l'Etoile. Et a revendiqué au passage avoir fait "cavaler" ses adversaires politiques.

Six jeunes du groupe, ultranationalistes comme il se doit, ont également été condamnés le 10 janvier pour leur participation aux violences. Parmi eux, un certain Marc de C., descendant d'une très ancienne famille de la noblesse française et qui, à 20 ans, compte déjà parmi les leaders de l'ultra-droite parisienne.

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