Caisses occultes au Sénat : Fillon soupçonné d'avoir touché des fonds détournés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 janvier 2017 - 15:39
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©Benoît Tessier/Reuters
Pour Mediapart, l'ex-Premier ministre "s'est mis dans la poche une partie des crédits théoriquement réservés à la rémunération d'assistants, grâce à un système de commissions occultes".
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Déjà empêtré dans l'affaire d'emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, François Fillon pourrait être visé prochainement dans une enquête sur des détournements de fonds publics. Selon le "JDD" et Mediapart, il aurait empoché une partie des crédits réservés à la rémunération des assistants à l'époque où il était sénateur.

François Fillon a-t-il bénéficié de fonds occultes quand il était sénateur? Il n'est pas visé par l'enquête en cours sur des soupçons de détournement de fonds publics au profit de sénateurs de l'ex-UMP mais aurait perçu des sommes provenant de cette cagnotte, selon le JDD et Mediapart. Le Journal du dimanche (JDD) affirme qu'entre 2005 et 2007, alors sénateur UMP de la Sarthe, "François Fillon a perçu sept chèques à son nom", un par trimestre, pour "un montant total de l'ordre de 21.000 euros" correspondant à des "reliquats de crédits d'assistants".

Pour Mediapart, l'ex-Premier ministre "s'est mis dans la poche une partie des crédits théoriquement réservés à la rémunération d'assistants, grâce à un système de commissions occultes". Samedi soir, le site d'informations estimait que les "sommes siphonnées" ne dépassaient "sans doute pas les 25.000 euros". Ces nouvelles accusations tombent mal pour le candidat de la droite à la présidentielle, empêtré dans l'affaire d'emplois présumés fictifs de son épouse Penelope et qui devait tenter dimanche de relancer une campagne en berne par un grand meeting à Paris.

Contacté dimanche matin par l'AFP, l'entourage de François Fillon a dit qu'il ne faisait "aucun commentaire sur une affaire judiciaire en cours". De son côté, le député Les Républicains Éric Ciotti a déclaré sur franceinfo que cette affaire des caisses occultes "ne concerne ni directement ni personnellement François Fillon". Depuis novembre 2013, deux juges d'instruction financiers enquêtent sur des soupçons de détournement de fonds publics via des caisses occultes au profit de sénateurs ou anciens sénateurs de l'UMP, devenue Les Républicains. L'enquête s'est accélérée ces dernières semaines avec plusieurs mises en examen, dont celles des sénateurs Jean-Claude Carle, ex-trésorier du groupe UMP sénatorial, et Henri de Raincourt, ex-président du groupe et ancien ministre.

Au total, six personnes sont mises en examen dans ce dossier qui concerne la période postérieure à 2009. François Fillon, qui a quitté le Sénat en 2007, ne peut donc être inquiété par la justice dans ce cadre. Mais l'enquête a mis au jour une pratique ancienne, autorisée par le bureau du Sénat depuis 1988, selon l'avocat d'Henri de Raincourt, mis en examen en décembre. Pour Mediapart, ces commissions ont rarement dépassé 4.000 euros par personne et par trimestre, mais "sur douze ans, ce goutte-à-goutte a concerné des dizaines d'élus et les subventions publiques déroutées de leur objet initial se comptent en millions d'euros". Les élus mis en cause ont nié tout détournement en faisant valoir l'autonomie financière des groupes parlementaires.

"Tout ça remonte à la création du groupe UMP, fusion de trois groupes", a réagi dimanche le président du Sénat, Gérard Larcher, au "Grand rendez-vous Europe 1-i>Télé-Les Échos". "Il y a des reliquats pour les trois groupes. L'objet c'est de servir à l'action politique de ces sous-groupes et de leurs membres. Ça fait l'objet d'une enquête sur les conditions de régularité, on va laisser cette enquête se conclure".

Les juges s'intéressent à des sommes remises à des sénateurs en plus de leurs indemnités légales, depuis deux comptes du groupe de l'ex-UMP, et par le biais de deux associations, le Cercle de réflexion et d'études sur les problèmes internationaux (Crespi) et l'Union républicaine du Sénat (URS), un sous-groupe rallié par d'anciens giscardiens et centristes à la fondation de l'UMP en 2002. Les juges s'interrogent notamment sur un système de rétrocession surnommé la "Ristourne": lorsque les sénateurs ne dépensaient pas toute leur enveloppe pour embaucher des assistants, ils reversaient les fonds non utilisés au groupe sénatorial UMP qui en redistribuait une partie aux sénateurs.

 

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