Comptes de campagne 2012 : Nicolas Sarkozy campe sur ses positions

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 février 2016 - 12:15
Image
Nicolas Sarkozy arrive chez les juges.
Crédits
©Thomas Samson/AFP
"Je n'ai rien fait en 2012 de plus ou de moins que ce que j'avais fait en 2007", et toute dépense somptuaire "aurait été relevée par les médias", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de son audition.
©Thomas Samson/AFP
Depuis sa mise en examen mardi 16 pour "financement illégal de campagne électorale", Nicolas Sarkozy campe sur ses positions. L'ancien président de la République réfute tout dérapage de sa campagne.

Il soupçonne du "détournement d'argent", subodore de l'"incompétence" mais réfute tout dérapage de sa campagne. Lors de son audition sur ses comptes lors de la course présidentielle 2012, Nicolas Sarkozy a collé à sa ligne de défense: cette affaire n'est pas la sienne.

Le juge Serge Tournaire l'a toutefois mis en examen le 16 février pour avoir engagé "des dépenses électorales sans tenir compte des deux alertes adressées par les experts-comptables de sa campagne les 7 mars et 26 avril" 2012, selon un compte rendu de l'audition révélé par L'Express et Europe-1, et dont l'AFP a eu connaissance.

Au cœur de l'enquête, deux volets: 18,5 millions d'euros de fausses factures émises par Bygmalion, qui correspondraient à des meetings de Nicolas Sarkozy mais réglées par l'UMP sous couvert de conventions fictives; 10 millions inscrits sur une "ligne présidentielle" du budget 2012 de l'UMP. Avec pour objectif de dissimuler une explosion des dépenses autorisées (22,5 millions) dans le budget de la campagne.

"Je conteste formellement toute idée d'emballement dans le rythme de ma campagne", répond Nicolas Sarkozy. "Je n'ai rien fait en 2012 de plus ou de moins que ce que j'avais fait en 2007", et toute dépense somptuaire "aurait été relevée par les médias", plaide l'ancien président.

Puisque sa campagne serait hors de cause, Nicolas Sarkozy "continue à (se) demander où est passé l'argent". Et pointe le doigt vers Bygmalion, dirigé par des proches de Jean-François Copé, alors président de l'UMP. "A qui profite le délit?", demande-t-il, relevant que le chiffre d'affaires d'Event&Cie, la filiale événementielle de Bygmalion, "passe de 4 MEUR en 2011 à 20 MEUR en 2012".

"La distribution de bénéfices en 2013, une année après ma campagne, ils ne se sont pas gênés", affirme Nicolas Sarkozy qui insiste aussi sur la proximité de Jean-François Copé avec deux patrons de Bygmalion, Guy Alvès et Bastien Millot, ses anciens collaborateurs. "Il y a eu une polémique lorsque j'ai déclaré à la police que partout où il y avait Jean-François Copé, il y avait Bygmalion. Il n'y a pas lieu de polémiquer, c'est la vérité".

Mais comment expliquer cette "ligne présidentielle" de dix millions qui ne concerne pas Bygmalion? Si dans le premier volet, il décèle "clairement une volonté de détournement de l'argent", sur ce second aspect, qu'il ne connaissait pas avant d'avoir accès au dossier, ce serait "plus une légèreté ou une incompétence, qu'une volonté délictueuse". D'un côté, "il y a manifestement un système", de l'autre, "plutôt de la pagaille".

Mais il insiste: il ne touchait pas à la logistique. "Sur toute ma campagne, je n'ai choisi aucun prestataire", "à aucun moment, je ne vois une seule facture. Je ne signe ni ne vise aucun document". Le directeur de campagne, Guillaume Lambert, a dit "avoir évoqué avec moi" la première des notes d'alerte et avoir reçu en retour pour instruction de se "conformer aux recommandations de l'expert-comptable", concède Nicolas Sarkozy: "je n'ai pas le souvenir qu'il m'a parlé, mais puisqu'il le dit, c'est ce que j'ai dû lui dire". Quant à la deuxième note, si elle lui avait été transmise pour lecture, "je l'aurais annotée comme je note absolument tous les documents qui passent entre mes mains".

Et il a signé son compte de campagne sans rentrer dans les détails financiers. "Il y a 46 cartons de factures. Fallait-il que je me plonge dans les 46 cartons?" "La vérité, c'est que je n'ai rien lu". Sa signature engage à ses yeux sa seule "responsabilité administrative" en aucun cas sa "responsabilité pénale", ce qui impliquerait qu'il ait "voulu sciemment violer la loi". Ce qu'il réfute.

Treize responsables de Bygmalion, de l'UMP, de la campagne ou les deux experts-comptables ont également été mis en examen. Le juge n'a pas mis en examen Jean-François Copé.

 

À LIRE AUSSI

Image
Nicolas Sarkozy arrive chez les juges.
Affaire des comptes de la campagne 2012 : Sarkozy mis en examen pour financement illégal
Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, mardi soir, au terme de près de 12 heures d'audition par le juge fi...
17 février 2016 - 08:25
Politique
Image
Nicolas Sarkozy a voté.
Comment la nouvelle mise en examen de Sarkozy peut rebattre le jeu avant 2017
Mis en examen pour financement illégal de sa campagne perdue de 2012, Nicolas Sarkozy peut-il se présenter à la primaire de son camp et, par extension, à la présidenti...
18 février 2016 - 09:38
Politique
Image
Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy : les Français ne croient pas à l'acharnement de la justice
Au lendemain de la nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy, la thèse du complot ne convainc pas les Français. Selon un sondage Elabe, seuls 20% d'entre eux estiment...
17 février 2016 - 19:31
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.