COP21 : un succès personnel pour François Hollande, mais sans garantie pour 2017
Converti de fraîche date à la cause écologiste, François Hollande a obtenu une victoire personnelle avec l'accord sur le climat conclu samedi au Bourget, mais sans garantie aucune pour 2017 et l'éventuel retour des écologistes au gouvernement.
Il y a tout juste un an, le chef de l'Etat se fixait pour objectif de "laisser une trace" dans l'Histoire en arrachant un "accord historique" à l'issue de cette conférence de l'ONU sur le climat (COP21) présidée par la France.
Mission accomplie. Mais le spectaculaire rebond de sa popularité, revenue à ses niveaux de 2012 au lendemain des attentats du 13 novembre, incite plutôt à la prudence: même si les Français ont salué la fermeté de sa réponse à la menace djihadiste, l'effet dans les urnes est resté modeste. Au premier tour des régionales, dimanche dernier, le PS a tout juste limité les dégâts.
"Il faut prendre cet accord pour ce qu'il est et ce qu'il apportera à la planète, comme un moment important de ce quinquennat" mais "il ne faut jamais attendre de bénéfice immédiat de l'action politique", observe un proche du chef de l'Etat.
Plaçant très haut la portée de l'accord obtenu samedi au Bourget, le président Hollande a assuré que la COP21 avait "proclamé les droits de l'humanité", un peu plus de deux siècles après la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Et il ne manquera pas d'ici à la fin de son quinquennat de tenter de capitaliser sur ce succès
Une chose est sûre toutefois: le succès de la COP21 aura reverdi le blason du président, qui n'a jamais fait mystère de sa volonté de convaincre les Verts de revenir au gouvernement. Ils en avaient claqué la porte à l'arrivée de Manuel Valls à Matignon, au printemps 2014. Objectif: mettre la gauche en ordre de bataille derrière lui pour affronter la présidentielle de 2017, avec le retour des écologistes au gouvernement voire l'arrivée de la gauche du PS.
La perspective d'un large remaniement dès le lendemain des régionales s'est cependant éloignée avec les attentats. L'état d'urgence décrété dans la foulée se prolongera au moins jusqu'à la fin février et les ministres régaliens, en première ligne, ont vocation à rester aux commandes.
Quoi qu'il en soit, les premières réactions recueillies samedi par l'AFP dans les rangs écologistes étaient plutôt élogieuses pour le chef de l'Etat. "François Hollande a fait le travail, très clairement", s'est félicitée Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), saluant sa compréhension des "enjeux". Au point de plaider en faveur d'un retour des Verts au gouvernement? "Je n’en sais rien, c’est le sujet d’après", élude un responsable d’EELV.
"Je crois à son engagement écologique", il "a fait le job", abonde le député écologiste François de Rugy, qui a "toujours été favorable à ce que les écologistes retournent au gouvernement" et a claqué la porte d'EELV sur ce désaccord. François Hollande, fait-il valoir, "s’est beaucoup impliqué, très en amont, au niveau international comme au niveau français avec la loi de transition énergétique", un "tournant manifeste" intervenu selon lui en milieu de mandat.
"Celui qui aura réussi à remettre la France au cœur de l’action écologique mondiale, c’est François Hollande", se félicite le sénateur Jean-Vincent Placé qui a quitté EELV pour créer, avec M. de Rugy, l'Union des démocrates et écologistes (UDE). Le sénateur lance ainsi un "appel" à ses "ex-amis" à "réviser leur orientation et leur stratégie dès le lendemain des régionales" pour "se remettre très clairement dans la majorité présidentielle derrière le président, pour préparer la suite".
A droite aussi, l'action de l'exécutif a été saluée par l'ancien Premier ministre François Fillon: "la France et sa diplomatie peuvent être fières du travail accompli".
La conversion de François Hollande n'allait pourtant pas de soi. Ce sont, a-t-il lui-même expliqué, les rapports "accablants" du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui l'ont "pleinement convaincu que le sort de l'humanité" était en jeu avec le réchauffement climatique.
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