Copé entendu par un juge dans l'affaire des comptes de campagne de 2012

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 08 février 2016 - 12:03
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JEan-François Copé.
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©Benoit Tessier/Reuters
Jean-François Copé était entendu lundi par un juge financier dans l'enquête sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.
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Jean-François Copé était entendu lundi par un juge financier dans l'enquête sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, époque à laquelle il dirigeait l'UMP, le parti du président-candidat.

L'audition du député-maire Les Républicains de Meaux, qui avait été contraint à la démission par cette affaire, se déroule sous le statut de témoin assisté, ont annoncé des sources proches du dossier à l'AFP. Les investigations portent sur un système de fausses factures qui aurait été destiné à dissimuler une explosion du plafond légal des dépenses de 22,5 millions d'euros. Ces faux auraient eu pour objet d'imputer à l'UMP, alors dirigée par Jean-François Copé et devenue depuis Les Républicains, environ 18,5 millions d'euros de dépenses relevant en fait des comptes de la campagne Sarkozy.

L'ancien chef de l'Etat, qui préside aujourd'hui LR, pourrait être convoqué à son tour prochainement, selon des sources proches du dossier. A la genèse de l'affaire, les soupçons semblaient se concentrer sur l'entourage de Jean-François Copé et la direction de Bygmalion. Selon les patrons de Bygmalion, dont certains sont des proches du député-maire de Meaux, ce stratagème aurait notamment été imposé à la société de communication. Ils ont reconnu avoir facturé des conventions UMP fictives pour couvrir des dépenses de meetings.

Jean-François Copé affirme ne jamais avoir eu vent de ce dispositif avant une réunion mi-mai 2014, au lendemain de révélations de Libération. "Abasourdi" et "trahi", il aurait alors compris "la réalité du délit (...) commis derrière (son) dos, à savoir la prise en charge par l'UMP de dépenses de la campagne présidentielle", a-t-il dit aux policiers le 28 juillet lors d'une audition libre.

"Si j'avais été informé des pratiques délictuelles qui ont donné lieu à cette affaire, je m'y serais totalement opposé", "c'est sans aucun doute pour cela qu'on ne me l'a jamais dit", a-t-il encore assuré.

De son côté, Nicolas Sarkozy a relevé le 4 septembre devant les enquêteurs qu'en 2012, il n'était "plus le dirigeant de l'UMP".

"Ce n'est qu'après que j'ai appris que lorsque Jean-François Copé était arrivé à l'UMP, il avait pris la décision de faire entrer Bygmalion", a-t-il déclaré. Et de glisser encore: "Partout où est passé Jean-François Copé, il a pris Bygmalion".

Mais aux yeux des enquêteurs, ce dossier n'est plus seulement celui des factures Bygmalion mais de plus en plus celui des comptes de campagne, donnant aux investigations un tour de plus en plus préoccupant pour l'ex-président.

Les enquêteurs s'interrogent désormais sur une ligne "présidentielle" trouvée dans le budget 2012 de l'UMP, qui indique 13,5 millions d'euros de dépenses engagées, alors que trois millions d'euros seulement ont été communiqués dans le compte de campagne. Des factures de trains, de salles de meetings, d'édition et de distribution de tracts, de sondages.

Dans ce nouveau volet, cinq personnes ont été mises en examen en janvier dont l'ex-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert.

Fin juillet, Jean-François Copé a expliqué aux enquêteurs n'avoir "jamais" abordé avec Nicolas Sarkozy, durant la campagne, la question des finances ou des avertissements lancés par les experts-comptables. "Nous l'entendions souvent nous dire, lors des comités politiques, qu'il entendait multiplier les déplacements sur le terrain", a-t-il aussi dit aux policiers, comparant la campagne à un "TGV qu'on ne pouvait plus arrêter".

Les deux hommes n'auraient abordé l'affaire qu'une fois que le scandale a éclaté, "le 21 ou le 22 mai 2014 en tête à tête". "Je lui expose tout ce que je viens d'apprendre. Il m'indique pour sa part le découvrir également", a dit Jean-François Copé.

Quelques jours plus tard, Jean-François Copé est contraint de quitter la présidence de l'UMP "dans un climat de haine". Nicolas Sarkozy a qualifié de "farce" cette thèse d'un maquillage comptable.

Cadres de l'UMP, de Bygmalion ou de l'équipe de campagne, treize personnes ont été jusqu'à présent mises en examen.

 

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