David Drugeon : qui était ce Français d'Al-Qaïda tué en Syrie ?

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Maxime Macé
Publié le 07 novembre 2014 - 16:53
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David Drugeon, djihadiste français en Syrie.
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©Capture d'écran YouTube
David Drugeon aurait été tué jeudi 6 en Syrie.
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Si la mort de David Drugeon n'a pas encore été officialisée par les autorités françaises, le parcours de ce jeune Français parti faire le djihad en Syrie se précise.

Il était l'un des combattants d'Al-Qaïda en Syrie les plus recherchés. David Drugeon, présenté comme l'artificier du groupe Khorassan (groupe djihadistes syrien affilié à Al-Qaïda), aurait été tué lors d'un bombardement de l'aviation américaine jeudi 6, a annoncé le Pentagone. 

Le ministère français des Affaires étrangères n'a pas confirmé sa mort dans l'immédiat. "Nous sommes en contact étroit avec les autorités américaines", précise-t-on au quai d'Orsay ce vendredi 7.

Comment ce jeune Français de 24 ans, né à Vannes dans le Morbihan, a-t-il pu se retrouver à faire de le djihad (la guerre sainte) en Syrie? Selon son père, interrogé par France-2 à l'annonce du décès de son fils, "il était heureux, il aimait la forêt, il aimait faire à manger, il aimait les enfants".

Un adolescent joyeux et passionné par l'OM, qui bascule en 2002. David et son frère se convertissent à l'Islam à l'âge de 13 en se rapprochent de musulmans salafistes, qui se réunissent dans leur quartier.

De Vannes à la Syrie

En 2008, après avoir travaillé et économisé de l'argent, il prend la route de l'Egypte où il fréquente des écoles coraniques, approfondissant sa connaissance du Coran et de la langue arabe. Brièvement rentré en France, en 2010, il annonce repartir pour l'Egypte mais il prend en fait, comme bien d'autres volontaires internationaux, la voie du djihad, à destination des zones tribales pakistanaises (nord-ouest du pays).

Il y rencontre un Belge d'origine tunisienne, Moez Garsallaoui, vétéran du djihad, considéré comme un membre important d'Al-Qaïda en Europe puis dans la zone pakistano-afghane. David Drugeon y aurait notamment rencontré Mohammed Merah, l'auteur de la tuerie de Toulouse en mars 2012, selon l'Express. Il y apprend également le maniement des explosifs.

En 2002, David Drugeon décide de rejoindre la Syrie, nouvelle "terre de djihad", et s'installe dans la région d'Idlib (nord-ouest de la Syrie, près de la ville d'Alep), où il devient un des responsables de Khorassan, un groupe terroriste suspecté de préparer des attaques contre des pays occidentaux. C'est là, au sein d'un convoi de 4x4 pris pour cible par l'aviation américaine, que les missiles pourraient l'avoir rattrapé, selon des sources militaires américaines. 

Plus de 900 djihadistes français

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve déclarait au JDD le 14 septembre dernier que "930 ressortissants français ou étrangers résidant habituellement en France sont aujourd'hui impliqués dans le djihad en Syrie et en Irak". Selon lui, "350 sont sur place, dont 60 femmes. Environ 180 sont repartis de Syrie et 170 sont en transit vers la zone. Deux cent trente ont exprimé des velléités de départ. À ce total de 930 s'ajoutent 36 personnes décédées là-bas". On les retrouve dans les rangs de Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) ainsi que dans ceux du Front Al-Nosra et de Khorossan, deux émanations d'Al-Qaïda en Syrie.  

L'Assemblée nationale a renforcé lundi 3 novembre l'arsenal législatif pour lutter contre les filières djihadistes. Les députés ont voté la création d'une nouvelle incrimination: "l'entreprise individuelle à caractère terroriste". Ils ont également pris des mesures qui s'attaquent à la propagande sur Internet. Enfin, pour empêcher les départs en Syrie et en Irak, le projet de loi instaure une interdiction administrative de sortie du territoire, matérialisée par la confiscation de la carte d'identité et du passeport. 

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