Départs, accusations, manque d'argent : les Patriotes dans une mauvaise passe

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Par Anne RENAUT - Paris (AFP)
Publié le 11 juillet 2018 - 16:04
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Le président du parti "Les Patriotes", Florian Philippot, lors du lancement du parti à Arras le 18 février 2018
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© François LO PRESTI / AFP
Le président du parti "Les Patriotes", Florian Philippot, lors du lancement du parti à Arras le 18 février 2018
© François LO PRESTI / AFP

Départs, accusations, manque d'argent... Le jeune parti Les Patriotes, fondé par l'ancien numéro deux du FN Florian Philippot, est en butte à des difficultés à un an des élections européennes, un scrutin test autant que décisif pour l'avenir de la petite formation souverainiste.

Les européennes seront le "moment de vérité" des Patriotes, selon son président Florian Philippot. Crédité de 1% dans les derniers sondages, le parti remettra en jeu en mai le siège d'eurodéputé de M. Philippot ainsi que celui de Mireille d'Ornano.

Mais ce sera sans compter sur celui de Sophie Montel, qui a claqué la porte la semaine dernière du parti fondé à l'automne, dénonçant la "divine solitude" de son président et "l'aspect dysfonctionnel" du mouvement, victime des "mêmes dérives" que le Front national (devenu Rassemblement national début juin) qu'elle a, elle aussi, quitté après la présidentielle.

Un coup dur pour les Patriotes, où l'eurodéputée avait "une grande connaissance de la boutique frontiste et un enracinement local" d'élue en Franche-Comté, y enchaînant les mandats jusqu'à être élue en 2014 au Parlement européen, rappelle le politologue Jean-Yves Camus.

Florian Philippot affirme, lui, que Sophie Montel s'était "largement désinvestie ces derniers temps" du mouvement et "n'était plus une force motrice".

- Faux en écriture -

Sophie Montel accuse en outre son ancien ami de faux en écriture, qui faisait bénéficier son enveloppe parlementaire au parti Les Patriotes.

Un +pot commun+ d'enveloppes parlementaires des trois eurodéputés aurait servi à acheter - à son insu, selon Mme Montel - 1.200 sacs en toile, dont elle estime qu'ils ont été largement surfacturés.

Florian Philippot "conteste" formellement ces accusations.

Mme Montel n'avait pas apprécié non plus l'organisation d'une conférence de presse fin avril avec Geneviève de Fontenay, en vue du 1er mai. L'ex-présidente du concours des Miss France y avait entonné l'Internationale, avant d'annoncer le lendemain qu'elle n'apparaîtrait plus au côté de M. Philippot.

L'ancien vice-président du FN pourrait être par ailleurs rattrapé par l'affaire des emplois présumés fictifs d'assistants d'eurodéputés FN.

Un de ses anciens assistants, Mickaël Ehrminger, qui a travaillé trois mois en 2016 à mi-temps pour lui quand il était eurodéputé FN, a demandé à être entendu par l'Office européen de lutte anti-fraude.

Devenu début juin assistant de Sophie Montel, M. Ehrminger affirme avoir travaillé pour le FN à des heures où il était rémunéré sur des fonds européens.

- "Conflit permanent" -

Le cofondateur et ex vice-président des Patriotes, Maxime Thiébaut, parti lui aussi début juin pour des "raisons professionnelles", admet que ces accusations portent atteinte à "la belle image" du parti, qu'il défend toujours. Mais Florian Philippot "est libéré d'un poids, dit-il, car avec Sophie Montel, c'est le conflit permanent".

Reste l'argent, dont les Patriotes ont un besoin criant, ne bénéficiant d'aucune aide publique.

Fondé en septembre, le parti est financé par les cotisations de ses 8.000 adhérents, les dons et d'éventuelles reversions d'élus.

Le parti a lancé un appel aux dons fin juin, qu'il renouvellera à la rentrée, et espère dépasser les 3% de voix aux européennes pour être remboursé de ses frais de campagne.

Quant aux prêts bancaires, "je n'essaie même pas. J'essaie juste d'ouvrir un compte en banque", explique M. Philippot, qui soutient le projet du MoDem de banque (publique) de la démocratie.

"Conscient" des embûches, il reste "optimiste" et affirme être le "seul" à promouvoir le "Frexit", la sortie de la France de l'Union européenne.

L'UPR (Union populaire républicaine) de François Asselineau, créditée comme lui de 1%, défend le Frexit mais "n'a pas de programme sur tout le reste", cingle l'eurodéputé.

Quant à Debout la France, présidé par Nicolas Dupont-Aignan, qui entend mener sa barque seul porté par 6% d'intentions de voix, il est "sur un programme euro-réformiste", selon lui.

Le chef des Patriotes effectuera à la rentrée une tournée de dédicaces de son livre "Frexit. Union européenne, en sortir pour s'en sortir", en vente le 19 septembre.

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