Dérapage populiste : Mélenchon dénonce la mainmise de "l'Empire"

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 31 octobre 2018 - 11:44
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Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon au Parlement européen à Strasbourg, le 24 octobre 2018
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© FREDERICK FLORIN / AFP
Jean-Luc Mélenchon a de nouveau joué la carte du "peuple" contre les élites, mardi soir à Lille, pour lancer la campagne européenne de la FI.
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Jean-Luc Mélenchon a lancé la campagne européenne de la France insoumise, mardi soir à Lille. Un discours fort mais aussi aux accents populistes indéniables, notamment lorsque le tribun a (une nouvelle fois) vilipendé le "parti médiatique" et l'impérialisme américain. Mais aussi la mainmise de "l'Empire" sur "tous les pays du monde".

Les médias et les USA, encore et toujours. En meeting à Lille mardi 30 pour lancer la campagne France insoumise pour les élections européennes de mai prochain, Jean-Luc Mélenchon a tenu un discours offensif et tapé sur ses ennemis. Le "parti médiatique" et l'impérialisme américain, donc, mais aussi Emmanuel Macron, la justice, la finance et -quand même- l'extrême droite sont les cibles désignées. Le message est clair: "Ils n’arriveront pas à nous abattre", a martelé Mélenchon. "Nous allons régler nos comptes, avec des bulletins de vote".

Comme pour faire oublier les perquisitions houleuses et les affaires qui éclaboussent son parti (Alexis Corbière et ses travaux subventionnés, Sophia Chikirou en guerre contre Le Média), pour "refaire de la politique" comme le martèlent ses troupes, le leader Insoumis est repassé à l'offensive. Le tribun est de sortie avec un discours multipliant les envolées et déclenchant tour à tour rires, huées et applaudissements dans les rangs du gros millier d'Insoumis venus l'écouter et des milliers d'autres qui suivaient le meeting en direct notamment sur YouTube.

Jean-Luc Mélenchon cite Victor Hugo, disserte sur les grands thèmes de gauche que sont les inégalités, les luttes -notamment contre la finance- et y ajoute une vraie patte écolo. Il faut ainsi "enrayer la catastrophe écologique qui menace la planète tout entière", exige celui qui a fait sienne la cause environnementale bien avant toute une partie de la gauche.

Lire: Mélenchon exhorte les militants LFI à "un référendum anti-Macron" aux européennes

Mais Mélenchon a aussi (surtout?) joué la carte du "peuple" contre les élites. Un peuple "maltraité, humilié", dont il se fait le héraut. Son parti, la France insoumise, est lui-même victime de cette chasse aux sorcières menée par la "jonction entre le parti médiatique (et) le pouvoir judiciaire", affirme-t-il en référence aux perquisitions de mi-octobre.

Une "judiciarisation de la vie politique" qui frappe partout dans le monde selon Mélenchon. Au Brésil, l'extrême droite de Jair Bolsonaro aurait remporté les élections car "l’ennemi a frappé: les Etats-Unis d’Amérique" a-t-il lancé. "On a accusé Lula d’être corrompu (l'ex-président brésilien a été condamné en janvier à 12 ans de prison pour corruption, NDLR). Dans tous les pays, c’est la méthode qu’ils utilisent. La judiciarisation de la vie politique est la stratégie de l’Empire dans tous les pays du monde".

Dans le Nord, Jean-Luc Mélenchon a assumé cet accent populiste, voire complotiste, qu'il a fait sien de longue date maintenant. Impossible de ne pas penser aux mêmes attaques, déjà contre les médias et les USA, qu'il avait lancées par exemple lors de son passage à L'Emission politique, en novembre dernier. Ce mardi, il a ainsi eu cette sentence: "Le gouvernement d’extrême droite italien nous dégoûte. Mais quand il prétend appliquer son propre plan que les Italiens ont voulu en matière budgétaire, alors c’est lui qui a raison contre la Commission européenne. Si nous avions à nous prononcer entre la peste brune italienne et le choléra de la Commission européenne, en toutes circonstances la souveraineté du peuple est la règle majeure".

Une réaffirmation de propos analogues récents de Mélenchon et du député FI Ugo Bernalicis, qui avaient valu cette réponse de l'ex-premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis notamment: "Où sont les désaccords avec Marine Le Pen? (...) C'est la première fois qu'une organisation politique se réclamant peu ou prou de la gauche soutient un gouvernement d'extrême droite".

Un constat qui n'est fait écho avec ceux de François Hollande qui, lors d'une conférence à la Fondation Jean Jaurès en juin dernier, s'attaquait aux "populistes de gauche, de droite et du centre". Et s'interrogeait -faussement- à propos de Jean-Luc Mélenchon et de  la FI: "Sont-ils encore de gauche?".

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