En Corse, Manuel Valls refuse la coofficialité de la langue corse et le statut de résident
Très attendue, et malgré ces désaccords persistants, sa visite s'est déroulée dans une ambiance plutôt sereine, illustrée notamment par l'hommage unanime rendu à l'ex-Premier ministre Michel Rocard. Sa mémoire a été saluée à Ajaccio à l'Assemblée de Corse par une minute de silence, puis à la mairie de Bastia --devant laquelle Manuel Valls a été hué par une centaine d'opposants lors de son arrivée. Au Cap Corse, dernière étape d'une visite qui devait s'achever en début de soirée, Manuel Valls a déclaré vouloir retenir "l'état d'esprit" positif de son déplacement. "Nous avançons", a-t-il assuré à propos des dossiers corses.
S'il s'était rendu à plusieurs reprises dans l'île en tant que ministre de l'Intérieur, il s'agissait du premier déplacement de M. Valls, qui entretient des rapports parfois tendus avec le camp "natio", depuis qu'il est à Matignon. C'est aussi la première visite de très haut niveau - président ou Premier ministre - depuis la victoire des nationalistes aux élections régionales de décembre 2015.
Devant l'Assemblée de Corse, le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni et le président autonomiste du conseil exécutif Gilles Simeoni ont renouvelé les demandes qu'ils font depuis leur victoire en décembre --et notamment les plus emblématiques: statut de résident, co-officialité de la langue corse, amnistie des prisonniers "politiques". "Ces revendications sont pour nous essentielles. En nous élisant, les Corses nous ont donné mandat de défendre ces revendications, de les porter", a résumé M. Talamoni.
Mais sur les trois points les plus emblématiques, Manuel Valls a réitéré ses refus: "il y a des lignes rouges, vous le savez. L’affirmation de l’identité corse ne passera pas par l’exclusion, la co-officialité de la langue ou le statut de résident".
"La République a une seule langue officielle, le français, car elle est pratiquée par tous. Nous ne reviendrons pas bien sûr sur ce principe", même si elle "reconnaît, aussi, pleinement la langue corse, ciment de votre culture", a poursuivi le chef du gouvernement, dont le discours devant l'Assemblée de Corse a été peu applaudi. Mais s'il a globalement rejeté les demandes les plus poussées du camp nationaliste, il a aussi accordé quelques garanties.
La collectivité unique qui remplacera l'actuelle et les deux départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse entrera bien en vigueur au 1er janvier 2018 et sera dotée à Bastia d'une "chambre des territoires", demandée par de nombreux élus corses.
Sur la question de la langue, il a aussi annoncé la création d'une nouvelle agrégation de "langue et culture corses", et celle d'une vingtaine de postes dans l'académie, réaffirmant l'objectif d'une filière bilingue dans chaque établissement scolaire.
Enfin, concernant l'arrêté Miot, qui réduit l'impôt sur les successions en Corse, malgré la "contrainte constitutionnelle" du principe d'égalité entre les citoyens français, "j'ai la conviction qu’une voie juridique existe pour prolonger le régime dérogatoire spécifique", a dit M. Valls, qui était accompagné par la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, le ministre de l'Aménagement du territoire Jean-Michel Baylet, la ministre du Logement Emmanuelle Cosse et le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert. "Il y a eu des avancées techniques mais, au plan politique, le gouvernement n'a pas su donner la dimension attendue et espérée pour construire une véritable solution politique", a regretté après le discours de M. Valls Gilles Simeoni.
Même écho chez Jean-Guy Talamoni qui, tout en reconnaissant que "certaines questions (avaient) évolué favorablement" a déploré que "d'autres questions (n'aient) pas du tout évolué". "Le désaccord demeure ainsi total sur la question des prisonniers politiques et le chemin sera long pour arriver à un accord", a-t-il conclu.
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