François Hollande : "Je ne fais pas les choses pour continuer mais pour que les Français vivent mieux"

En déplacement en Asie, François Hollande s'est exprimé sur Europe-1 depuis la Chine ce mardi. Le président de la République est longuement revenu sur les enjeux de la COP21 mais aussi sur la situation en Syrie. Interrogé sur son quinquennat et ses projets pour 2017, il a préféré évoquer des ambitions à plus long terme pour la France.

Le succès de la COP21 est-il possible?

"Il est possible, il n'est pas certain. Ce que je voulais à travers cette visite, c'était mettre toutes les conditions de notre côté, c'est à dire du côté de la planète".

"La Chine est le premier émetteur de gaz à effet de serre, un grand pays émergeant qui entraîne d'autres pays derrière lui. Deux engagement ont été pris: d'abord que la Chine se mette au niveau dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Qu'elle prenne les mêmes obligations que nous. Ensuite que, tous les cinq ans, nous puissions revenir sur ces engagements pour limiter à 2 degrés le réchauffement de la planète (d'ici 2100, NDLR). Cela permettra de faire l'accord de Paris sur cette base-là".

"Les 2 degrés ne pourront être au rendez-vous que si, tous les cinq ans, le monde a rendez-vous avec lui-même. Ce n'est pas parce que la France et la Chine sont d'accord que le monde va être au rendez-vous".

"Il y a eu un échec en 2009 (lors de la conférence de Copenhague, NDLR). Tout le monde s'était donné rendez-vous et en 10 jours aucun accord n'a été trouvé. L'échec est toujours possible mais aujourd'hui je suis confiant car la Chine nous a soutenus, les Etats-Unis sont partie à l'accord, mais encore quelques points sont en suspens".

"Il faut mettre sur la table les financements. Cent milliards de dollars (par an à partir de 2020, NDLR) sont attendus par les pays les plus pauvres. On a 65 milliards sur la table et 20 milliards de promesses. Les pays les plus pauvres ne vont pas sacrifier leur croissance parce que nous avons prélevé pendant des décennies (sur la planète)".

"La France mettra cinq milliards sur la table à partir de 2020 et a mis en place un fond vert pour venir avant cela en aide aux pays les plus pauvres".

"Il faut demander des aides à chaque pays pour que les financements soient trouvés, pas que des fonds publics d'ailleurs. La prise de conscience des acteurs économiques est réelle, il faut envoyer des signaux. Il faut intégrer un prix du carbone qui n'est pas une taxe".

 

La circulation alternée

"Je pense que c'est un bon principe de dire que c'est aux élus, lors qu'ils sont avertis, de prendre cette décision. C'est ce qui s'est produit aujourd'hui".

 

Vladimir Poutine invité à Paris pour la COP21 malgré les tensions entre la France et la Russie

"Je lui ai adressé une invitation personnelle car il y a des différends sur certains sujets mais sur le climat nous sommes tous concernés, ça concerne l'humanité toute entière".

 

La COP21, un enjeu de son quinquennat, mais son succès n'est pas garanti

"La vie ne va pas sans risque. J'aurais pu considérer que les résultats ne seront pas connus avant 20 ou 30 ans".

"J'ai reçu les plus grands savants au début de mon mandat. Ils m'ont montré que nous aurons 5 degrés à la fin du siècle. Ce serait une catastrophe, des îles entières submergées, des désertifications, des réfugiés. La plupart des réfugiés sur les routes dans les pays du Sud ne le sont pas à cause des guerres mais du climat".

 

La situation en Syrie

"Il faut continuer le processus ouvert à Vienne. Il y a de grandes différences entre l'Iran, l'Arabie Saoudite, la Turquie, mais je considère que c'est un bon processeurs car tout le monde est autour de la table".

"Chaque fois que nous avons des informations sur des camps d'entraînement où se trouvent des terroristes ou des djihadistes qui peuvent menacer notre pays, nous frappons".

 

Si des élections libres pouvaient être organisées en Syrie, Bachar el-Assad pourrait-il être candidat?

"Ce serait avouer notre incapacité à trouver une solution. Il a été réélu avec une élection fictive en 2014, la Russie et l'Iran voulaient déjà nous entraîner dans cette voie qui a été une impasse avec plus de guerre".

 

Nicolas Sarkozy qui rencontre Angela Merkel et Vladimir Poutine

"Il est toujours souhaitable qu'il y ait des contacts internationaux avec des personnalités françaises. Mais à la condition que ce soit pour conforter la politique de la France, pas ma politique, la France, le rayonnement de la France".

 

Ses propos sur l'affaiblissement de l'Etat et de son autorité

"Je ne répondrai pas ici à Pékin justement car je m'applique des règles".

 

Des réformes pour le long terme

"Nous devons avoir l'exigence du temps long. Le seul risque serait d'agir dans le court terme. Si je me bats autant pour le climat, ce n'est pas pour avoir des dépêches ou un article le lendemain, c'est pour que les générations futures puissent se dire que celui qui a gouverné la France a pris ses responsabilités".

"Je prend des risques car si dans ma position je n'en prenais pas, je serais dans le calcul".

 

Selon les dernières prévisions, la courbe du chômage devrait s'inverser en 2016, ce qui lui permettrait d'être candidat en 2017

"Je ne fais pas les choses pour continuer mais pour que les Français vivent mieux. C'est ça ma responsabilité. Diriger la France ce n'est pas se diriger soi-même. C'est diriger le pays pour qu'il puisse avancer. A un moment il faut essayer de prendre des décisions en dehors de son propre intérêt".

"Le chemin que je propose, c'est qu'au terme de ces 5 années (...) j'aie pu donner (à la France) toutes les conditions pour qu'elle puise réussir. Le temps long c'est être capable de se dire: +je serais jugé sur ce que j'ai pu faire pour mon pays+".

"S'il y a un problème insupportable, c'est que les Français doivent avoir plus confiance en eux-mêmes car ils réussissent partout où ils sont les meilleurs, et ils sont souvent les meilleurs".

 

Le sentiment d'un double discours sur le diesel

"Nous avons voulu que sur le plan européen nous resserrions les contraintes. C'est ce que nous aurons à mettre en œuvre. En même temps je suis responsable d'une grande industrie automobile. Ce n'est pas parce que Volkswagen a manqué à sa parole qu'il faut mettre en cause les constructeurs français. En termes de réduction d'émissions de particules, nous sommes les meilleurs".

 

La polémique autour de sa visite très préparée chez une retraitée

"Cette rencontre, j'en remercie cette dame, était en dehors de la presse sauf une petite partie. Je vais continuer à rencontrer autant de compatriotes que je pourrai".

"Partout il y a des conditions, lorsque je viens chez vous il y a des conditions. Mais dès lors qu'il n'y a pas de caméra, de radio, il y a toujours une franchise. Je sais que, sur le contact direct, les Français peuvent me faire confiance".