"Gilets jaunes" : mobilisation en hausse en France, tensions en région

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 23 mars 2019 - 05:00
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Des policiers lors d'une manifestation des "gilets jaunes" sur les Champs-Elysees à Paris le 16 mars 2019
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© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP/Archives
Des policiers lors d'une manifestation des "gilets jaunes" sur les Champs-Elysees à Paris le 16 mars 2019
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP/Archives

La mobilisation des "gilets jaunes" s'est renforcée samedi en France lors d'un acte 19 marqué par des tensions en région et un défilé dans le calme à Paris, où les Champs-Elysées étaient interdits d'accès aux manifestants après les saccages de la semaine dernière.

"Aujourd'hui, l'ordre républicain a été maintenu", s'est félicité le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, sur la sellette depuis un acte 18 marqué par un net regain de violences.

L'acte 19 du mouvement de contestation sociale a rassemblé 40.500 personnes en France, dont 5.000 à Paris, contre 32.000 la semaine précédente, selon les chiffres du ministre, régulièrement contestés par les "gilets jaunes" qui ont eux dénombré 127.212 participants ce samedi.

Les scènes de violence de la semaine dernière n'ont pas eu lieu, mais des heurts ont éclaté dans plusieurs villes et plusieurs personnes ont été blessées, notamment à Nice où une militante septuagénaire a été grièvement touchée en tombant pendant une charge policière.

A Paris, découragés par un imposant quadrillage policier sur les Champs-Elysées, jalonnés de fourgons bleus, les "gilets jaunes" ont préféré défiler dans le calme entre la place Denfert-Rochereau (sud) et la basilique du Sacré-Coeur (nord).

"Ca aurait été de la provoc' d'aller sur les Champs, vu la répression qu'ils ont annoncée", a estimé Jean-Paul Tonson, fonctionnaire de 57 ans.

La situation s'est tendue en fin d'après-midi quand une partie du cortège a repris la direction du centre de la capitale. Les manifestants ont incendié des poubelles et vandalisé une devanture de banque, avant d'être dispersés à coup de lacrymogènes.

A quelques encablures de là, place de la République, un policier d'une compagnie d'intervention a fait un malaise cardiaque et été conduit à l'hôpital, dans un "état très sérieux" selon la préfecture.

Après avoir mené cette semaine une purge à la tête de la préfecture de police, l'exécutif avait promis la "fermeté" et annoncé le "renfort" de militaires, provoquant un tollé. "Nos consignes de fermeté ont été respectées", a estimé dans la soirée M. Castaner, indiquant que 233 personnes avaient été interpellées en France, dont 172 ont été placées en garde à vue.

"Je pensais que les gens allaient avoir peur de venir à cause des militaires, mais on est nombreux, ça ne s'essouffle pas", s'est félicité Alexandre, 38 ans, à l'arrivée du cortège parisien qui s'est déroulé sans heurts majeurs.

- "On est là!" -

La situation était nettement plus tendue en région, ont constaté les journalistes de l'AFP.

A Montpellier, qui n'avait pas été soumise à des restrictions de manifester, des échauffourées ont éclaté et se sont poursuivies jusqu'au soir après le départ d'un cortège rassemblant 4.500 personnes selon la préfecture.

Les forces de l'ordre ont fait des sommations puis procédé à des tirs nourris de grenades lacrymogènes, alors que des manifestants leur jetaient canettes et bouteilles de bière. 20 personnes ont été interpellées.

Des tensions étaient également palpables dans plusieurs villes où les manifestations avaient été interdites dans les lieux emblématiques et traditionnels points de rassemblement de "gilets jaunes".

A Nice, des heurts ont éclaté dans l'après-midi lorsque quelques centaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le périmètre interdit aux rassemblements, déclenchant des tirs nourris de gaz lacrymogène.

Au total 80 personnes ont été interpellées dans la ville où les présidents chinois et français sont attendus dimanche et lundi.

A Bordeaux, place forte du mouvement, des tensions se sont fait sentir en centre-ville, là aussi interdit de manifestation, avec l'arrivée de militants des "black blocs" en milieu d'après-midi.

A La Rochelle, la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui leur lançaient des projectiles aux abords du vieux port, interdit d'accès.

A Nantes, la manifestation s'est également tendue quand les gendarmes ont voulu faire reculer les manifestants qui refusaient d'obtempérer.

A Toulouse, au chant de "on est là même si Macron le veut pas", quelques milliers de "gilets jaunes" ont manifesté en début d'après-midi dans le centre-ville, tentant une brève incursion sur la place du Capitole qui était interdite aux manifestants.

"Il faut que le mouvement continue", dit Martine, une retraitée de 66 ans qui a participé à toutes les manifestations depuis le début du mouvement le 17 novembre. "Le fameux ascenseur social est en panne. On ne peut pas s'en sortir".

burs-jt/sb/spe

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