Plan grand froid : derrière les chiffres, le piège de la gestion "au thermomètre"

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La rédaction de France-Soir
Publié le 22 janvier 2019 - 18:43
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Un homme sans-abri dort le long d'un trottoir surplombant la Seine, à Paris, le 28 décembre 2017
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© Eric FEFERBERG / AFP/Archives
"Il y a des progrès, mais demeure toujours la grande question de la gestion au thermomètre de l'hébergement", explique la FAS.
© Eric FEFERBERG / AFP/Archives

Le plan grand froid a été déclenché mardi dans plusieurs départements, avec un nombre de places d'hébergement accru par rapport à l'hiver dernier. Une hausse que ne peuvent que saluer les associations d'aide aux sans-abris, qui rappellent cependant que les logements d'urgence ne sont qu'un aspect d'un problème plus vaste et moins mis en avant.

Le plan "grand froid" a été déclenché ce mardi 22 dans plusieurs départements ainsi qu'à Paris, après un hiver 2017-2018 marqué par la promesse non tenue d'Emmanuel Macron "Plus personne dans les rues à la fin de l'année", et la mise en lumière de l'ampleur de la tâche par la "Nuit de la solidarité" à Paris pour compter les personnes dormant dehors.

Suite à cela, de nombreuses annonces ont été faites au niveau national comme local. Fin novembre, le ministère de la Cohésion des territoires annonçait que "4.800 places hivernales étaient ouvertes, soit 1.800 de plus que l’hiver dernier, à la même période". Fin octobre, le ministre Julien de Normandie annonçait 14.000 nouvelles places d'urgences. Pour le lancement du plan grand froid à Paris, la mairie de Paris a précisé ce mardi: "en moins de 24h, ce sont 220 places supplémentaires d’hébergement d’urgence qui sont ouvertes dans la capital (venant) compléter les 2.500 places d’hébergement d’urgence ouvertes à Paris depuis le début de l’hiver et les 20.000 places ouvertes à l’année".

Voir: 14.000 places supplémentaires pour les sans-abri: une goutte d'eau?

Des chiffres qui peuvent laisser optimiste et traduisent une prise en compte du problème: "Il y a plus de places mobilisées que l'année dernière. Et le plan hiver a été plus anticipé par l'Etat cette année grâce à la mobilisation des associations", reconnaît la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) qui rassemble 800 associations gérant 80% des centres d'hébergement.

Mais si la gestion de l'urgence affiche des chiffres en nette augmentation, le problème de fond est toujours là. "Il y a des progrès, mais demeure toujours la grande question de la gestion au thermomètre de l'hébergement". Un point dénoncé chaque année par les différentes associations, pour l'absence de pérennité mais aussi pour les conditions d'hébergement. "Cette mobilisation suppose le recours à des solutions d’hébergement inadaptées comme les gymnases. Accueil collectif, absence d’intimité, présence de familles, remise à la rue potentielle le matin. Dès lors ça ne peut-être une solution pérenne en raison de l’absence d’un accompagnement adapté", explique la FAS.

Les différentes associations d'aide aux sans abris n'ont de cesse de répéter que la rue reste indigne, dangereuse, parfois mortelle même durant l'été. "La question de la continuité de l’hébergement est en partie entendue par les services de l'Etat. L'année dernière, 5.000 places ont été pérennisées sur les 11.000 qui avaient été ouvertes" juge la FAS, "mais cela reste insuffisant", conclut-elle.

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