Grève des fonctionnaires : les agents publics reprochent à Macron d'avoir menti sur leur pouvoir d'achat
La manifestation s'annonce conséquente, et l'appel à la grève a été relayé par l'ensemble des syndicats de la fonction publique (et même dans le privé pour certaines professions comme l'enseignement). Les fonctionnaires défilent cette après-midi dans environ 130 villes, et notamment à Paris, dans le cadre d'une grève visiblement suivie. Et pour cause: les motifs de mécontentement sont particulièrement sensibles. Dans le collimateur des mécontents: la hausse de la CSG, le gel du point d'indice et le retour du jour de carence.
Les agents publics en ont en effet "gros" sur le cœur avec la hausse de la CSG. Celle-ci augmentera de 1,7 point à partir du 1er janvier prochain. Or, les agents publics sont effectivement lésés par rapport au secteur privé. Et pour cause: les salariés du privé verront la hausse du prélèvement largement compensée par une baisse des cotisations sur leur salaire brut en deux temps en 2018. Conséquence: ils gagneront en pouvoir d'achat. Ce qui ne sera pas le cas des agents publics qui prendront connaissance la semaine prochaine du dispositif de compensation prévu à leur égard mais qui ne fera que "compenser" donc (dans le meilleur des cas…) la hausse de la CSG. L'argument de la baisse du pouvoir d'achat semble donc excessif (il n'est pas stricto sensu faux si le revenu n'augmente pas, du fait de l'inflation, mais sa valeur nominale ne baissera pas) car seuls les retraités gagnant plus de 1.376 euros par mois verront vraiment leur pouvoir d'achat baisser avec la réforme de la CSG.
La crispation des agents publics se focalise aussi sur le gel du point d'indice qui ne semble pas vouloir se débloquer après deux hausses en 2016 et 2017, il va rester identique en 2018. Il l'avait déjà été non-stop entre 2011 et 2015. En huit ans, le point d'indice n'a donc pas bougé à six reprises alors que depuis l'après-guerre, il n'avait été gelé que deux fois, en 1996 et en 2000.
Les fonctionnaires gardent surtout en travers de la gorge des mesures bloquant leur rémunération venant d'un exécutif qui avait promis à l'époque de la campagne électorale qu'il en serait autrement. "Vous pouvez compter sur mon engagement pour notre service public et notre Etat", assurait Emmanuel Macron dans une lettre promettant"plus de reconnaissance", "davantage de perspectives de carrière" et "une plus juste rémunération". "Vous paierez moins de cotisations et votre salaire net sera augmenté d’autant" promettait-il dans le même courrier. C'était dix jours avant le premier tour de l'élection présidentielle.
La seule promesse tenue par Emmanuel Macron vis-à-vis des fonctionnaires est donc bien celle qu'ils souhaitaient le moins: le rétablissement du jour de carence en cas d'absence pour maladie qui avait été supprimé en 2014. Les syndicats assurent que la mesure est "injuste" par rapport au privé (où la carence dure trois jours) où les mutuelles, voire l'employeur, prennent en charge le manque à gagner dans 80% des cas.
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