Islam en France : un rapport sénatorial pour "établir la transparence et lever les ambiguïtés"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 juillet 2016 - 09:41
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L'Etat ne doit pas organiser l'islam en France, qui relève de la responsabilité des musulmans, souligne un rapport sénatorial.
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L'Etat ne doit pas organiser l'islam en France, qui relève de la responsabilité des musulmans, souligne un rapport sénatorial préconisant une limitation de l'influence des pays d'origine, notamment dans la formation des imams, et une transparence des financements.

Les rapporteurs de la mission d'information sur l'organisation de l'islam en France, Nathalie Goulet (UDI, Orne) et André Reichardt (Les Républicains, Bas-Rhin), font des recommandations dans le respect, soulignent-ils, de la loi de séparation des cultes et de l'Etat.

"Si on veut être conforme à la loi de 1905, l'Etat peut encadrer, aider, accompagner, mais il ne doit pas prendre des initiatives", a expliqué à l'AFP la sénatrice de l'Orne. "Si c'est pour faire le concours Lépine des idées les plus crétines, on est tous capables de le faire", a ajouté la rapporteur, sans citer les initiatives qui ont fleuri à droite, comme la "concorde" de Gérald Darmanin ou le "code de la laïcité et des cultes" de Jean-François Copé.

Cette mission présidée par Corinne Féret (PS, Calvados) est plutôt critique sur l'action de l'Etat face à l'islam, dont les fidèles forment la première communauté musulmane d'Europe, estimée à plus de 4 millions de membres, faute de statistiques fiables. Le rapport, intitulé "de l'islam en France à un islam de France, établir la transparence et lever les ambiguïtés", préconise d'ailleurs une enquête de l'Insee tous les quatre ans pour "mieux connaître" cette population.

La pratique des "imams détachés" par des Etats étrangers - environ 300, qui souvent "maîtrisent mal le français" - illustre selon les rapporteurs "la +double sincérité+ du discours officiel sur la nécessité de limiter l'influence des pays d'origine quand, dans le même temps", on "passe des accords avec plusieurs d'entre eux" (Algérie et Maroc notamment).

"Il y a là une duplicité, pour ne pas dire une schizophrénie", a commenté auprès de l'AFP Nathalie Goulet, dont le rapport estime que "la formation à l'étranger ne peut être qu'une solution transitoire", étant "absolument insuffisante" du point de vue de la "contextualisation" des textes sacrés. C'est en France que l'enseignement doit avoir lieu, avec un "programme commun partagé entre les différents instituts de formation".

Pour les rapporteurs, l'ambiguïté de l'État "s'est à nouveau manifestée à travers les projets de relance" d'une "fondation des oeuvres de l'islam" censée recueillir des financements. Sa préfiguration a été confiée à un haut fonctionnaire alors qu'"il appartient à la communauté elle-même" de s'en saisir. La "totalité des financements en provenance de l'étranger" doit transiter par cette fondation, dit le rapport.-

La mission observe avec circonspection la perspective d'une "taxe halal", en relevant qu'elle n'est "envisageable que si elle est mise en place par les représentants du culte eux-mêmes comme une redevance privée pour services rendus". Elle demande de mettre un terme à l'"oligopole" sur cette filière de trois grandes mosquées (Paris, Evry, Lyon) au fonctionnement "opaque", et d'élargir le nombre de lieux habilités à délivrer des cartes de sacrificateurs.

Notant les critiques qui pèsent sur le Conseil français du culte musulman (CFCM), instance élue mais fragile voire "verrouillée", les rapporteurs "considèrent qu'il appartient aux communautés de s'organiser elles-mêmes dans le cadre de nouvelles modalités tenant davantage compte des exigences de représentativité". Car le rapport n'est pas plus tendre avec le CFCM qu'avec les pouvoirs publics sur des "défis", comme le recrutement et la formation des imams, à relever.

"Force est de constater que les instances représentatives actuellement constituées n'appréhendent pas ces questions et sont encore moins en mesure d'y apporter une solution", cingle la mission. Celle-ci relaie aussi des réserves à l'égard de l'"instance de dialogue", plus large mais dont les membres sont choisis par l'Etat, au risque de conforter "une vision idéalisée de l'islam français qu'il souhaite promouvoir".

Enfin pour la cinquantaine d'écoles et collèges-lycées musulmans, dont seulement cinq sont sous contrat, la mission recommande d'"augmenter la périodicité des contrôles", comme "pour l'ensemble des établissements confessionnels". Fruit de 115 auditions, le rapport a été adopté à l'unanimité moins une abstention, celle de David Rachline (FN).

 

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