Jean-Jacques Urvoas cible d'une plainte pour "détournement de bien public"

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 23 novembre 2017 - 14:57
Image
Jean-Jacques Urvoas à la sortie du conseil des ministres, le 15 mars 2017 à Paris
Crédits
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Jean-Jacques Urovas est accusé de "détournement de bien public" par une association anticorruption.
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Jean-Jacques Urovas, ancien ministre de la Justice et ancien député du Finistère, a récemment mis en location son ancienne permanence parlementaire parisienne. Une démarche qui lui vaut une plainte d'une association anticorruption. Le bien a en effet été acheté grâce aux avantages qu'offraient l'Assemblée nationale, sans que le député n'ait à mettre la main à la poche.

L'ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas est l'objet d'une plainte pour "détournement de bien public" déposée mercredi 22 par un membre de l'association anticorruption finistérienne Cicero 29. En cause, la mise en location à son profit de son appartement parisien, ancienne permanence qu'il a pu acheter grâce à l'argent public, en toute légalité selon l'ancien député du Finistère qui compterait contre-attaquer en justice.

En 2007, Jean-Jacques Urvoas, fraîchement élu député du Finistère, a décidé d'acheter un bien immobilier à Paris, sa circonscription se situant à plusieurs centaines de kilomètres de l'Assemblée nationale. Une pratique alors courante chez les députés, d'autant plus que leur statut était très avantageux.

Lire aussi: Transparence - ces députés qui achètent de l'immobilier avec leur indemnité de frais de mandat

Jean-Jacques Urvoas a ainsi pu emprunter 203.206 euros sur dix ans non à sa banque mais à l'Assemblée nationale, à un taux plus de deux fois inférieur au niveau de l'époque dans le privé.

Emprunt qu'il a ensuite remboursé grâce à ses frais de mandats, enveloppe décriée qui permet à un parlementaire de "faire face aux diverses dépenses liées à l’exercice de leur mandat qui ne sont pas directement prises en charge ou remboursées par l'Assemblée".

En d'autres termes, Jean-Jacques Urvoas n'a eu à puiser ni dans son salaire ni dans ses économies pour acheter ce bien. Il a profité des avantages qu'offrait l'Assemblée nationale à l'époque. Car la possibilité de contracter de tels prêts puis celle de les rembourser grâce aux frais de mandats ont été depuis supprimées, respectivement en 2010 et 2015.

Lire aussi: Frais de mandat et rémunération des parlementaires sur le grill à l'Assemblée

L'achat ne serait donc entaché d'aucune infraction, d'autant plus que le délai de prescription est écoulé. L'ancien ministre n'avait d'ailleurs pas fait mystère de l'utilisation de ses frais de mandat, l'affichant notamment sur son blog (lien vers celui-ci).

Mais c'est le fait qu'il puisse désormais, grâce à ces avantages et cet argent public, s'enrichir personnellement qui a provoqué l'ire de Cicero 29. Car après sa défaite aux dernières législatives, il a proposé de louer "ce spacieux appartement d'environ 126 m² à usage professionnel Idéalement situé au 1er étage d'un immeuble bien tenu avec ascenseur", selon l'annonce, à sa successeur (LREM) Annaïg Le Meur, puis l'a mis en location pour 1.750 euros par mois.

Lire aussi: Les principales mesures de la loi de moralisation de la vie publique

Un "enrichissement personnel" pour Jérôme Abbassene, auteur de la plainte. Cité par Franceinfo, il demande que Jean-Jacques Urvoas "rende l'argent à l'Assemblée nationale" et "retourne sa permanence à la communauté nationale".

L'ancien ministre a de son côté promis une "réponse" judiciaire, "certain que (sa) réputation ne peut être impunément bafouée". Il repproche notamment au plaignant d'avoir divulgué sur Twitter des documents concernant son divorce, démarche qu'il a qualifié d'atteinte à la vie privée.

À LIRE AUSSI

Image
Jean-Jacques Urvoas à Paris le 26 février 2017
"Ecoutes" présumées : Urvoas dénonce une "volonté de manipulation"
Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a estimé lundi que les commentaires sur de possibles écoutes de François Fillon ou de Marine Le Pen par l'exécutif releva...
27 mars 2017 - 14:24
Image
François de Rugy le 4 juillet 2017 à l'Assemblée nationale
Transparence, fonction de contrôle, proportionnelle : Rugy trace une feuille de route pour l'Assemblée
Transparence, procédure parlementaire plus rapide, fonction de contrôle des députés renforcée, dose de proportionnelle: le président de l'Assemblée nationale, François...
07 juillet 2017 - 14:53
Image
Députés en session, le 31 janvier 2017 à Paris
Indemnités, patrimoine et statut des députés : des avancées de la transparence
Intérêts, patrimoine, indemnités, statut: les députés élus le 18 juin seront soumis à un régime bien différent de celui connu en 2012, du fait de progrès dans la trans...
27 mai 2017 - 14:35

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.