La "guerre de civilisation" de Manuel Valls fait bondir les politiques
"Guerre de civilisation". Le terme employé ce dimanche par Manuel Valls sur Europe 1 pour évoquer la bataille contre l’extrémisme muslman a provoqué de nombreuses réactions agitées de la part des politiques. Alors que la droite savoure la "conversion à la lucidité" du Premier ministre, la gauche balance entre soutien et désaprobation. Les extrêmes, quant à eux, ne peuvent s'empêcher de faire référence à l'ancien président américain George W. Bush.
"Nous ne pouvons pas perdre cette guerre. C'est au fond une guerre de civilisation. La bataille se situe aussi au sein de l'Islam entre d'un côté un Islam aux valeurs universelles et un islamisme obscure et totalitaire qui veut imposer sa vision", a déclaré le Premier ministre ce matin au sujet des attentats survenus ces derniers jours et de la présence de l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Il avait pourtant précédement pris soin de nier l'existence d'une guerre contre l'occident, rappelant que "les premières victimes de Daech ce sont des minorités mais d'abord des musulmans".
"Après avoir insulté pendant des années Nicolas Sarkozy qui le disait, Valls reconnaît enfin que nous sommes dans une guerre de civilisation", s’est alors félicité sur Twitter le porte-parole des Républicains Sébastien Huyghe. Car, au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, l’ancien président avait estimé qu’il s’agissait "d'une guerre déclarée à la civilisation. La civilisation a une responsabilité de se défendre". Ces propos avaient déclenché une vague de polémiques au sein du parti socialiste.
"En parlant de guerre de civilisation le premier ministre se convertit à la lucidité, il faut maintenant qu'il se convertisse à l'action", a quant à lui twitté Éric Ciotti (LR).
Le maire de Nice Christian Estrosi (LR) estime pour sa part que "Manuel Valls se perd"."La guerre de civilisation, OUI, je l'ai déjà dit. Mais du Premier ministre nous attendons des actes, plus des mots", a écrit sur le réseau social celui a récemment créé la polémique en évoquant une "cinquième colonne de l'islamo-fascisme" à l'oeuvre en France.
Au centre, comme toujours, on est plus nuancé quant aux propos de Manuel Valls. "Ce n'est pas une guerre de civilisation, c'est une guerre de la barbarie contre la civilisation", a notamment déclaré François Bayrou (MoDem) sur TF1.
Les socialistes quant à eux hésitent entre soutien et désapprobation. "Manuel Valls a raison: les fanatiques de l'islam veulent la guerre de civilisations. Nous voulons la coexistence pacifique des civilisations", a plaidé Jean-Chirstophe Cambadélis, en solidarité avec le Premier ministre.
"Il n'y a pas de 'guerre de civilisation'. Je ne partage pas cette vision héritée de Georges W. Bush", a déclaré le député PS Pascal Cherki, classé à gauche du parti.
Cette comparaison avec l’ancien président américain a également été utilisée par Florian Filippot lui-même. "Parler de guerre de civilisations, c'est le discours bushiste qui a mené à la catastrophique guerre d'Irak", a lancé cette après-midi le vice-président du Front national sur France 3.
Evidemment, il n’a pas été la seule personnalité d’extrême droite à s’insurger contre les propos du Premier ministre."Valls reconnaît une "guerre de civilisation"! Pourrait-il avoir le courage de nommer les civilisations en guerre? A bas la lâcheté des mots!", s’est plus tard indigné le député Rassemblement Bleu Marine-FN Gilbert Collard sur Twitter.
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