La polémique s'envenime entre Manuel Valls et Emmanuel Todd, qui compare le Premier ministre à Pétain (VIDEOS)

La polémique se poursuit et s'envenime entre Manuel Valls et Emmanuel Todd. Après la réaction du Premier ministre au livre du sociologue de gauche sur les manifestations du 11 janvier, celui-ci a comparé vendredi matin le chef du gouvernement à Pétain.

"Nous avons un Premier ministre qui est optimiste. Le taux de chômage est à 10%, il augmente; l'islamophobie se répand; l'antisémitisme se répand: il trouve que la France va bien. Mais ce type, c'est juste insensé. Vous savez ce qui me vient à l'esprit? C'est lui qui m'a accusé, donc j'ai tous les droits en termes de réponse. Pour moi, l'optimisme de Manuel Valls, c'est l'optimisme de la révolution nationale et du maréchal Pétain. Lui aussi accusait les Français résistants d'être des Français +pas bien+", a déclaré Emmanuel Todd, invité de BFMTV.

Manuel Valls a réagi en fin de matinée en estimant qu'"il ne faut pas répondre à ce type de propos qui déshonorent leur auteur". A Emmanuel Todd qui affirmait que "soit Manuel Valls n'a pas lu le livre, soit il est vraiment bête, les deux ne s'excluent pas, d'ailleurs", le Premier ministre a répondu, interrogé par les journalistes de BFMTV en marge des commémorations du 8 mai: "J'ai lu le livre, c'est pour ça que je me suis exprimé hier (jeudi) dans Le Monde. C'était une manière de lui répondre. Pas seulement à lui mais à tous ceux qui, au fond, ont une forme de haine de soi et de la France. Je suis très lucide sur les difficultés du pays, sur les défis que nous avons à relever, je suis lucide sur les problèmes que traversent et que connaissent les Français –le chômage, le pouvoir d'achat, la peur aussi parfois de l'avenir– mais je sais que les atouts de mon pays sont suffisamment là pour, avec volontarisme –avec lucidité mais avec volontarisme– préparer l'avenir".

La polémique entre les deux hommes est née de la publication, par Emmanuel Todd, du livre Qui est Charlie? Sociologie d'une crise religieuse (Ed. Seuil), dans lequel il critique vivement les manifestations du 11 janvier consécutive aux attentats de Paris et y voit un "flash totalitaire" et des manifestations "xénophobes" et "égoïstes", et non pas un élan unanime de la population française. Les quatre millions de Français qui ont défilé dans le rue ce jour-là ne sont pas représentatifs de la société française, "beaucoup appartiennent à la classe moyenne, mais les jeunes de banlieue (dont beaucoup d'origine immigrée) et les classes ouvrières, eux, n'y étaient pas", affirme-t-il.

"Lorsqu’on se réunit à 4 millions pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu –et même un devoir!–, et lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société, on est parfaitement libre de penser qu’on est dans le bien, dans le droit, qu’on est un grand pays formidable. Mais ce n’est pas le cas. (…) Un simple coup d’œil à de tels niveaux de mobilisation évoque une pure et simple imposture", ajoutait-il dans une interview à L'Obs le 30 avril.

Manuel Valls a réagi au livre et à l'interview du sociologue-démographe en publiant jeudi 7 mai une tribune dans Le Monde, "en pointant, pour reprendre sa terminologie, quatre impostures": la première est de "vouloir faire croire que le 11 janvier était une attaque contre une religion, contre l'Islam"; la deuxième "tient à la définition de la liberté d'expression"; la troisième, "c'est cette théorisation d'une néo-République, concept pour le moins brumeux"; et la quatrième réside dans "la définition donnée de la gauche".

(Voir ci-dessous un extrait de l'interview d'Emmanuel Todd à BFMTV ce vendredi matin et la réponse de Manuel Valls):