La réforme des retraites va-t-elle provoquer une dissolution de l’Assemblée nationale ?

Auteur(s)
Lauriane Bernard, France-Soir
Publié le 15 mars 2023 - 17:25
Image
Crédits
AFP/Archives - Ludovic MARIN
Vue générale de l'Assemblée nationale, à Paris, le 16 février 2023
AFP/Archives - Ludovic MARIN

Bien que le gouvernement se défende de vouloir recourir à l’'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites ce jeudi, certains groupes parlementaires prépareraient en coulisses la rédaction d’une motion de censure au cas où Elisabeth Borne se laisserait tenter à la dernière minute. Si une partie des parlementaires se disent prêts à mettre en défaut l’exécutif sur le texte, le chef d’Etat a quant à lui laissé entendre qu’il était tout aussi déterminé à dissoudre l’Assemblée nationale dans un tel scénario.  

Ce mercredi 15 mars, la Commission mixte paritaire doit trancher sur une version définitive du projet de loi à présenter devant l’Assemblée nationale demain.   

Une motion de censure, et après la dissolution ?   

L'exécutif a besoin de 287 voix de députés pour instaurer la réforme des retraites, mais le compte risque de ne pas y être. Sur le plateau de BFM il y a quelques jours, le député Pierre Cordier, affilié LR, assurait que le gouvernement n’obtiendrait pas de majorité sur le vote prévu ce jeudi. Dans ce contexte, l'article 49 alinéa 3 permettrait au gouvernement de faire passer en force son projet de loi, sans le vote des parlementaires. A moins que l'Assemblée nationale ne soit prête à le renverser par le biais d’une motion de censure. 

A ce propos, le bruit court au Palais Bourbon que Charles de Courson, député centriste, serait en cours de rédaction d’une motion de censure transpartisane qui pourrait être déposée en cas d'activation du fameux « 49.3 ». Cette motion pourrait être votée à la fois par LFI et les autres députés de la NUPES, ceux du RN, des députés LIOT mais aussi par quelques LR proches de Laurent Wauquiez. Si toutefois un tel scénario survenait, l’exécutif promettait récemment de ne pas en rester là : en cas de chute du gouvernement, Emmanuel Macron avertissait en septembre dernier qu'il procéderait à une dissolution de l'Assemblée nationale, provoquant ainsi des élections législatives anticipées.  

C’est d’ailleurs l’hypothèse émise par The Telegraph le 20 février dernier. Le journal britannique laissait entendre que le président français, las de son absence de majorité dans l’hémicycle, jouerait "avec l'idée d’organiser des élections législatives anticipées". En effet, le Rassemblement National arriverait surement en tête d’un nouveau scrutin législatif. Emmanuel Macron pourrait alors préférer la démission à la cohabitation, et laisser sa place à Marine Le Pen… pour mieux revenir à l’occasion d’un 3e mandat.  

Le pari peut s’avérer risqué pour les députés LR  

À l’heure qu’il est, le projet de loi doit être voté demain à l’Assemblée nationale. En cas de recours à l’article 49.3, 58 signatures de parlementaires seraient nécessaires pour déposer la motion de censure tant espérée par l’opposition. Une partie de la Nupes et le RN assurent vouloir employer les grands moyens si le gouvernement joue la carte de l’engagement de sa responsabilité. Concernant les LR, au vu des sanctions promises par le chef du parti politique, le pari peut s’avérer risqué.  

Mathématiquement parlant, les Républicains auraient le pouvoir de faire pencher la balance. Néanmoins, Olivier Marleix, a d’ores et déjà prévenu en réunion de groupe hier : tout député qui cosignerait une motion de censure serait exclu du groupe Les Républicains. « Des députés LR ne peuvent pas s’allier à des députés écologistes et socialistes en pleine semaine où l’on discute un texte sur le nucléaire », se justifie-t-il en conférence de presse.    

Reste donc à compter les parlementaires LR prêts à être reniés par leur famille politique s’il fallait défier le gouvernement sur cette réforme.  

À LIRE AUSSI

Image
Macron agriculture
Un journal britannique annonce la fin d’Emmanuel Macron et moque ses envies présumées d'un troisième mandat
POLITIQUE - Lundi 20 février, le journal britannique The Telegraph publiait un article intitulé “Macron sait qu'il est fini. Il pourrait simplement choisir de démissio...
25 février 2023 - 17:30
Politique
Image
Monticule de déchets, lors de la grève des éboueurs à Paris, en mars 2023.
Les éboueurs de Paris expliquent les raisons de leur grève  : "On voit des collègues mourir avant la retraite"
REPORTAGE - Nous sommes allés à la rencontre des éboueurs de Paris, sur leur piquet de grève, devant l’incinérateur d’Ivry dans le XIIIe arrondissement. Alors que d...
14 mars 2023 - 19:07
Vidéos
Image
Nicolas Vidal
“La réforme des retraites est la mèche qui pourrait amener à l’explosion sociale” Nicolas Vidal
Dans cet “Entretien essentiel”, Nicolas Vidal, journaliste et fondateur de Putsch Media, revient à notre micro sur la réforme des retraites, qui entérine, selon lui, “...
05 février 2023 - 19:50
Vidéos

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.