Le déplacement chaotique de Marine Le Pen au Canada et à Saint-Pierre-et-Miquelon
Marine Le Pen achève ce vendredi 25 une visite au Canada et à Saint-Pierre-et-Miquelon, un déplacement marqué par plusieurs péripéties, en particulier l'indifférence des politiques canadiens à l'égard de la présidente du FN, malgré son "appel à la francophonie".
Mme Le Pen a quitté Saint-Pierre ce vendredi matin pour Montréal d'où elle regagnera l'Hexagone. C'est depuis la capitale québécoise, notamment, qu'elle a réagi à l'attentat ayant frappé Bruxelles mardi 22 (au moins 31 morts), demandant une nouvelle fois la fermeture des frontières.
La présidente du FN, qui omet rarement de mentionner l'Outre-mer, notamment dans ses réactions aux chiffres du chômage, a passé près de deux jours à Saint-Pierre-et-Miquelon, la dernière terre ultramarine qu'elle n'avait encore jamais visitée, dans une relative indifférence des élus et responsables syndicaux locaux.
"Je considère que l'Outre-mer est une incroyable richesse pour la France et j'ai toujours un peu le sentiment qu'elle est peu regardée, peu considérée". Et notamment Saint-Pierre-et-Miquelon, une "sentinelle dans l'Atlantique Nord" dont la France n'a "pas réalisé la position géostratégique majeure", a-t-elle déclaré.
La météo capricieuse a quelque peu modifié son programme. Ne pouvant décoller pour Miquelon-Langlade, elle a dû se contenter d'arpenter la commune de Saint-Pierre à bord d'un imposant bus jaune pour écoliers de type nord-américain. Mme Le Pen a ensuite été reçue à la chambre de commerce où elle a pu échanger avec quelques pêcheurs et une chef d'entreprise.
Les cinq jours de visite au Canada ont été plus mouvementés. Dimanche 20, quelques jeunes ont perturbé le début de sa conférence de presse à Montréal en déployant des banderoles pour vanter la "terre d'accueil" du Canada, qui a prévu d’accueillir sur son sol 25.000 réfugiés syriens. Mardi, le FN a dénoncé deux annulations successives de locations de salles dans des hôtels où elle devait rencontrer la presse, promettant cependant que leur présidente "ne cèdera(it) pas aux intimidations".
Marine Le Pen a également ironisé sur les "faux humanistes" du Canada, où devrait prochainement être abrogée la déchéance de nationalité alors que son extension est à l'étude en France. Elle a également dénoncé une classe politique canadienne vivant "dans le monde des bisounours", en particulier sur le radicalisme religieux, s'attirant des commentaires peu amènes dans la presse locale.
De fait, aucun de ces "bisounours", à commencer par les Premiers ministres canadien Justin Trudeau et québécois Philippe Couillard, n'ont souhaité la rencontrer, si ce n'est quatre personnes se réclamant du Parti Québécois (souverainiste) rapidement désavouées par leur président, Pierre Karl Péladeau, pour qui "l'histoire, la doctrine et les propositions" du FN sont "aux antipodes des valeurs" de son parti.
"Des gens ont cherché à me voir, des rendez-vous ont été fixés à leur demande et ils ont été annulés. C'est cela le terrorisme intellectuel", a également dénoncé la présidente du FN, accusant M. Trudeau d'avoir interdit une visite de l'entreprise Bombardier. Mme Le Pen est membre de la commission sur le commerce international du Parlement européen, dont une mission était en déplacement à Montréal et à Ottawa de lundi 21 à mercredi 23.
Reste son "appel de Québec", ou "appel de la francophonie", lancé dimanche et publié sur son blog. La présidente du FN y exhorte à "prendre conscience de l'envergure du monde francophone" fort de 450 millions d'habitants dans 33 pays et à "se libérer de l'alignement mondialiste", prônant notamment "le respect strict de la langue française dans les institutions internationales".
Elle souhaite, "sous l'impulsion des États, créer une Banque Francophone de Développement ou Fonds Francophone d'investissement (FFI)" qui serait une "institution multilatérale au service d'un développement coprofitable au sein du monde francophone". Un discours "qui fera date", selon son entourage.
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