Les urgences bientôt payées pour réorienter les patients ?

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La rédaction de France-Soir
Publié le 17 octobre 2018 - 18:04
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Couloir des urgences de l'hôpital de la Timone à Marseille, en 2017
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© BORIS HORVAT / AFP/Archives
Les services d'urgence pourraient percevoir une prime lorsqu'elle renvoie un patient vers un médecin de ville.
© BORIS HORVAT / AFP/Archives
Un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit de rémunérer les services d'urgences à chaque fois qu'ils renvoient un patient vers un médecin de ville. Une idée qui suscite de nombreuses critiques.

Les urgences seront-elles bientôt payées pour ne pas soigner? C'est une façon assez simpliste de résumer l'amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale adopté ce mercredi 17 en commission, mais elle résume les critiques et inquiétudes qu'il soulève.

L'objectif semble pragmatique. A l'heure où de nombreux services d'urgence sont totalement dépassés, l'idée est de limiter le nombre de patients pris en charge par les urgences alors que les soins pourraient être assurés par un médecin de ville dans un délai raisonnable.

Voir: Hôpital: près de 21 millions de passages aux urgences en 2016

Il ne s'agit donc pas de refuser les soins (ce qui est interdit par la loi) mais de réorienter les patients lorsque cela est possible. Le député de l'Isère Olivier Véran a donc proposé la mise en place d'un forfait de 20 à 60 euros qui seraient versés aux urgences pour chaque patient réorienté. Une somme qui aurait le double intérêt d'inciter les urgentistes à suivre cette démarche, et de compenser la perte de recettes que cela représenterait. Les services d'urgence touche en effet quelque 160 euros par patient pris en charge.

L'objectif est de réduire de 6 millions le nombre de passages aux urgences. Cela pourrait également permettre de "lutter contre la tendance à vouloir faire du chiffre" aux urgences selon le président de SAMU-Urgences de France cité par Le Monde.

Mais l'idée s'est déjà vu opposer plusieurs critiques, et pas seulement celle d'une prime au refus de soigner. Car les modalités de sa mise en place pose des questions. Si le patient doit être examiné par un médecin pour définir l'urgence de son cas, le gain de temps serait alors dérisoire. Il faudrait donc pour que le système soit efficace confier cette mission à des infirmiers, ce qui risque de faire débat.

Certains soulèvent également le fait que les médecins de ville sont également sinistrés et qu'ils n'obtiendraient pas de prime de prise en charge des patients. A noter que le patient qui refuserait la proposition de prise en charge par un médecin de ville devra bien être accueilli aux urgences.

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