Loi Travail : la gauche de la gauche peut-elle tirer parti de la contestation ?

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 juin 2016 - 13:31
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Jean-Luc Mélenchon.
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La gauche de la gauche rêve de surfer, à un an de l'élection présidentielle, sur la mobilisation contre la loi Travail mais reste confrontée à la concurrence entre ses principales figures.
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A un an de l'élection présidentielle, la gauche de la gauche aimerait tirer parti de la contestation populaire contre la loi Travail. Sauf que pour l'heure, seul Jean-Luc Mélenchon fait le plein.

Manifestations, blocages, Nuit debout: la gauche de la gauche rêve de surfer, à un an de l'élection présidentielle, sur la mobilisation contre la loi Travail mais reste confrontée à la concurrence entre ses principales figures.

"Aujourd'hui, il y a un mouvement social qui fait que les enjeux qui préoccupent les Français sont moins la sécurité, l'immigration, l'identité que le chômage, la précarité et cette fameuse loi travail", relève Manuel Cervera-Marzal, professeur de sciences politiques à l'université Paris Diderot.

Jean-Luc Mélenchon, porte-voix du Parti de gauche et candidat à l'élection de 2017, se félicite d'ailleurs sur son blog de ce changement de paradigme, après le débat sur la déchéance de nationalité qui avait monopolisé les premiers mois de l'année. "Des milliers de jeunes entrent dans l'action et la conscience politique par la porte du social et de la défense du code du travail", se réjouit-il. M. Cervera-Marzal évoque à ce titre un véritable "basculement" dans les préoccupations des Français à la faveur du bras de fer qui oppose syndicats et gouvernement sur la loi Travail depuis trois mois complets.

De fait, ces mobilisations ont provoqué une fracture de plus en plus nette de la gauche: entre les partisans d'une politique de l'offre social-libérale, matérialisée par la loi El Khomri, et une frange de la gauche hostile aux nouvelles orientations du gouvernement.

A la gauche du PS, Jean-Luc Mélenchon est le premier à tirer profit du climat social bouillant. "Une enquête menée auprès des jeunes place Mélenchon systématiquement devant Hollande", explique le politologue Eddy Fougier, chercheur associé à l'Iris (Institut de relation internationale et stratégique). Dans le dernier baromètre BVA publié samedi, il gagne 3 points, à 23% de bonnes opinions. "L'échec de la loi El Khomri serait une catastrophe pour le président, Valls devrait démissionner et cela pourrait constituer une ouverture pour Mélenchon", prédit le chercheur.

Court-circuitant une hypothétique primaire de la gauche, le député européen s'est lancé dès le mois de février dans la course à l'Elysée hors cadre des partis mais avec le soutien de militants chevronnés. "Mélenchon fait aujourd'hui le plein car c'est le seul candidat de la gauche radicale à s'être déclaré", rappelle Eddy Fougier.

Des personnalités d'extrême gauche ont également annoncé leur candidature comme Philippe Poutou du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) et Nathalie Arthaud de LO (Lutte Ouvrière) et espèrent, par leur participation à la mobilisation, tirer les marrons du feu.

Crédité d'environ 15% des voix au premier tour selon les sondeurs, Jean-Luc Mélenchon est "au dessus de son niveau de 2012", où il avait engrangé 11,1% des voix au premier tour mais en alliance avec le Parti communiste, rappelle Frédéric Dabi de l'Ifop.

Pour lui, "la gauche radicale semble avoir trouvé son leader, en l’occurrence Jean-Luc Mélenchon" dans un "climat en effet relativement porteur". "Mais attention à l'offre concurrentielle", prévient-il, alors que d'autres personnalités à gauche de Cécile Duflot à Arnaud Montebourg en passant par Pierre Laurent pourraient se porter candidat.

De fait, relève l'historien Jean Garrigues, "l'émiettement du mouvement, des idées et des objectifs" peut représenter un frein même si le "terreau" politique est selon lui fertile à l'émergence de forces de gauche de cette mobilisation multiforme qu'il compare à des "fragments insurrectionnels".

Selon lui par exemple, les "lacunes idéologiques et sociologiques" du mouvement Nuit Debout rendront une "articulation vers un projet politique précis" plus difficile, quand en Espagne, Podemos a fait suite au mouvement des Indignés.

"Je ne vois que deux scénarios possibles: accord ou coalition préélectorale entre toutes les organisations de gauche radicale ou bien l'émergence d'une figure nouvelle qui ferait consensus", explique pour sa part Manuel Cervera-Marzal, citant l'économiste Frédéric Lordon et le journaliste François Ruffin, les figures de proue du mouvement Nuit debout.

 

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