Loi Travail : la motion de censure des frondeurs échoue mais laisse des traces

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 mai 2016 - 22:38
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L'Assemblée nationale remplie.
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©Gonzalo Fuentes/Reuters
Il n'a manqué que deux signatures à la motion de censure des frondeurs pour pouvoir être déposée.
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Les députés frondeurs n'ont pas obtenu les 58 signatures nécessaires au dépôt d'une motion de censure, mais il s'en est fallu de peu. La loi Travail devrait donc être adopté malgré la motion LR et UDI, mais le geste des frondeurs creuse encore un peu plus les divisions au sein du PS.

Des députés socialistes frondeurs ont échoué de peu mercredi à bâtir une motion de censure contre le gouvernement avec des élus écologistes et Front de gauche opposés au projet de loi travail mais le PS apparaît plus fracturé que jamais.

Le projet de motion de censure "des gauches et des écologistes" a recueilli 56 signatures sur les 58 requises, selon le décompte annoncé au lendemain du déclenchement du 49-3 par Manuel Valls pour forcer l'adoption d'un texte jugé trop libéral par une portion de la majorité et contesté dans la rue.

A 16h35, expiration du délai de dépôt, "il ne nous a manqué que deux voix pour déposer notre motion de censure. Inimaginable il y a encore 24h", a aussitôt tweeté le socialiste Yann Galut. D'après l'ex-ministre écologiste, Cécile Duflot, "tout le monde était surpris, nous les premiers, de l'ampleur de la vague qui dit +maintenant, ça suffit+". Il s'agit d'un "coup de semonce", ont estimé des défenseurs de cette motion.

Alors que le président du groupe PS Bruno Le Roux avait appelé à ne pas franchir la "ligne rouge" en déposant ou en votant une motion de censure, quelque 30 socialistes figurent parmi les signataires, tels les ex-ministres Benoît Hamon, Aurélie Filippetti et Christian Paul et divers élus de l'aile gauche, mais pas des aubrystes comme Jean-Marc Germain ou François Lamy.

Pour autant, les contestataires socialistes ont confirmé qu'ils ne voteraient pas jeudi la motion de censure de droite, ce qui devrait finalement permettre au projet de loi El Khomri d'être adopté, sans vote, en première lecture.

Il faudrait les votes de 288 députés jeudi pour faire tomber le gouvernement Valls, ce qui paraît hors d'atteinte. La motion de gauche, initiée par le Front de gauche dont 10 membres l'ont signée, a été également paraphée par dix élus écologistes critiques de la ligne gouvernementale, qui ne voteront pas non plus la motion LR-UDI.

A l'inverse, les députés FG ont confirmé qu'ils soutiendraient la motion de doite, "seul outil restant pour obtenir le retrait du texte", selon leur président André Chassaigne. Cet élu communiste a vu dans le nombre de signataires du projet de motion "un coup de semonce pour le gouvernement", avec, "pour la première fois depuis 2012", une initiative commune des "gauches" contre "la dérive libérale du gouvernement".

Parmi les autres signataires de cette coalition inédite: Jean Lassalle, en retrait du MoDem, deux ex-chevènementistes apparentés PS, ou les ex-socialistes Pouria Amirshahi... mais aussi Thomas Thévenoud.

"Il aurait manqué deux signatures. Mais pour quelles chances d'aboutir? Strictement aucune. #enfumage", a twitté Pascal Popelin (PS). Peu avant l'échéance, une source parlementaire socialiste glissait que "ce serait mieux que les noms ne soient pas publiés, sinon certains risquent de s'en souvenir quand on discutera des investitures" aux législatives.

Chez les frondeurs, "on est dans l'esquive permanente. On ne soutient pas le gouvernement, mais on ne construit pas autre chose", avait critiqué par avance le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement. "Rester au Parti socialiste: je ne comprends pas comment on peut être à ce point-là dans l'incohérence", avait ajouté Jean-Marie Le Guen.

Tout en lâchant qu'il s'est passé "quelque chose de grave", le chef de file des députés PS et proche de François Hollande a refusé à ce stade de se prononcer sur des sanctions, arguant vouloir se concentrer sur le débat jeudi à partir de 16h de la motion de droite. "C'est à eux de sortir" et "ils ne le font pas, c'est un manque de courage patent et de responsabilité", a dénoncé un porte-parole du groupe PS, Hugues Fourage, proche du Premier ministre.

Les pressions étaient allées crescendo depuis l'engagement de responsabilité du gouvernement pour dissuader les contestataires PS de signer une motion de censure de gauche, et surtout de voter la motion LR-UDI.

"Etre frondeur et additionner ses voies à la droite, c'est pas juste être frondeur, c'est être un député de droite", a lancé Myriam El Khomri au sortir du Conseil des ministres, récusant au passage une "loi de régression pour les salariés".

"On va essayer de convaincre encore d'autres députés de gauche de nous rejoindre pour redéposer une motion de censure lors de la 2e lecture", a avancé Pascal Cherki (PS).

 

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